Après la grève est avant la grève

A partir de mercredi, les conducteurs de trains allemands se mettent à nouveau en grève. Cette fois pour 5 jours, jusqu'à lundi prochain. Voyager en train en Allemagne devient une loterie...

A partir de mercredi, les quai de gare en Allemagne seront à nouveau désertés - jusqu'à lundi. Foto: AnRo0002 / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Le syndicat allemand des conducteurs des trains (GDL) reprend son mouvement de grève, comme annoncé avant Noël. La nouvelle proposition de la Deutsche Bahn en vue d’une nouvelle convention collective, a été rejetée par le GDL. Pendant cette nouvelle grève, la Deutsche Bahn essayera d’assurer un service minimum, et il convient de se renseigner sur ce service minimum avant de partir en train en Allemagne.

Si les deux parties, GDL et Deutsche Bahn, ne sont pas très éloignées en ce qui concerne les augmentations et « primes inflation », c’est la réduction du temps de travail qui sépare les deux. Dans sa dernière proposition, la Deutsche Bahn propose une réduction du temps de travail hebdomadaire de 38 à 37 heures, en proposant à ceux qui ne veulent pas profiter de cette réduction, 2,7% de salaire supplémentaires. Mais cela ne suffit pas au GDL qui demande une réduction généralisée à 35 heures hebdomadaires sans réduction salariale.

Pour le reste, la proposition de la Deutsche Bahn prévoit une augmentation salariale de 4,8% à partir du mois d’août et encore de 5% à partir d’Avril 2025. La « prime inflation » de 3000 € semble actée des deux côtés, mais la question de la réduction du temps de travail constitue un obstacle pour l’instant insurmontable.

La Deutsche Bahn, elle, fait valoir qu’elle souffre déjà d’une pénurie de main d’œuvre qualifiée et estime ne pas être en mesure de pouvoir embaucher un nombre suffisant de salariés pour pouvoir assurer un service dont la qualité laisse déjà à désirer depuis des années. Déficitaire, la Deutsche Bahn se trouve également devant une montagne d’investissements pour assainir son réseau – on estime le coût de cet assainissement à 47 milliards d’euros d’ici 2027. Donc, il ne s’agit pas de « partager le gâteau » des bénéfices réalisés, mais pour satisfaire les exigences du GDL, la Deutsche Bahn (qui appartient à l’état) devrait s’endetter davantage. Comprendre : ce seront les contribuables qui devront payer pour les postulats des conducteurs de trains.

Une nouvelle fois, ce bras-de-fer social sera mené sur le dos des usagers des trains, autant en ce qui concerne les transports en commun régionaux que les grandes lignes et ce, dès mercredi matin à 2h.

Bien entendu, la grève est l’instrument des syndicats dans le cadre de conflits sociaux et il s’agit d’un instrument puissant. Mais est-ce que le GDL abuse une nouvelle fois de sa position de force ? Est-ce raisonnable de presser la Deutsche Bahn comme un citron avec des exigences que cette entreprise déficitaire ne sera pas en mesure de satisfaire ? Dans ce contexte, il était plus que malheureux que les membres du directoire de la Deutsche Bahn s’étaient accordés en fin de l’année, des « primes » extravagantes, malgré le déficit d’un milliard d’euros en 2023.

Quoi qu’il en soit, prendre le train en Allemagne devient de plus un plus une loterie. Lorsqu’il n’y a pas de grève, la ponctualité des trains stagne à environ 66%, ce qui veut dire qu’un train sur trois n’est pas ponctuel, soit il y a grève et les trains ne roulent pas du tout. Ajoutez à cela les manifestations et « opérations escargot » des agriculteurs, et force est de constater que voyager en Allemagne n’est pas indiqué ces temps-ci.

Et tout cela n’est pas fini – le GDL a déjà annoncé que s’il n’obtenait pas gain de cause, il allait réitérer ces grèves « de manière illimitée ». Tout cela promet…

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