« Il faut des liens forts entre la société civile et les institutions »

La Première Questeure du Parlement européen, l’eurodéputée alsacienne Anne Sander, parle du « Distinguished Gentlemen‘s Ride » qui sensibilise au niveau mondial, pour les maladies masculines.

Anne Sander, Première Questeure du Parlement européen, parle du DGR Strasbourg. Foto: Franck Kobi / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Depuis de nombreuses années, le « Distinguished Gentlemen’s Ride » (DGR) se déroule, sous forme d’une parade de motos dont les conducteurs portent costume-cravate, dans le monde entier. Le but de cette opération spectaculaire est de sensibiliser le public pour les maladies masculines et de lever des fonds pour la recherche de ces maladies. Cette année, le 4 Juin, le DGR Strasbourg passera devant le Parlement européen à Strasbourg. Le Parlement européen a autorisé les organisateurs à y réaliser des photos qui entreront dans le reportage 2023 du DGR dans le monde entier. Interview avec la Première Questeure du Parlement européen, l’eurodéputée alsacienne Anne Sander.

Le 4 juin prochain l’association strasbourgeoise « Strasbourg Passions & Elégance », organise pour la 2e fois, après 2022, le « Distinguished Gentleman’s Ride » : une parade de motards en costume cravate qui se déroule en simultané dans 800 villes dans le monde et dont l’objectif est de récolter des fonds pour la recherche concernant les maladies masculines. De nombreux partenaires soutiennent cette manifestation d’envergure internationale. Est-ce que le Parlement européen est solidaire de cette cause ?

Anne Sander : Il s’agit d’une première forme d’association et de solidarité, oui. Pour une cause aussi importante, le fait de s’associer au Parlement européen donne aussi une forme de légitimité et un soutien à celle-ci. Après, de manière générale, le Parlement est très impliqué sur les sujets liés à la santé, que ce soit le cancer ou d’autres maladies. Le Parlement est vraiment toujours très impliqué.

Finalement, le DGR est l’équivalent de l’octobre rose qui, lui, soutient la lutte contre le cancer du sein. Quelle est, pour vous, l’importance de telles manifestations de solidarité émanant de la société civile ?

AS : C’est très important parce que nous, au niveau du Parlement européen, toutes les décisions qu’on prend, sont prises pour faciliter la vie des citoyens. Et avant de prendre des décisions, nous consultons les citoyens, et c’est la société civile qui nous alerte sur des difficultés, sur la nécessité de légiférer, sur la mise en place de programmes de financement. Et en quelque sorte, la société civile met la pression sur le Parlement ou sur les institutions européennes en disant qu’il faut réagir par rapport à cela. Il est vrai qu’aujourd’hui, ce qui est très connu, c’est Octobre Rose. Il y a eu énormément de communication qui a été faite là-dessus dans toutes les communes. Mais Octobre Rose, c’est une manifestation, c’est un morceau je dirais, de nos préoccupations. Evidemment, le DGR, c’est quelque chose qui est en train de monter en puissance et qui, je pense, s’inscrit dans la même dynamique que l’événement qui est organisé au mois de novembre, le mouvement « Movember ».

Et nous, sur « Movember », nous avions déjà été sollicités. D’ailleurs, le groupe PPE avait organisé une campagne de communication. À l’époque, les députés européens s’étaient fait photographier avec des moustaches. Je dirais que tous ces événements se complètent et vont dans une direction : alerter les décideurs publics sur tout le travail qui reste à faire au sujet de la santé, non seulement des femmes, mais aussi des hommes. Au Parlement européen, la santé c’est une priorité, en particulier la lutte contre le cancer. On en a fait la priorité de tout le mandat. Nous-mêmes, au groupe PPE, on a vraiment été leader là-dessus parce que notre président de groupe, Manfred Weber, qui a une histoire très personnelle liée au cancer, s’est fortement mobilisé à ce sujet. C’est donc la priorité du groupe pour les années à venir. On a eu au Parlement européen une Commission Cancer, avec des propositions qui ont été faites et tout ça continue à avancer et à se traduire par des financements pour la recherche, mais aussi par des législations.

Est-ce que les maladies masculines (cancer de la prostate, cancer des testicules, prévention du suicide…) figurent parmi les préoccupations du Parlement ? On sait que dans le monde, un homme se suicide toutes les minutes pour un total de 500.000 suicides par an et trois suicides sur quatre, concernent des hommes. Avez-vous l’impression que le public et les institutions aient pris la mesure de ce problème ?

AS : Alors, je crois que là-dessus, il y a encore beaucoup de travail à faire, notamment sur la question des hommes. Parce que nous, le cancer, on le traite dans sa globalité : les femmes, les hommes, les enfants, faire en sorte qu’il y ait de la prévention, des médicaments, de la recherche… Donc, on le prend globalement et c’est vrai qu’on n’a jamais focalisé, à part lors de l’événement « Movember », les hommes. Sur le suivi en revanche, je crois que de manière générale, suicide des femmes, des hommes, des jeunes : il y a encore beaucoup de pistes à explorer. Jusque-là, je dois dire que ce n’est pas une priorité au niveau de l’Union Européenne. Même dans les États membres, je crois qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. D’autant plus qu’il y a eu le COVID qui est passé par là. On a donc vu la fragilité et la question de la santé mentale, de la santé psychologique des gens, qui devient un réel sujet aujourd’hui et qui l’était moins avant le COVID. C’est vraiment un travail qu’il faut maintenant mener au niveau européen.

Dernière question : En 10 ans, l’organisation australienne du DGR a pu récolter 37 millions de dollars qui ont pu être réinjectés dans la recherche et la prévention à travers, justement la Fondation « Movember ». Est-ce qu’un projet comme le DGR peut être un exemple pour des projets menés en commun entre la société civile et les institutions publiques ?

AS : Oui, bien sûr, et c’est vraiment ce qu’il faut encourager, parce qu’il faut qu’il y ait des liens très forts entre la société civile et les institutions publiques. Sans ce lien très fort en permanence, il serait impossible de faire avancer les causes. Et c’est lié car, derrière les décisions qu’on prend, il faut aussi les expliquer à la société civile. Le monde change, le monde évolue, il y a des priorités qui évoluent aussi, donc il faut toujours garder ce lien, sans oublier que c’est une force de frappe supplémentaire. Le fait d’organiser des grands événements, d’avoir des gros marqueurs partagés entre société civile et institutions, démultiplie l’effet de communication. On voit bien aujourd’hui que, pour sensibiliser, il faut de la communication c’est essentiel.

Merci beaucoup, Anne Sander, pour cet entretien !

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