Pologne : un (petit) espoir
Une belle surprise pour les législatives d’octobre
(Marc Chaudeur) – Les législatives polonaises, c’est déjà le 13 octobre ! Le PiS, parti populiste-conservateur, peut-il être battu ? En tout cas, il y a plus qu’un frémissement dans le principal parti d’opposition, la Plateforme Civique : c’est Małgorzata Kidawa-Błońska qui le représentera ! Une femme de stature et d’envergure. La gauche, elle, est assez loin derrière…
Le PiS continue à faire un tabac : son score aux législatives est estimé à 40% (ou un peu plus, selon les sondages). Et cela grâce à une politique sociale démagogique, mais cohérente, qui met l’accent sur les « valeurs » de la famille et des mesures conservatoires : il essaie de plonger la Pologne dans un bocal de formol catholico-familial – mais assure aussi à la population un sentiment de sécurité. Qui, consciemment ou non, que les Polonais le veuillent ou non, assure quelque chose comme une continuité de la stagnation somme toute confortable de l’époque socialiste.
L’opposition, europhile à l’exception de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite, a fort à faire pour donner l’occasion au pays de rentrer réellement dans le concert des nations européennes, et l’extraire de ce panier de crabes qu’est le Groupe de Visegrád que domine Viktor Orbán, le dirigeant hongrois ; de ce camp du Non, beauf’ et populiste, qui touche l’argent européen tout en pratiquant le contraire des valeurs sur lesquelles repose l’Union : discriminations diverses et graves, racisme, prise en main autoritaire des institutions judiciaires et emprise sur le pouvoir législatif…
Où va la Pologne ? Une moitié de sa population continue à voter pour le PiS, l’autre milite pour la liberté et souvent, pour la laïcité. Des docus et des films concernant certains agissements cléricaux remportent un immense succès ; un parti progressiste, Wiosna, fondé par Robert Biedroń, défend les droits des LGBT et un certain social-libéralisme. Wiosna n’ a cependant réalisé que des scores décevants, en partie à cause de problèmes d’egos… La gauche plus dure n’enlève que de bien maigres suffrages.
Avant hier, le parti oppositionnel Plateforme Civique a annoncé qu’il présenterait Małgorzata Kidawa-Błońska. Une bonne surprise : Madame a de l’étoffe et, euh, du charisme. Bien plus de charisme que le dirigeant de son parti, Grzegorz Schetyna. Agée de 62 ans, descendante de plusieurs chefs d’État du début du 20e siècle, M K-B a gravi tous les échelons de la vie politique depuis le poste de conseiller municipal jusqu’à celui de Présidente de la Sejm (la Diète), c’est-à-dire de l’Assemblée moins le Sénat – autrement dit, du Parlement. Depuis la victoire du PiS en 2015, elle n’en est plus que Vice présidente.
La candidature de Madame Kidawa-Błońska apporte un peu d’espoir et de peps à la campagne, qui en a bien besoin. Car les résultats ne sont pas très exaltants : on prévoit au moins 40% pour le PiS, et environ 25% pour la Coalition civique qu’incarnera Pani Kidawa-Błońska (en bref, gauche à centre droit, un peu hétéroclite…) qui regroupe, outre la Plateforme Civique, 4 autres partis dont les Verts. De part et d’autre, la Gauche (dont Wiosna, qui a changé de coalition après son relatif échec aux Européennes de mai dernier) et la Confédération de l’extrême-droite (ensemble, 15% à peu près) n’influencera qu’assez peu l’issue de ces élections. Dans cette Confédération, Janusz Korwin-Mikke s’est illustré naguère en estimant que l’infériorité des salaires des femmes était justifiée, du fait que les femmes sont plus faibles et moins performantes… Le Parti Paysan, lui, présente une plus grande importance (15%, sans doute).
On continue à s’interroger sur la déshérence de la Gauche en Pologne. Sans doute les facteurs principaux en sont que leurs propos évoquent un peu trop la période 1945-1989, et aussi les susceptibilités personnelles à l’intérieur des partis et entre eux.
Pour ce qui est de la Plateforme Civique, elle éveille quant à elle d’assez mauvais souvenirs de l’expérience libérale des années 2000… Liberté, oui, mais affairisme parfois cynique, dissolution des liens sociaux, et le sentiment (plus ou moins justifié) comme dans tous les pays ex-socialistes entrés dans l’UE, d’être soumis à une puissance extérieure de manière analogue à ce que les Polonais subissaient dans la période « communiste ». Il conviendra de prendre en compte cette sensibilité particulière.
Małgorzata Kidawa-Błońska ne pourra pas accomplir de miracle. Mais sa forte et belle personnalité ralliera un nombre intéressant de suffrages. Bonne chance, chère Madame !
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