Ce week-end : le Vinci « Greenwashing »

Le chantier du GCO (Grand Contournement Ouest) de Strasbourg est terminé, mais avant la mise en œuvre, le maître d’ouvrage Vinci s’exerce à un « Greenwashing » gênant.

Viaduc du GCO près de Kolbsheim. Protection de la nature ou gain d'argent pour les actionnaires de Vinci ? La réponse est sur l'asphalte... Foto: Laurent Jerry / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le week-end s’annonce gris et froid en Alsace. Mais pas pour Vinci, le géant des travaux publics. Car ce week-end, les habitants de la région sont invités par Vinci à découvrir cette nouvelle autoroute ayant tout aplati sur son passage et cette découverte se fera à vélo, roller ou trottinette. Sympa, non ? Avec ce week-end « Greenwashing », Vinci tente de gagner un peu de temps. Car pour l’instant, le Tribunal Administratif n’a pas encore donné son feu vert pour l’inauguration de cette autoroute qui fera en sorte à ce que désormais, les bouchons soient décalés de l’autoroute A35 au GCO, polluant les paysages du Kochersberg. Il est intéressant de regarder de plus près les plans de Vinci qui cherche à monopoliser l’axe routier nord-sud principal d’Europe.

La région à l’ouest de la métropole européenne sera désormais marquée par cette bande d’asphalte que Vinci nous présente comme un progrès dans les domaines de la mobilité et de la protection de la qualité d’air dans la ville de Strasbourg et ses environs. Pourtant, les opposants à ce projet pharaonique font valoir que la circulation sur l’autoroute urbaine ne sera que très peu délestée et que la qualité d’air ne s’en trouvera en rien améliorée. Fallait-il vraiment dépenser des centaines de millions d’euros pour ce projet et détruire une grande partie d’une nature intacte à l’ouest de Strasbourg ?

Pour Vinci, la réponse est clairement « Oui ». Car Vinci ne cherche pas à permettre aux automobilistes de contourner la ville de Strasbourg de manière aisée, le groupe a un tout autre objectif : contrôler tout le trafic routier sur l’axe nord-sud le plus important, reliant l’Europe du Nord et l’Europe Centrale à l’Europe du Sud et la région méditerranéenne. Pour ce faire, il ne fallait pas seulement réaliser, coûte que coûte, le GCO, mais également prendre le contrôle de l’autoroute A5 en Allemagne. Et c’est chose faite.

Le tronçon de l’A5 allemande entre Malsch (au sud de Karlsruhe) et Offenburg fait l’objet d’une concession de 30 ans, prise par la société « Via Solutions Südwest » qui investit environ 350 millions d’euros dans l’aménagement de ce tronçon. En 30 ans, « Via Solutions Südwest » espère réaliser un chiffre d’affaires de 850 millions d’euros par les droits de péage. Actionnaire principal de « Via Solutions Südwest » n’est autre que « Vinci Concessions » qui détient 54% du capital de « Via Solutions Südwest ».

Dès que le chantier de l’A5 sera terminé, les camions de plus de 12 tonnes devront payer un droit de péage et c’est là qu’intervient le GCO. Pour éviter que les camions qui empruntent cet axe ne passent par l’Alsace, il fallait créer un goulot d’étranglement à hauteur de Strasbourg qui empêche les camions de changer de rive du Rhin. En contrôlant l’axe nord-sud, autant du côté alsacien que du côté badois, plus aucun camion ne peut relier le nord et le sud de l’Europe sans passer par une caisse estampillée « Vinci ». Ainsi, un groupe privé prendra le contrôle des flux routiers entre le nord et le sud de l’Europe et ceci est l’illustration d’un capitalisme écocide décomplexé.

Evidemment, Vinci aimerait bien que les habitants de la région s’approprient ce GCO que l’on ne peut pas considérer sans tenir compte de ce qu’il se passe de l’autre côté du Rhin. Le GCO, comme le tronçon Malsch-Offenburg sur l’A5 allemande, sont les symboles de l’avidité des groupes économiques qui se fichent autant de l’environnement que des besoins des citoyens et citoyennes. Mais est-ce vraiment nécessaire que les citoyens et citoyennes « adoubent » cet ouvrage de la honte par un week-end sympa avec des moyens de locomotion écologiques ?

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste