Ce clivage qui sépare les citoyens et les politiques

Un sondage réalisé par l’Institut TNS pour le compte du DER SPIEGEL, confirme ce que tout le monde a déjà senti – les citoyens se sentent incompris par les politiques.

La confiance existe bel et bien sur les fleuves européens, mais plus entre les citoyens et leurs élus - il est temps que le monde politique réagisse. Foto: ardfern / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le monde politique n’a plus grande chose à voir avec le monde citoyen – pour faire ce constat, il suffit de regarder le taux d’abstention dans le pays occidentaux. Que ce soit en France ou en Allemagne, beaucoup de ceux qui pourraient influencer le processus politique, ont décroché. La politique est vécue comme quelque chose qui n’a plus de rapport avec les soucis que préoccupent les électeurs. Lors d’un sondage mené par l’Institut TNS pour le DER SPIEGEL, l’image de la «Tour d’Ivoire» est clairement apparue. A croire que les hommes et les femmes politique évoluent dans un monde différent du notre.

80% des sondés estiment que les responsables politiques ne font pas assez pour se tenir au courant des vraies préoccupations ou centres d’intérêts des citoyens. Ceux qui décident, par exemple, des minima sociaux ne peuvent pas s’imaginer comment on vit avec le RMI en France ou le «Hartz 4» en Allemagne. Et lorsque les gens regardent le Journal Télévisé, combien de fois pensent-ils «ben, s’ils ont le temps de s’occuper de ceci ou de cela, la situation ne peut pas être si grave que ça. Mais comment je fais, moi, pour payer ma facture d’électricité ?».

Ce clivage ressenti par les Allemands (et sans doute par les citoyens dans de nombreux autres pays…), serait avant tout, un problème d’attitude. Les élus vivent dans les salons feutrés, voyagent en première classe, dînent dans des restaurants étoilés et ne savent plus comment la vie se passe en bas de l’échelle sociale. Si les élus le voulaient, pensent les Allemands, ils pourraient très bien se tenir informés – mais le dialogue entre le pouvoir et le peuple a toujours été difficile.

Ainsi, le «dialogue avec la société civile» lancé par le gouvernement allemand, ne sert par à grande chose, comme l’a commenté la vice-présidente du Bundestag, Petra Pau des Die Linke, «cela ne sert à rien d’organiser des ‘manifestations de bien-être’». Car la distance qui sépare les élus de leurs électeurs se manifeste même dans la tentative du rapprochement – soit, les gens font des proposition sur Internet, sans qu’un suivi quelconque n’aurait lieu, soit les élus rencontrent des citoyens sélectionnés, donc bien pensants qui eux, par politiesse et timidité, ne disent que rarement leurs griefs aux responsables.

62% des Allemands estiment que «le vrai souverain de la politique soit le peuple», comme cela devrait être le cas dans une démocratie. Les élus devraient en tenir compte pour ne pas courir le risque de se rendre obsolètes. Comme c’était le cas de la totalité des systèmes politique et de société depuis les débuts des temps juqu’à aujourd’hui. Le pouvoir conféré par l’homme peut également être retiré par l’homme – les pays de l’Europe de l’Est et Centrale vivent ce renversement depuis plus de 30 ans.

La politique doit changer. Car 62% des citoyens qui ne se reconnaissent plus dans la politique, cela est alarmant. Une aubaine pour toutes les forces extrémistes qui n’hésitent pas de promettre monts et merveilles – si pour 62%, le système est en faillite, pourquoi ne pas tenter l’expérience ce ceux qui promettent que tout va changer pour le mieux ?

Un vrai dialogue structuré, non pas avec la minuscule frange de la population avec laquelle on daigne communiquer, mais un dialogue ouvert débouchant sur une participation citoyenne digne de ce nom – voilà le seul chemin qui pourrait aboutir. Ce ne sont pas les citoyens qui auraint abandonné les politiques, ce sont les politiques qui ont abandonné les citoyens. A terme, seules les formations politiques capables d’intégrer cet ordre d’idée dans leur organisation et dans la politique qu’elles mènent, auront une chance de survie politique. Les autres sont sérieusement menacées d’une disparition comparable à celle des dinosaurs.

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