Coronavirus : est-ce qu’on nous dit tout ?

Le coronavirus 2019-nCoV est en train de se propager non seulement en Chine, mais dans le monde entier. Les mesures prises oscillent entre négligence et panique.

La situation ce week-end, sur la base de données de l'OMS - en rouge, infections confirmées, en bleu, infections suspectées. Foto: Pharexia / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – L’image du ballet de grues à Wuhan a fait le tour du monde. En une dizaine de jours, la ville entend y construire un hôpital pour accueillir les personnes infectées par le virus 2019-nCoV – une performance que seuls les Chinois seraient en capacité de réaliser. Mais comment est-ce que ce chantier cadre avec la déclaration du maire de Wuhan, Zhou Xianwang, qui estime qu’en dehors des environ 2000 cas d’infection officiellement relatés, il pourrait y avoir « encore 1000 nouveaux cas » – comprendre : avant que cette épidémie ne soit endiguée ?

Contrairement au virus SARS en 2003, le virus 2019-nCoV peut se propager également par des porteurs infectés qui ne présentent pas encore les symptômes de la maladie, ce qui le rend particulièrement difficile à évaluer. Considérant que le virus a déjà atteint d’autres continents, comme les Etats-Unis, toute l’Asie et aussi l’Europe, il faut partir du principe que ce virus est déjà en train de se répandre de manière invisible, transmis par des personnes qui ont l’air d’être en parfaite santé.

Actuellement, toute évaluation de la situation relève de la pure spéculation. Les chiffres augmentent, et on est en droit de se demander si ces chiffres sont les chiffres réels. Les réalités en Chine parlent une autre langue. Environ 50 millions de personnes vivant dans les villes de la Chine centrale sont bloquées dans leurs villes, les aéroports et gares sont fermés, les lignes de bus sont interrompues, les routes sont partiellement fermées. Des mesures pour une maladie qui toucherait au maximum 3000 personnes et « dont le danger est faible à très faible » ? Le corps diplomatique quitte Wuhan (les diplomates internationaux sont quasiment les seuls autorisés à quitter la ville), mais pour aller où ? La présence du virus a été signalée dans toutes les provinces chinoises.

Force est de constater que nous ne savons rien sur la véritable étendue de ce virus, et considérant la propagation rapide, les mesures prises par les autorités européennes sont, pour le moins, surprenantes. En France et en Allemagne, on estime qu’il n’est pas nécessaire de tester au moins la température des voyageurs qui arrivent depuis la Chine, on se limite à coller des affiches et à distribuer des tracts dans les aéroports. Pourtant, un contrôle de santé de TOUS les voyageurs en provenance de la Chine augmenterait les chances d’identifier des personnes infectées et de les prendre en charge immédiatement. Ne pas effectuer ces contrôles relève de la négligence – et même si on comprend que les gouvernements essaient d’éviter une panique, la population suit l’évolution de la situation presque en temps réel. Alors, à ce moment-là, pourquoi ne pas systématiser les contrôles de l’état de santé des voyageurs qui arrivent de la Chine, autant dans leur intérêt que dans l’intérêt commun ?

On sera très rapidement fixé. Le temps d’incubation du 2019-nCoV se situe entre 1 jour et 15 jours. Face au nombre croissant d’infections, on peut considérer que le virus est entré dans sa phase active, et on saura donc rapidement où et comment ce virus va sévir.

Mais il reste le sentiment désagréable qu’on ne nous dit pas tout. Est-ce que les chiffres reflètent vraiment la réalité ? Est-ce que dans nos pays européens, le virus est déjà plus présent qu’on ne le pense ? Si c’est rassurant que de grands structures hospitalières comme « La Charité » à Berlin se préparent à l’accueil de nombreux patients, ces mesures invalident le discours officiel qui se veut rassurant. Dans quelques jours, on en saura plus. Croisons les doigts. A suivre…

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