Habemus Mutti 4.0

Fumée blanche sur le siège du SPD à Berlin : les adhérents du SPD ont avalisé à 66% le projet d’une nouvelle Grande Coalition. Donc, l’Allemagne repart pour le quatrième mandat de « Mutti » et le SPD continue sur la voie de sa perdition.

Le doigt dans le nez - Angela Merkel repart pour un quatrième mandat à la tête du gouvernement allemand. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il aura fallu 6 mois pour arriver à la « Grande Coalition 2.0 » CDU/CSU-SPD. Dans une dizaine de jours, le Bundestag élira Angela Merkel pour la quatrième fois à la tête du gouvernement allemand et si cela se traduira par une inertie politique complète, le SPD aura réussi à creuser sa propre tombe. Car les 66% des adhérents du SPD ayant avalisé ce projet de coalition savent que d’ici 4 ans, le SPD ne sera plus la deuxième force politique en Allemagne. Les vieux cadors du parti, en s’agrippant à leurs postes et au pouvoir, ont démontré qu’en dehors d’Angela Merkel, plus personne n’a besoin d’un SPD dont la mission principale consiste depuis plusieurs élections, d’assurer une majorité confortable à la chancelière.

En annonçant les chiffres de ce scrutin parmi les adhérents du SPD, le président par intérim Olaf Scholz, a montré l’esprit qui règne dans le SPD : « J’ai immédiatement informé Angela Merkel ». Quelle dévotion ! « Mutti, on a voté comme t’as voulu ! » Sans doute, « Mutti » était contente. Et le SPD perd peu à peu sa raison d’être.

Dans le contrat de coalition, il manque la griffe social-démocrate. Sur quasiment tous les sujets « de gauche », comme par exemple une « assurance citoyenne » qui aurait pu mettre un terme aux inégalités dans le système médical, le SPD a pris la queue entre les jambes pour ne pas froisser « Mutti ».

On comprend la frustration des électeurs et électrices du SPD. Depuis environ une décennie, les votes pour le SPD se transforment à la sortie en votes pour Angela Merkel. Déjà en 2013, les partis à gauche de la CDU, disposaient d’une majorité mathématique au Bundestag – au lieu de prendre le pouvoir et de former un gouvernement de gauche, le SPD s’était sagement rangé derrière Angela Merkel et ce refus d’assumer le pouvoir politique, s’est répété à plusieurs reprises lors d’élections dans les Länder. Donc, si un vote pour le SPD devient systématiquement un vote pour une chancelière CDU, à quoi bon de continuer à voter pour le SPD ?

Oui, les vieux crocodiles vont se partager les portefeuilles de ministres, ils continueront à siéger là où on aurait préféré voir des jeunes talents, et pendant que CDU/CSU et SPD s’auto-félicitent de leur grande sagesse politique, l’AfD, le parti de l’extrême-droite (qui a décidé ce week-end de raviver sa coopération avec le mouvement de la rue « Pegida ») a déjà dépassé le SPD dans les sondages et représente déjà la deuxième force politique en Allemagne.

Oui, l’Allemagne retrouve donc une « stabilité politique ». Mais cette « stabilité » ne fait qu’ouvrir la voie aux extrémistes qui se frottent déjà les mains. Dommage que les adhérents du SPD n’aient pas eu le courage de refuser de se limiter au rôle d’agent d’Angela Merkel. Le SPD vient de se rendre obsolète.

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