Hollande, Merkel et Cameron mettent Poutine sous pression

L’Union Européenne a, jusqu’au mois de novembre, une «ministre des affaires étrangères» en la personne de Cathrine Ashton. Qui impressionne par son invisibilité.

L'enlèvement d'Europa (Jürgen Pansow). Est-ce que l'Europe trouvera un jour la force pour agir ensmble ? Foto: Ger35hard / Wikimdia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Suite à l’attaque sur le vol MH17, François Hollande, Angela Merkel et David Cameron ont annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie si Vladimir Poutine n’utilise pas son emprise sur les séparatistes est-ukrainiens pour que ces derniers autorisent l’accès des équipes d’investigation internationales à l’endroit de la catastrophe. En attendant, les rapports sur des actes incompréhensibles des séparatistes choquent le monde. Et les indices qui indiqueraient que l’attentat ait été commis par ces forces pro-russes, se multiplient.

Une fois de plus, l’UE confirme la question rhétorique prononcée par Henry Kissinger : «Vous avez un numéro de téléphone de l’Union Européenne ?» Chez Cathrine Ashton, ça sonne dans le vide. Si les états européens veulent peser sur ce qui se passe dans le monde, il faut qu’ils se concertent comme ce week-end la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Si on ne peut qu’applaudir l’approche des trois pays, on est en droit de se demander ce que fait Cathrine Ashton ? Est-elle en train de parcourir les états-membres pour une concertation européenne ? Ou est-ce qu’elle est en train de se concerter avec d’autres institutions européennes que l’on n’entend pas non plus actuellement, comme le Conseil d’Europe ? Toujours est-il que dans les réactions face à cette nouvelle escalade, les grands absents sont l’UE et le Conseil d’Europe.

L’Europe, nous a-t-on ensigné, n’est pas seulement une organisation destinée à faciliter la vie aux marchés financiers, aux banques et aux groupes de lobbying, mais une communauté qui puise sa force dans la défense de valeurs communes. Alors, nous sommes en droit de poser la question pourquoi cette Europe n’arrive pas à parler d’une voix commune et forte dans de telles situations.

Dans la réalité, une politique extérieure européenne n’existe pas. Et il n’y a pas de politique européenne de la défense, il n’y a pas d’armée européenne et il n’y a pas de politique économique commune. L’avenir européen ne peut en aucun cas résider dans le «moins d’Europe» que prônent des imbéciles extrémistes et anti-européens qui aimeraient réduire l’Europe à une sorte d’association non constractuelle composée d’états plus ou moins petits qui ne représentent aucun poids sur l’échiquier mondial.

Est-ce que ces extrémistes et anti-européens pensent réellement que dans les grands conflits mondiaux auxquels nous assistons actuellement, l’opinion de la France, de l’Allemagne, de la Belgique ou de l’Italie aient du poids ? Pour persister à clamer ce fameux «moins d’Europe», il faut être aveuglé par un nationalisme maladif qui empêche ces extrémistes de se rendre compte des réalités dans le monde.

Toutefois, Hollande, Cameron et Merkel ont eu le bon reflèxe de forcer la main à cette Union Européenne qui déçoit une fois de plus. Ils ont annoncé de faire valoir leur poids politique au sein de l’UE pour que les ministres des affaires étrangères européens adoptent mardi de nouvelles sanctions si Poutine ne prend pas «immédiatement» des mesures pour permettre une investigation digne de ce nom, ce qui nécessite un cessez-le-feu.

Espérons que le prochain «ministre des affaires étrangères européen» ne soit pas à nouveau une personne effacée, mais une personne expérimentée dans la diplomatie internationale. L’Europe ne pourra plus se permettre de nommer des apprentis politiques ou des «has-been» si elle ne veut pas tomber dans une insignifiance politique internationale. Car la seule réponse à ce qui se passe aujourd’hui, est le «plus d’Europe». L’avenir de notre continent en dépend.

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