L’Allemagne invite les opposants turcs à demander l’asile…

Le gouvernement allemand s’exerce dans la quadrature du cercle – d’une part, il cherche à coopérer avec le dictateur-président Erdogan, d’autre part elle ouvre ses portes pour les victimes d’Erdogan.

Ceux qui sont poursuivis par le régime Erdogan doivent trouver abri en Europe. Foto: Pivox / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La déclaration du ministre d’état Michael Roth (SPD) avait de quoi surprendre. « Tous les esprits critiques en Turquie devraient savoir que le gouvernement fédéral se tient solidairement à leurs côtés », disait Roth, « l’Allemagne, par principe, est ouverte à tous ceux qui sont poursuivis pour des raisons politiques. Et ceci n’est pas seulement valable pour les journalistes ». Angela Merkel n’était certainement pas amused par cette déclaration…

La déclaration de Michael Roth constitue une invitation à tous ceux qui sont opprimés ou menacés par le régime Erdogan et ils sont nombreux en Turquie. Qu’il s’agit de supporteurs du mouvement Gülen, qu’il s’agit de Kurdes, qu’il s’agit de politiques d’opposition, d’artistes, de journalistes, d’homosexuels – ils sont nombreux à avoir de bonnes raisons de fuir la Turquie.

Il était grand temps qu’un responsable politique européen prononce ces mots – il vaut mieux tard que jamais, mais on se pose quand même la question quant à la position allemande vis-à-vis de la Turquie. D’une part, la chancelière Angela Merkel a activement soutenu Erdogan pendant la dernière campagne en Turquie, elle a imposé à l’Europe l’accord honteux avec la Turquie qui consiste à « troquer » des « réfugiés illégaux » contre les « réfugiés légaux » et c’est Angela Merkel qui insiste à ce que l’Europe n’agisse pas de manière plus déterminée vis-à-vis de la Turquie. Et maintenant, un membre de son conseil des ministres invite publiquement les opposants turcs à venir se réfugier en Allemagne ?

Si l’appel aux opprimés turcs était plus que nécessaire, on constate une nouvelle fois le dysfonctionnement européen – un tel appel aurait du être prononcé par l’Union Européenne et non pas par un ministre d’état allemand. Elle est où, la solidarité européenne avec les opprimés du monde ? Elle est où, la solidarité des états européens entre eux ? Elle est où, la politique étrangère européenne ? Pourquoi est-ce que les responsables européens, les Schulz, Juncker et Tusk, qui sont solidaires entre eux quand il s’agit d’imposer des choses comme le CETA contre la volonté des peuples européens, se taisent face à ce qui se passe en Turquie ? Pourquoi les trois n’ont pas fait cet appel prononcé par Michael Roth ?

Et si déjà l’Europe n’arrive pas, comme si souvent, d’avoir une position commune, pourquoi est-ce que Paris et Berlin ne se sont pas concertés sur la question ? En tout cas, l’appel de Michael Roth est important et il est temps que l’Europe cesse de considérer la Turquie comme un « état sûr » – la Turquie 2016 ressemble à l’Allemagne 1938 et tout un chacun menacé par des représailles du régime Erdogan devrait trouver abri et sécurité en Europe. Eh oui, encore des réfugiés. Et il serait peut-être temps que nos puissants arrêtent de se mettre à genoux devant ce dictateur-président qui est en train de transformer la Turquie en une sorte de prison géante.

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