Elections dimanche en Pologne et en Hongrie

Pas très exaltant, tout cela…

Quel score dimanche en Pologne pour la Coalition d'opposition ? La dirigeante Malgorzata Kidawa-Blonska Foto: PO RP/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Dimanche, élections en Hongrie et en Pologne. En Hongrie, ce seront les municipales ; en Pologne, les législatives. Des élections importantes, en principe, dans chacun de ces deux pays clés de l’Europe Centrale. Mais elles baignent toute deux dans une atmosphère peu exaltante, et viciée : coups bas, chantages, campagnes de diffamation… Des campagnes qui hélas, visent souvent juste. Attendons l’inattendu et espérons l’évitable…

Municipales à Budapest, capitale de la Hongrie : l’opposition, extraordinairement réunie autour de Karácsony Gergely, le candidat Vert, espère faire un bon score et même, peut-être, ravir la mairie de la capitale au FIDESZ, le parti national-populiste, qui l’occupe ainsi que presque toutes les villes importantes du pays depuis 2014. Derrière le candidat Vert ? Mais si le parti écologiste, le Párbeszéd, est allié (tant bien que mal) aux socialistes du MSZP, comment les fascistes du Jobbik et les centristes du DK pourraient-ils se ranger derrière un homme comme Karácsony ?

Comme en Pologne, en tout cas, le parti populiste au pouvoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour se maintenir en place. Démagogie, chantage, opérations de diffamation,… Des manœuvres qui créent un gros malaise, parce qu’elles visent juste et touchent leur cible. Ainsi, une courte vidéo montre aux habitants d’une banlieue de Budapest leur maire, populaire et en place depuis presque 30 ans, en compagnie d’une prostituée – des images qui datent de 2015, mais, semble-t-il, point trafiquées. Sur un clip diffusé par une télé privée, on voit un socialiste en train de r’nifler un rail en se félicitant des revenus que lui permet son mode de vie douteux. A Gyŏr, les administrés peuvent admirer des images montrant leur maire goûtant lui aussi ses revenus en compagnie d’ardentes fripounettes, dans un yacht voguant sur les flots de l’Adriatique. Etc ! Comment dans ce cas, donner aux électeurs l’envie de voter pour les opposants du FIDESZ ?

Même problème en Pologne : certes, il faut déquiller le PiS ; mais comment et par qui ? Quel parti peut montrer un visage immaculé, du moins, plus propre que celui des nationaux-populistes au pouvoir ? Par ailleurs, si la campagne de l’opposition hongroise réunie est plus déterminée, mieux articulée qu’en 2014, ce n’est pas réellement le cas chez le voisin polonais. Celle que mène la charmante Małgorzata Kidawa-Błońska  paraît bien faiblarde, et elle met bien peu de conviction dans son expression du désir, pourtant fort pertinent, de réconcilier les Polonais autour d’ambitions réalistes et généreuses à la fois, et d’une réouverture internationale vers l’implication européenne du pays. Oui, mais…

Mais il est prévu que le PiS, lors de ces législatives, remportera plus de 40 % de voix, face aux 25 % attendus pour la Coalition civique d’opposition (KO)… Les mesures sociales du parti de Morawiecki et de Kaczyński font mouche : les 500 euros offerts aux familles, l’exonération fiscale au moins de 25 ans,… Face à cela, les opposants de la KO apparaissent comme des bourgeois affairistes, parfois cyniques, sans réelle empathie avec le « peuple ». L’empathie, voilà sans doute le mot clé…

Et les médias, qui sont largement aux mains du PiS, particulièrement la chaîne TVP, matraquent les citoyens et leur montrent des images embarrassantes : entre autres celles, cyniques, vulgaires et méprisantes, d’un des dirigeants principaux de la KO, Slawomir Neumann, qui considère que les électeurs sont stupides et voteront donc de toute manière pour n’importe qui ! Fâcheux…

Heureusement, on sent un souffle d’air frais venant… Devinez d’où ? Oui, de la gauche ! Elle sera bien présente sous la forme de l’Alliance de la gauche démocratique (en abrégé : la Gauche, Lewica) : les sociaux-démocrates de l’Alliance, la gauche plutôt populiste de Razem, et Wiosna, le parti du charismatique Robert Biedroń). Même si on ne peut en attendre un score faramineux – elle est créditée de 12% des suffrages -, les 3 partis qui la composent ont réussi à mettre une réelle dynamique en œuvre.

En somme, le national-populisme et son corollaire, la peur de l’étranger et du monde extérieur, ont malheureusement encore de beaux et longs jours devant eux en Europe centrale. Suivons cependant l’évolution de la gauche, qui revêt quelques aspects prometteurs.

A voir sur ces sujets : https://courrierdeuropecentrale.fr/

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