Evan Gershkovich et Julian Assange – même combat

Le journaliste américain qui travaille pour The Wall Street Journal est incarcéré en Russie. Sa détention provisoire vient d'être prolongée de trois mois. Et les Américains se plaignent de cette attaque sur la liberté de la presse.

Les Américains demandent la libération du journaliste Evan Gershkovich qui est détenu en Russie. Qu'ils commencent par libérer Julian Assange... Foto: Espen Moe / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Les Américains sont en colère. L’arrestation du journaliste américain Evan Gershkovich en Russie pour « espionnage » est considérée comme une attaque sur la liberté de la presse. Et bien sûr, il s’agit d’une attaque sur la liberté de la presse, mais force est de constater que les Américains n’ont aucune raison de pointer autrui du doigt – depuis 13 ans, le fondateur de Wikileaks Julian Assange est privé, sur initiative des Etats-Unis, de sa liberté. Son « crime » était de rendre des crimes de guerre américains publics et du coup, on constate que les Américains ne sont adeptes de la liberté de la presse que chez les autres – eux-mêmes piétinent cette liberté de la presse dès que ça les arrange.

Quand on considère que les Américains avaient a) monté une fausse accusation de viol en Suède contre Julian Assange (la procédure a, au bout de 8 ans, été classée sans suite), b) développé des plans d’enlèvement de Julian Assange et le cas échéant, son assassinat, c) manipulé la procédure devant les tribunaux américains pour que ceux-ci ne remettent pas Assange en liberté et d) exercé de la pression sur leurs « partenaires » européens pour qu’ils ne s’engagent pas pour la libération d’Assange, le résultat ne surprend plus personne. Aucune institution européenne, aucun gouvernement européen ne s’est fait fort pour la libération du journaliste australien.

Les « deux-poids-deux-mesures » des Américains, mais aussi des Européens, est insupportable. Les Etats-Unis (qui, depuis 1945, ont déclenché plus de 50 guerres et interventions militaires) sont autant un état criminel que la Russie. Mais ils ont des complices en Europe qui continuent à nous miroiter que les USA seraient les garants de la démocratie, de la paix dans le monde et nous, on continue à le croire.

La question n’est pas si l’Europe doit suivre aveuglement les Etats-Unis ou se soumettre aux états BRICS, la question qui se pose est pourquoi l’Europe ne s’émancipe pas ? Avec une population d’un demi-milliard de personnes et une force économique considérable, il est incompréhensible que l’Union européenne se limite à suivre « les grands ». Mais lorsque l’on suit les « grands », on ne peut pas être grand soi-même.

Si les Américains souhaitent garder un minimum de crédibilité, ils laisseraient immédiatement tomber la procédure contre Julian Assange et la liberté de la presse, en le laissant repartir en Australie. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que leur demande de libération d’Evan Gershkovich aurait un peu de crédibilité.

Si on ne veut pas enterrer la liberté de la presse pour de bon, un seul postulat : libérez tous les journalistes détenus dans le monde et laissez-les faire leur travail. Car une démocratie sans liberté de presse n’en est pas une.

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