Crépuscule des dieux pour Angela Merkel ?

Les élections régionales en Mecklenburg-Vorpommern ce dimanche, pourraient se solder par une défaite cuisante pour la chancelière et sa politique. Et par un essor inquiétant de l’extrême-droite.

Le château de Schwerin abrite le parlement du Mecklenburg-Vorpommern. Les élections de dimanche risquent d'y changer la majorité. Foto: Wolfgang Pehlemann / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le Mecklenburg-Vorpommern, c’est la région dans le nord-est de l’Allemagne qui jouxte la Pologne et qui compte parmi les grands perdants de l’unification allemande. Le taux de chômage s’y situe 30% au-dessus de la moyenne nationale et seul la bonne évolution du tourisme sur les îles comme Usedom fait que le Land ne soit pas sinistré économiquement. Là où les problèmes économiques pèsent lourd et où les perspectives sont rares, l’extrémisme et la xénophobie fleurissent. Les élections régionales de dimanche risquent de confirmer cette phrase.

Les sondages montrent l’évolution politique dans l’est de l’Allemagne – pendant que les partis traditionnels dégringolent, l’extrême-droite a le vent en poupe. Le SPD est actuellement crédité de 28% des intentions de vote, la CDU de 22%, l’AfD de 21%, Die Linke de 13%, les Verts de 6%. En vue de l’évolution, il y a des chances à ce que l’AfD puisse encore dépasser la CDU d’ici dimanche et le SPD n’est pas certain de terminer au moins parti le plus fort dans le Mecklenburg-Vorpommern.

Si cette élection régionale n’est qu’une élection régionale, elle constituera une date importante sur le chemin vers les élections législatives en 2017 – car l’électorat risque fort de « punir » Angela Merkel dont le taux d’approbation est au plus faible niveau depuis son arrivée au pouvoir il y a 10 ans. Seulement 42% des Allemands souhaitent encore qu’elle se lance dans un troisième mandat comme chancelière en 2017, ce qui est loin des plus de 60% qu’Angela Merkel avait l’habitude de recolter. Le but de la CDU au Mecklenburg-Vorpommern et de son candidat Lorenz Caffier est simple : « arriver devant l’AfD » – un objectif qui semble modeste, mais réaliste. Car l’extrême-droite de l’AfD ne cesse de monter dans les sondages et pour cela, elle n’a même pas besoin de présenter un vrai programme. Dans l’est de l’Allemagne, il suffit de nos jours de se positionner contre le gouvernement fédéral, contre les médias et contre les étrangers pour être élu.

L’évolution politique en Allemagne est aussi inquiétante que dans d’autres pays européens. L’establishment politique, avec toujours les mêmes acteurs depuis des décennies, a perdu toute crédibilité auprès des lecteurs et l’extrême-droite est de plus en plus considérée comme un porteur d’espoir. « Ils ne pourront pas faire pire que ceux en place », voilà l’argument irrationnel que l’on entend le plus souvent de nos jours, un argument qui traduit tout le désespoir des électeurs.

Si les sondages devaient se confirmer dimanche, se posera alors la question comment former un nouveau gouvernement à la diète de Schwerin. La coalition SPD-CDU sortante risque de ne pas rassembler assez de sièges pour pouvoir continuer son travail, et une coalition SPD-CDU-Verts semble peu probable. Une coalition « de gauche », avec SPD, Die Linke et les Verts n’est non seulement mathématiquement pas possible, mais les Verts ne font plus partie des partis dits « de gauche » – depuis que Winfried Kretschmann s’est fait fort en faveur d’une coalition CDU-Verts au niveau national, les Verts se positionnent désormais dans un centre politique flou et conservateur.

Aucun des partis « traditionnels » n’envisage de former un gouvernement avec l’extrême-droite, ce qui voudrait dire qu’il faudra former une coalition « contre nature » pour que le Land puisse être gouverné. Le glas a sonné pour les partis « traditionnels » considérés incapables de résoudre les problèmes de notre époque. Et pendant ce temps-là, l’extrême-droite continue sur sa lancée. Inquiétant.

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