Est-ce que la France tombe entre les mains du Front National ?

C'est elle qui profite le plus de la faiblesse des partis dits "populaires" - et cela pourrait conduire la France vers un gouffre. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Selon un sondage de l’Institut ifop, la France va doucement, mais sûrement vers une erreur historique. Après avoir remporté les élections européennes en 2014, le parti d’extrême-droite s’apprête à également gagner les élections départementales. «Charlie» n’est plus qu’un souvenir lointain – le ras-le-bol des Français se traduit à la fois par un fort désintéressement dans la politique et par un virement vers l’extrémisme national.

«Mais non», me disent mes amis français, «tu verras, Marine Le Pen ne sera jamais présidente de la France… au dernier moment, les Français auront un reflexe républicain». Les chiffres, pourtant, parlent une toute autre langue.

Selon le sondage, jusqu’à 57% des inscrits bouderont les élections départementales – ceux qui vont aller voter, penchent de plus en plus vers l’extrême-droite. Ainsi, le Front National serait crédité de 30% des intentions de vote, suivi par l’UMP – UDI (28%) et loin devant le PS (20%). Les Verts ne se situent qu’à 7%, le Front de Gauche à 6%. Ce qui ressemble à un écroulement de la gauche en France.

Promesses non tenues, une reforme territoriale mal communiquée, crise économique, fort chômage, un sentiment d’insécurité augmenté par les attentats de Paris, tendances antisémites et antimusulmanes marquées – tous les ingrédients sont réunis pour pousser la France vers un ultra-nationalisme qui lui, est le précurseur d’un système totalitaire, basé sur la haine de l’autre et un nombrilisme national anachronique. Est-ce la France tombera dans le même piège que les Allemands n’ont pas su éviter le siècle dernier ?

«Ne stresse pas», disent mes amis français, «cela n’arrivera jamais !» Joli optimisme. Mais les calculs sont simples. Si ceux qui aspirent à une société meilleure et plus juste, boudent les élections, ils laissent le champs libre à ceux qui rêvent d’une société encore plus violente, d’une société d’exclusion, d’une société qui ressemblerait à l’Allemagne des années 30. Le seul moyen pour éviter cela, c’est d’aller voter et de se décider de donner une chance à ceux qui veulent changer les inégalités d’une société qui devient difficile à vivre pour une large portion de la population.

On comprend les frustrations. La politique française des dernières années a déçu tout le monde. Mais force est de constater que les choses ne s’amélioreront pas en choisissant un parti dont le fond de commerce est l’agressivité, l’exclusion de l’Autre et la sortie de l’Europe. Le Front National va actuellement de succès électoral en succès électoral et le fameux «reflexe républicain» qui, en 2002, a encore pu empêcher le père Le Pen de passer, risque de ne plus avoir lieu en 2017. Les élections départementales ne constituent qu’une étape dans une évolution qui risque de porter l’extrême-droite au pouvoir.

Est-ce que la France se réveillera à temps ? Est-ce que les partis dits «populaires» arriveront à se réinventer à temps ? En présentant toujours et toujours les mêmes «vieux crocodiles» aux élections, ces partis qui ne méritent plus l’appellation «populaire», poussent les électeurs dans les bras du Front National – espérer qu’au dernier moment les Français disent «non» à Marine Le Pen, est un jeu dangereux.

Ces dernières semaines, et après «Charlie», on a pu voir le Front National à l’œuvre. Agressions et menaces contre les confrères de «Mediapart» à Paris, un discours de plus en plus décomplexé, une très courte défaite au deuxième tour des législatives partielles dans le Doubs – la menace est beaucoup plus concrète que les 57% d’abstentionnistes veulent bien le croire.

Ce ne seront pas les autres qui empêcheront à votre place la prise du pouvoir par le Front National. Et non, il n’y a pas de «petites élections». Permettre au Front National de s’incruster dans les assemblées locales et régionales, cela permet aux ultra-nationalistes de s’établir dans le paysage politique, cela contribue à une sorte de «normalisation» des positions extrêmes de ce parti. Vigilance !

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