Avortement – la France assure les droits des femmes

La France est le premier pays à ancrer le droit à l'avortement dans sa Constitution. Le Vatican critique le « droit à la destruction de la vie humaine ».

Aujourd'hui, dans d'autres pays, les femmes envient les Françaises. Foto: Lorie Shaull from St. Paul, United States / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Il est rare que l’Assemblée Nationale et le Sénat arrivent à surmonter les clivages partisans, mais hier, c’était l’un de ces rares jours. A Versailles, les députés et sénateurs votaient ensemble sur l’inscription de la « liberté de l’avortement » dans la Constitution, une inscription votée à 780 contre 72 voix.

« La France se trouve à la pointe du progrès », s’est réjoui la Présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet et elle a raison. Pendant que des pays comme les Etats-Unis réduisent l’accès des femmes à l’avortement, la France a pris la mesure qui s’imposait avant que l’extrême-droite ne prenne le pouvoir dans peu de temps. Avec cette inscription dans la Constitution, tout parti politique souhaitant revenir sur ce droit, devra trouver une majorité de 3/5 des députés et des sénateurs, chose qui semble fort difficile.

Plus de 80% des Français sont favorables à cette inscription dans la Constitution, même si elle est surtout symbolique, puisque le droit à l’avortement n’est pas menacé en France. Mais force est de constater que des médecins pratiquant l’avortement, se trouvent souvent sous pression et il fallait donc réagir avant qu’un gouvernement extrémiste n’arrive au pouvoir en France. Mais si le droit à l’avortement n’est pas menacé aujourd’hui, qu’en sera-t-il demain ? Ou après-demain ?

Si le texte parle de la « liberté d’avorter » et non pas du « droit à l’avortement », cela ne fait pas de différence. La France a choisi une autre voie que celle des Etats-Unis ou de certains pays de l’est de l’Europe où ce ne sont pas les femmes qui décident de leur corps, mais de vieux hommes qui durcissent les lois selon leurs croyances. En France, et ceci est désormais inscrit dans la Constitution, ce sont les femmes qui décident et décideront de leur sort.

Evidemment, cette inscription dans la Constitution ne constitue en aucun cas une « invitation » à l’avortement, mais au contraire, il permet aussi à l’avenir aux femmes en détresse d’avorter, une décision toujours difficile à prendre, mais qui ne sera pas rendue encore plus compliquée comme au Texas, où les femmes qui ont décidé d’avorter, doivent se rendre dans d’autres états pour pouvoir le faire.

Nous vivons en l’an de grâce 2024 et il est aujourd’hui inconcevable que le législateur décide à la place des femmes pour une question aussi personnelle et concernant en tout premier lieu les femmes concernées. Le fait qu’ailleurs, certains états veulent mettre les femmes sous tutelle en décidant à leur place, n’est pas un bon signe. La France a assuré une position légale stable et claire pour les Françaises, sans que qui que ce soit ne puisse revenir là-dessus.

Le Vatican, lui, vient de louper encore une fois son arrivée au XXIe siècle en déclarant, par la voix de l’Académie Papale pour la Vie, « qu’à l’époque des Droits de l’Homme universels, il ne peut pas y avoir un ‘droit’ à la destruction de la vie humaine ». Mais qualifier les femmes qui avortent « d’assassines », cela fait très années 60 et sous-entend que les femmes se fassent avorter « à la légère ». Pendant que de nombreux pays applaudissent l’attitude française, le Vatican ne trouve rien de mieux que de diffamer les femmes concernées.

En tout cas, il y a de fortes chances que d’autres pays suivent l’exemple de la France dans cette question, histoire d’assurer les droits des femmes dans le temps. A quelques jours de la Journée Internationale des Droits des Femmes, même le timing de ce vote était bien choisi. Et aucune Française ne doit désormais craindre qu’un changement de gouvernement puisse mettre en danger ses droits les plus fondamentaux.

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