« Juillet Août » : une bulle estivale de bonheur.

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(Par Nicolas Colle) – A peine plus d’un an après la présentation de « Un Français », un premier film dur et réaliste qui évoquait le parcours d’un skinhead repenti, l’auteur, dramaturge, musicien et récemment cinéaste, Diastème, nous offre une comédie à la fois simple et délicate. Il explore les tourments adolescents en nous contant l’histoire de deux sœurs qui, le temps d’un été, vont partager leurs vacances entre la lumière du Sud et la grisaille de la Bretagne. Le tout, parsemé de petites péripéties aventureuses mais surtout, empreint d’une grande tendresse. Nous avons rencontré cet artiste éclectique et sympathique.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous explorez là un univers diamétralement opposé à celui de « Un Français », votre précédent film…

Diastème : On fait souvent des choses en réaction à celles que l’on a pu faire auparavant. « Un Français » était un film très dur, qui traitait de la haine humaine. Le public en était ressorti très secoué. Cette fois-ci, l’idée était de faire une comédie qui soit pleine d’amour, de douceur, de tendresse et que le public en ressorte à la fois ému et heureux. Pour cela, il faut être le plus juste et le plus honnête possible, sans oublier de construire des personnages complexes, qui ne soient pas des caricatures que l’on peut malheureusement trouver dans certaines comédies.

Justement, puisque vous parlez de comédie, selon vous, d’où provient l’humour du film car vous ne mettez pas en place des effets comiques trop appuyés ?

Diastème : C’est très juste, on n’est ni dans le gag, ni dans l’absurde, ni dans le cynisme, ni dans le grotesque. La comédie émane surtout des personnages, de leur humour et de leur rapport. Après tout, le personnage de la petite sœur est à un âge formidable (14 ans) où on comprend tout ce qui nous entoure mais pas à l’âge où ne peut plus tout dire, même les choses les plus indélicates, ce qui, bien sûr, amène de la comédie. Et puis, il y a aussi des éléments de comédie très simples qui sont de l’ordre de l’écriture scénaristique avec des quiproquos ou des personnages qui se cachent des choses qui vont néanmoins se révéler à leur insu. Là, on est plus dans un modèle de comédie classique qui se rapproche de l’univers de Feydeau.

Vous nous révélez deux comédiennes, Alma Jodorowsky et Luna Lou qui incarnent les rôles principaux des deux sœurs et qui s’avèrent être deux petites bombes… Elles apportent une fraicheur rare à leurs personnages et à leur relation…

Diastème : Alma apporte beaucoup de mystère à son personnage qui sort de l’âge ingrat alors que celui de Luna y entre et est davantage dans l’explosivité. Pour ce qui est de la relation entre tous les personnages, j’ai organisé trois semaines de répétition en amont du tournage avec l’ensemble des comédien(ne)s pour créer un certain lien entre eux afin de renforcer le naturel, la douceur, l’authenticité de leur rapport et de l’émotion qui s’en dégage. Le plus souvent, au cinéma, je ne crois pas aux liens qui sont censés unir les personnages. J’aime l’idée que des gens qui s’aiment, puissent se serrer dans les bras, s’embrasser, se frôler, se toucher. Selon moi, toute cette douceur et cette émotion passent aussi par un certain langage corporel.

Il s’agit d’un film très simple, avec assez peu d’enjeux (on ne fait que suivre une famille recomposée le temps d’un été) mais qui fait beaucoup de bien… D’une manière générale, certaines personnes trouvent ce genre de film sans grand intérêt car ils se disent que cette famille pourrait être la leur et qu’ils n’ont donc pas besoin d’aller au cinéma pour voir ce genre de choses… Et d’autres, comme moi-même, y trouvent une sincérité bienveillante qui les emporte… Comment expliquez vous que l’on ait aussi besoin de ce genre d’histoire, à la fois simple et humaine ?

Diastème : Vous savez, je pense qu’il y a autant de goûts qu’il y a d’individus. Après tout, l’année dernière, je présentais « Un Français » et aujourd’hui je présente « Juillet Août » dans un genre très différent. Je suis donc assez bien placé pour vous dire qu’on peut aimer les deux. D’ailleurs, quand j’étais plus jeune, j’adorais aussi bien Bergman que les « Monthy Pythons ». Mais je me rends compte qu’en ces moments douloureux que nous vivons, le public me remercie de les ramener à des choses simples qui sont de l’ordre du cœur et de l’humain. Depuis l’enfance, nous avons tous besoin que l’on nous raconte des histoires. Parfois, on aime des choses qui sont très proches de nous car on se dit que l’on pourrait très bien être ces personnages qui nous font face. Et parfois, on aime des choses qui sont plus de l’ordre du conte de fée. Mais le rôle d’un conteur reste de créer des émotions.

Pour conclure, il y a une dernière chose dont nous devons parler, ce sont les chansons d’Alex Beaupain, l’un des meilleurs paroliers de la chanson française, qui contribuent grandement à l’émotion du film, et bien sûr, son aspect formel et esthétique qui sont également assez aboutis…

Diastème : L’enjeu majeur était que les paroles des chansons d’Alex ne devaient pas être les voix intérieures des personnages car j’aurai trouvé ça trop réducteur mais il ne fallait pas qu’elles parlent d’autre chose non plus. Chacune des chansons devait résumer l’émotion de la scène qu’elle illustrait et amener un aspect à la fois poétique et universel qui réunisse les spectateurs car une chanson, c’est avant tout un souvenir en commun. Quant à l’esthétique, il n’y avait aucune raison que sous prétexte qu’il s’agissait d’une comédie légère, je ne devais pas travailler la forme avec autant de soin que le précédent. J’ai donc utilisé le format du cinémascope, j’ai beaucoup tourné à l’épaule et en plan séquence, même si j’ai davantage découpé et monté pour épouser le rythme de la comédie. Je tenais à ce que le film soit formellement beau.

Grand bien vous a pris, votre film est une vraie bouffée d’oxygène et, peut être, le succès surprise de l’été.

Lien youtube de la bande annonce