Jean-Luc Schaffhauser dans la «Task Force» ?

Le Front National ne perd pas le nord - en proposant de défendre le siège du Parlement Européen à Strasbourg, il continue sa «banalisation».

Il y a des individus dont on se passe volontiers de tout soutien... Foto: © Claude Truong-Ngoc / eurojournaliste.eu

(KL) – Le conseiller municipal strasbourgeois et eurodéputé nouvellement élu du Front National Jean-Luc Schaffhauser a proposé au Conseil Municipal de Strasbourg d’intégrer la «Task Force», jusqu’alors dirigée par Catherine Trautmann, pour «défendre le siège du Parlement à Strasbourg». La réponse strasbourgeoise se doit d’être claire : «NON !». La ville et toute la région ne doivent pas entrer dans les jeux politiques du Front National qui lui, cherche l’implication dans la vie politique locale et par ce biais, une «banalisation» de son image.

Le Front National est contre l’Europe et ses institution, sa mobilité, sa monnaie et ses valeurs et la capitale européenne ne doit pas accepter que ses intérêts soient défendus par un individu qui souhaite abolir l’Europe telle qu’on la connaît. L’Europe s’est habituée à discuter avec des politiques de l’envergure d’une Catherine Trautmann ou d’un Joseph Daul – si la capitale européenne ne veut pas se ridiculiser, elle ne peut pas faire cause commune avec des extrémistes.

Cette «banalisation» du Front National représente un danger pour l’avenir et c’est exactement ce que cherche le Front National – il veut être traité comme n’importe quel autre parti, mais le Front National n’est pas un parti «normal». Le Front National défend des idées diamétralement opposées au concept de l’Europe tel qu’il avait été pensé par ses pères fondateurs. Travailler avec ce parti, surtout en ce qui concerne l’Europe, serait une aberration.

Ce n’est pas tellement le fait que Schaffhauser soit élu de l’Ile de France et non pas de l’Alsace. Le problème, c’est qu’il appartient à un parti politique qui lutte contre l’Europe et sa déclaration «nous avons des conceptions différentes sur le Parlement, mais non pas sur son siège» est tout simplement ridicule. Il s’agit tout bonnement d’intégrer le travail politique au niveau local qui reste le niveau ou l’extrême-droite a le plus de mal pour percer. On ne devrait pas continuer à rendre le travail du Front National trop facile. Là, il convient d’isoler cette formation au sein du Conseil Municipal et ne pas se comporter de manière équivoque.

Il faut refuser toute coopération avec ce parti anti-européen aux idées pour le moins étrange et en principe, le PS, qui est aux commandes à Strasbourg, peut agir en toute liberté. Avec ses 14%, il n’a, de toute manière, plus rien à perdre – alors, il peut mener sa propre politique sans le concours d’un frontnationaliste.

Inutile de sortir des phrases du genre «il faut respecter le vote du peuple» pour appuyer la proposition de Schaffhauser d’entrer dans la «Task Force » – le monde aurait pu éviter la plus grande catastrophe de l’humanité si quelqu’un avait eu le courage, en 1932, de stopper une autre formation d’extrême-droite, en considérant que le peuple avait été empoisonné par des slogans populistes, lui miroitant que d’autres valent moins et qu’il fallait se mettre en position de dominateur. Le vote de dimanche dernier ne veut pas dire qu’il faille travailler avec ces extrémistes. Il faut les mettre en rade, le temps qu’ils aient fait tellement de bêtises que les électeurs s’en retournent par leur propre chef.

Le meilleur exemple pour cela vient d’Allemagne. Lors d’une élection régionale en début des années 2000 en Saxe, une formation d’extrême-droite (DVU) avait obtenu 9% des votes et se voyait propulsée à la diète du Land de la Saxe. Au bout de quelques semaines et quelques discours plus que maladroits et presque pathologiques, cette formation avait montré aux électeurs ce qu’elle valait – lors des élections suivantes, la même formation ne remportait que 0,2% des votes, disparaissait du parlement et on en a jamais plus entendu parler.

Donc, Jean-Luc Schaffhauser dans la «Task Force» strasbourgeoise ? Certainement pas !

2 Kommentare zu Jean-Luc Schaffhauser dans la «Task Force» ?

  1. Yveline MOEGLEN // 28. Mai 2014 um 2:23 // Antworten

    Mais c’est une évidence que le FN ne puisse participe à RIEN à STRASBOURG…
    Un parti aussi anti-européen tel que l’Europe est construite n’a sa place nulle part à STRASBOURG … !
    Elu sur une liste IDF … Mais qu’il défende l’IDF…
    STRASBOURG saura se défendre sans le FN !

  2. Schaffhauser est peut-être la colombe infiltrée dans le nid des vautours pour y jeter la discorde et le faire tomber du rocher instable où il s’accroche. Marine en bonne chrétienne aimera alors tous ses frères et soeurs européens et même au-delà . Ne jugeons pas trop vite . Souvenez vous: Ulysse et le cheval de Troie.
    On peut rêver, non?

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