Euro : L’Allemagne fait du forcing en direction «Grexit»

L’Union Européenne et en première ligne l’Allemagne, font preuve d’un manque de flexibilité énorme. Une solution des problèmes grecs semble très éloignée.

Wolfgang Schäuble et Angela Merkel - les champions de l'Europe des Banques. Mais la Grèce n'en veut plus. Foto: Tobias Koch / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – On aurait envie de payer des vacances en Grèce au ministre de l’économie allemand, Wolfgang Schäuble. Pour qu’il puisse voir, en dehors des réceptions huppées, comment vivent les Grecs aujourd’hui. Mais cela ne semble pas trop intéresser l’Allemagne et l’Europe. Qui elle, s’agrippe à «l’Europe des Banques» comme à une planche en bois en pleine mer.

Mais comme si l’austérité ne suffisait pas, Wolfgang Schäuble, affecté par les caricatures parues dans des journaux grecs le montrant en uniforme nazi, donne maintenant aussi dans le cynisme. «Je de la peine pour les Grecs», a-t-il dit sur un ton suffisant à la télévision allemande et on a du mal à le croire.

L’UE va de réunion en réunion, non sans dénigrer le nouveau gouvernement grec et ses électeurs. Mais les discussions concernant le «Grexit» sont vaines. Légalement, aucun pays ne peut être exclu de la «zone Euro» – on ne peut que la quitter par son propre chef. Et les Grecs ne veulent pas quitter la «Zone Euro», sachant que cela constituerait le début de la fin de la cohésion européenne.

Comme souvent, l’UE loupe une nouvelle fois une occasion pour se remettre en question. Ce faisant, elle montre son visage le plus moche – impuissant au niveau politique, égoïste au niveau économique, dépourvue des valeurs qui avaient inspirés les «pères fondateurs» de cette Europe. A défaut d’idées, on se rabat sur ce que l’on sait faire – réunir des technocrates, rédiger des papiers et tenter de mettre sous pression ceux qui voudraient une autre Europe.

Les voix demandant de couper les vivres à la Grèce, se font de plus en plus entendre. Sans réfléchir aux conséquences. Mais pour comprendre ce que l’UE propose à la Grèce, il convient de regarder de plus près. Car les «programmes» proposés par l’Europe, ne concernent en rien le peuple grec, comme d’habitude, mais uniquement les marchés financiers. Le seul souci européen, est de garder la Grèce dans ce circuit financier – l’argent proposé sous différentes appellations, est destiné, comme toujours, aux banques. Aux banques grecques pour que celles-ci puissent continuer à rembourser des banques internationales. L’argent resterait donc «dans la famille» et les citoyens et citoyennes grecs n’en verraient pas la couleur. Quelque part, il est logique que le nouveau gouvernement grec refuse ces «aides» (qui n’aident personne en dehors de ces marchés financiers).

La «Syriza» et Alexis Tsipras sont partis pour créer une société différente en Grèce. Ils veulent une société plus axée sur les besoins des hommes et des femmes, et moins sur les besoins des banques de gagner encore plus d’argent. Au lieu de soutenir une telle démarche, l’UE aimerait exclure la Grèce de la «Zone Euro» – et risque de pousser le pays dans les bras de la Russie, de la Chine et des états BRICS. Qui eux, ont déjà proposé des aides financières à Athènes.

La Grèce pourrait, comme l’a souligné Alain Montebourg, devenir un exemple pour une réorientation de l’Europe. Ce qui doit forcément déranger les Juncker, Disselbloem, Schäuble et Cie. Mais qu’ils ne viennent pas pleurnicher si prochainement, la Grèce représentera aussi les intérêts russes et chinois aux réunions à Bruxelles et Strasbourg. C’est la politique défaillante de l’UE qui en sera responsable.

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