Angela Merkel jette l’éponge
En déclarant qu’elle ne serait pas candidate à sa propre succession à la tête de la CDU lors du congrès du parti au mois de décembre, Angela Merkel entame son retrait – par petit pas.
(KL) – Elle ne pouvait pas faire semblant que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Après le deuxième revers électoral en deux semaines (élections régionales en Bavière et en Hesse), la grogne dans son parti ne pouvait plus être ignorée. La dégringolade électorale en Bavière et en Hesse lui avait été attribuée personnellement ; et une chose semble désormais claire : l’ère Angela Merkel est finie. Tragique pour elle : c’est la seule décision politique en trois mandatures qui lui aura politiquement brisé le cou.
L’histoire ne demande pas si c’est juste ou pas – c’est sa décision du mois d’août 2015, à savoir d’accueillir des réfugiés syriens qui se trouvaient en détresse dans le no man’s land entre l’Autriche et l’Allemagne qui lui aura coûté sa carrière politique. La « Willkommenskultur » prônée par la fille d’un pasteur de l’Uckermark, dans l’est de l’Allemagne, avait été transformée par l’extrême-droite en mouvement xénophobe et extrémiste. Mais avant que la chancelière et la CDU suivent les traces du SPD sur le chemin du néant politique, Angela Merkel a déclaré hier de ne plus être candidate au poste du chef de la CDU au mois de décembre.
Cette annonce est tout sauf anodine, car Angela Merkel s’est toujours fait fort de faire du chef du parti également le prochain candidat à la chancellerie : il faut donc prendre ce retrait comme le premier pas des adieux de la chancelière de la politique.
Dans les starting blocks : la grande favorite Annegret Kramp-Karrenbauer, secrétaire générale de la CDU et ancienne ministre-présidente de la Sarre (où elle avait fait un excellent travail reconnu autant par ses amis et ses adversaires politiques), le ministre de la santé Jens Spahn (qui manque autant de charisme que d’expérience et qui s’est déjà fait remarquer par des prises de position ultra-droites) et Armin Laschet, le ministre-président de la Rhénanie du Nord-Westphalie (un brave type au charisme d’expert-comptable). D’ici le mois de décembre, d’autres candidats vont se déclarer, séduits par la possibilité non seulement de prendre la tête du parti, mais aussi de glaner en même temps une investiture pour les prochaines élections législatives en Allemagne (qui pourraient arriver plus tôt qu’on ne le pense…).
Angela Merkel devait réagir – son parti se trouve en chute libre et elle ne pouvait pas rester les bras croisés pendant que les Verts et l’AfD se partagent la mise. A un moment où en Hesse, le ministre-président sortant Volker Bouffier (CDU) ne peut se maintenir au pouvoir que grâce au soutien des Verts, Angela Merkel ne pouvait plus faire semblant de rien.
Comme dans d’autres pays européens, les partis traditionnels sont en train de disparaître et de laisser la place à d’autres formations politiques. Après des décennies de l’éternelle alternance « droite-gauche », les électeurs et électrices sont fatigués des discours habituels ; ils veulent que la politique se mette à donner des réponses aux défis de notre époque.
Au mois de décembre, la CDU va donc choisir un nouveau chef ; et ce chef a de fortes chances d’être aussi le prochain candidat à la succession d’Angela Merkel à la tête du gouvernement. Est-ce que la chancelière ira jusqu’au bout de son mandat ? Rien n’est plus incertain pour le moment…
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