Une dédiabolisation totalement ratée

En proposant aux adhérents de renommer le « Front National » en « Rassemblement National », Marine Le Pen se dévoile au grand jour. Elle veut conduire la France dans les abimes de l’année 1941.

D'abord le "Rassemblement national populaire" de Marcel Déat, et maintenant, le "Rassemblement national" de Marine Le Pen ? Foto: Agence Meurisse / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Quelle référence historique ! Le « Front National » deviendrait donc le « Rassemblement national », un nom qui résonne comme le « Rassemblement national populaire – RNP » qui lui, entre 1941 et 1944, était un des trois partis collaborationnistes français. Les adhérents du « Front National » pourront maintenant voter si oui ou non, ils souhaitent adopter cette appellation.

Le RNP fondé par Marcel Déat en février 1941 s’était fixé comme objectif de « protéger la race » et ça tombait bien, car en 1941, les Allemands étaient en France et eux aussi, voulaient « protéger la race ». Donc, le RNP se rangeait du côté du Parti Populaire Français (PPF, fondé par Jacques Doriot) et du Parti Franciste (fondé par Marcel Bucard). « Rassemblement national populaire », « Rassemblement national », ce n’est pas un hasard. Marine Le Pen, réélue à la tête de son parti avec un score de 100%, quitte donc la voie de la dédiabolisation en appelant un chat un chat.

Le « Rassemblement national populaire » était un parti ouvertement antisémite, fasciste et totalitaire. Bref, un partenaire de choix pour les nazis qui, à Vichy, dirigeaient les opérations des partis collaborationnistes. Au grand dam de Marcel Déat qui recrutait ses adhérents plutôt à gauche, les nazis lui imposèrent une collaboration avec le « Mouvement social révolutionnaire » qui, malgré son nom, recrutait plutôt à droite. Etrangement, le RNP se disait alors « européen et social », ce qui pourrait le distinguer du « Rassemblement national » millésime 2018.

Même l’ancien président du FN, le désavoué Jean-Marie Le Pen, ne pouvait s’empêcher de rire en faisant remarquer que cette dédiabolisation était ratée. Mais au moins, on sait maintenant où situer l’extrême-droite sur l’échiquier politique – à quelques kilomètres de la belle ville de Vichy…

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