Et l’Ukraine ?

La situation le long du front ukrainien s'est figée et ce, depuis des mois. Même les conseillers de Zelenskyi estiment que cette guerre ne peut pas se décider sur le champ de bataille.

Même ses conseillers militaires ne croient plus en une victoire militaire... Foto: President of Ukraine from Ukraina / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Comment est-ce que la situation en Ukraine pourra évoluer  ? A un moment où même les conseillers militaires du président ukrainien expriment leurs doutes concernant une possible « victoire » militaire, Volodomyr Zelenskyi refuse toute négociation avec l’agresseur russe « tant que des soldats russes se trouvent encore sur le territoire ukrainien ». Comprendre  : on ne négociera jamais. A un moment où les soutiens financiers et militaires pour cette guerre qui ne connaîtra pas de vainqueur s’effritent, il faudra peut-être revoir sa stratégie.

« La Russie contrôle l’espace aérien », dit Zelenskyi, demandant à ses soutiens d’autres systèmes d’armes et d’autres milliards. Mais plusieurs pays commencent à remettre en cause ces versements permanents, surtout dans la mesure où aucun succès militaire n’en découle. Les promesses d’une Ursula von der Leyen qui annonce déjà la prochaine phase des négociations concernant une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne, ne changent rien. Une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est actuellement également exclue, puisque les statuts de l’OTAN stipulent qu’aucun pays en état de guerre ne peut adhérer à cette organisation de défense transatlantique.

Cette guerre continuera alors pendant combien d’années ? Et elle coûtera combien ? Les conséquences de cette guerre sont palpables, l’Occident s’est mis dans une perspective d’une « économie de guerre », les équilibres sociaux et politiques collapsent, les néo-nationalistes avancent partout. Militairement, et les conseillers de Zelenskyi ont raison, personne ne pourra gagner cette guerre, à moins d’aller dans une escalade nucléaire. Si la position de l’Occident concernant la question nucléaire se limite à « il ne va quand même pas faire ça », la Russie et ses alliés multiplient les tests de missiles pouvant porter jusqu’à 6 têtes nucléaires. Se fier à ce « il ne va quand même pas faire ça », est osé.

Une fois de plus, on constate que l’Occident et l’Europe ne disposent d’aucune stratégie concernant la guerre en Ukraine. Les slogans du genre « il faut mettre la Russie à genoux » ne valent pas grande chose à un moment où l’Occident continue à commercer avec la Russie en remplissant la caisse de guerre de Poutine, comme avant le 24 février 2022.

L’Occident doit d’urgence travailler sur une vraie stratégie, car la possibilité que l’armée russe ne puisse plus être chassée des territoires ukrainiens occupés, est réelle. A ce moment-là, on ne peut plus se limiter à dire que des négociations pourraient avoir lieu « une fois que le dernier soldat russe aura quitté l’Ukraine ». Il faudra également être vigilant quant au meilleur moment pour lancer des négociations. Dès que l’armée ukrainienne ne pourra plus tenir le front, l’Ukraine ne pourra plus négocier grande chose.

La situation à l’Est de l’Ukraine nécessite une évaluation réaliste et une stratégie digne de ce nom. Aucun pays occidental ne peut souhaiter une escalade nucléaire de cette guerre, aucun pays ne peut souhaiter de voir cette guerre se prolonger pendant de longues années. Quand on regarde l’évolution du front depuis un an, force est de constater qu’aucune des deux armée ne pourra gagner cet affrontement terrible – sauf le sacrifice de la jeunesse des deux pays, il ne s’y passe rien. Et cela pourrait continuer pendant des années.

Cette guerre en Ukraine, déclenchée en violation du droit international par le dictateur russe Poutine, ne pourra pas continuer pendant des années, car si aujourd’hui, plusieurs pays refusent déjà de continuer le soutien financier et militaire de l’Ukraine, qu’en sera-t-il demain ? Dans ce contexte, il est assez incroyable que l’Europe continue à croire qu’elle n’ait pas besoin d’une stratégie. Suivre aveuglement Washington et Kiev n’est peut-être pas la bonne option.

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