Demain : un film qui vous veut du bien… à tous.

Notre expert cinéma Nicolas Colle a rencontré Cyril Dion, co-auteur d'un documentaire remarquable - «Demain»

"Demain", c'est à la fois le titre d'un documentaire exceptionnel et le slogan pour un avenir meilleur... Foto: Mars Distribution

(Par Nicolas Colle) – En plus d’une actrice douée, Mélanie Laurent est une réalisatrice de talent. Elle l’a prouvé notamment avec sa dernière fiction en date «Respire». Aujourd’hui, elle s’attaque à l’exercice du documentaire en compagnie de Cyril Dion, cofondateur du Mouvement des Colibris et apprenti cinéaste. Eurojournalist(e) a eu la chance de le rencontrer pour évoquer ce merveilleux projet qu’est «Demain», un documentaire donnant à voir comment il est possible de réinventer notre monde avec une approche centrée davantage sur l’action humaine et la responsabilité de chacun.

Ce que j’aime beaucoup dans ce documentaire, c’est qu’il n’est absolument pas plombant. Il donne à la fois de l’espoir et l’envie d’agir. Et pour tout vous dire, ça change de tout ce qu’on peut voir… C’était important pour vous de l’aborder de cette façon là ?

Cyril Dion : C’était LE prérequis du film. Quand on a commencé à travailler sur ce projet avec Mélanie, on s’était dit que le fait d’annoncer des mauvaises nouvelles et de dénoncer des catastrophes ne donnait aucune énergie. Parce que c’est trop déprimant ou effrayant et que ça place le spectateur dans un état de déni et de refus de la situation. Ce qui l’amène davantage à laisser les problèmes de côté et à continuer comme avant. Alors que quand on montre au public des choses inspirantes, exaltantes, ça lui donne envie d’agir en perspective. Toutefois, il a fallu qu’on évite de tomber dans le piège qui était de n’enchainer que les exemples positifs. Au contraire, il a fallu tisser une vraie dramaturgie, avec aussi bien des moments d’enthousiasme que de désespérance parce que c’est seulement quand on est bousculé dans un premier temps, qu’on a ensuite envie de trouver une solution.

C’est un documentaire incroyablement cinématographique, avec une construction, une émotion, ce qui le rend incroyablement accessible ?

CD : On voulait que les gens soient émus, qu’ils puissent rêver tout en apprenant des choses. Mélanie a apporté tout son savoir-faire de réalisatrice en essayant de rendre les images poétiques et en portant un regard bienveillant sur tous nos intervenants afin de les rendre le plus humains possible et ne pas se contenter de les laisser expliquer des choses très techniques. On ne voulait surtout pas donner des leçons. On souhaitait avant tout réaliser un film qui soit accessible et populaire où même les gens qui ne sont pas spécialement intéressés par ce sujet puissent se sentir concernés. Il a donc fallu rendre le tout à la fois beau, agréable et compréhensible sans être trop simpliste afin de le rendre le plus universel possible.

Cette émotion dont je parlais, passe bien sûr par la poésie des images mais aussi par le lyrisme qui accompagne tout le film avec toutes ces chansons composées par Fredrika Stahl. Comment avez vous collaboré avec elle ?

CD : C’est un ami commun qui nous a présenté. Il lui a d’abord parlé du film sans qu’on le sache. Elle a donc commencé à bosser de son côté puis elle nous a envoyé une chanson et quand je l’ai écouté la première fois, je me souviens avoir appelé mon pote pour lui demander s’il lui avait vraiment parlé de ce qu’on avait l’intention de faire, car c’était tout juste l’inverse de ce qu’on espérait, tellement cette chanson était déprimante. Mais une fois en salle de montage, on l’a néanmoins placé au début du film et ça fonctionnait parfaitement. Du coup, on lui a demandé de nous proposer d’autres chansons et c’était juste incroyable, on pouvait les placer n’importe où dans le film, elles apportaient quelque chose de miraculeux voire de magique. Tout cela sans qu’on lui ait montré une seule image. Même si pour quelques chansons, c’est nous qui lui avons passé commande. Auquel cas, nous lui avons montré quelques extraits du film et elle a pu composer pour ces extraits en s’inspirant de ces mêmes extraits.

Quand on voit ce film, on a l’impression que les solutions viendront d’avantage des citoyens que des pouvoirs publics ?

CD : Oui et non. Je pense surtout que le monde de demain a besoin d’être beaucoup moins centralisé qu’il ne l’est aujourd’hui. On ne peut plus vivre dans un monde où le pouvoir est concentré entre les mains de quelques personnes. On a besoin d’un monde d’avantage organisé en réseau où chaque membre de la société puisse avoir plus d’autonomie, de responsabilité et de pouvoir. Un monde où chacun aura son rôle à jouer et notamment les élus qui, comme on peut le voir dans le film, ont été un moteur de transformation dans des villes comme Copenhague et San Francisco mais en adoptant un mode opératoire qui incluait vraiment les citoyens. Actuellement, nos structures politiques et économiques ne sont pas adaptées au monde de demain. Donc les solutions pourront aussi venir de gens qui sont dans ces structures qui, elles-mêmes, ont besoin de se recomposer en quelque chose de beaucoup plus inspiré de la nature, et qui ait un mode opératoire moins vertical et plus horizontal. Et puis cela apporterait des retombées économiques formidables. Rien qu’en France, la transition énergétique, la relocalisation d’une partie de l’agriculture ou encore le tri des déchets pourraient créer plus d’un million et demi d’emplois. Donc on pourrait passer d’une économie qui est, pour l’instant, très concentrée dans seulement quelques mains, ce qui la rend très prédatrice, à une économie où la richesse circulerait plus et permettrait de créer des emplois…

Pouvez vous me parler du financement du film ? J’ai cru comprendre que vous aviez sollicité des contributeurs sur la plateforme KissKissBankBank ?

CD : Depuis le début, on voulait que ce projet soit porté par des citoyens. Et puis on tenait à ce que le film soit prêt pour l’ouverture de la COP 21. Du coup, on devait commencer le tournage au plus tard au début de l’été 2014 et on avait pas le début d’un euro. On a donc levé cette campagne de financement et on a récolté en deux jours les 200 000 euros qu’on avait prévu de récolter en deux mois. Au final, on a eu près de 450 000 euros, ce qui constitue le record du monde pour la participation à un documentaire. Autant vous dire qu’on était ravi car on voulait que ce financement représente une part très significative du budget. Et puis ça nous a permis de constater l’importance de l’engouement qu’il pouvait y avoir autour de ce sujet. Ce qui nous a d’ailleurs également permis d’intéresser d’autres partenaires du cinéma comme des producteurs ou des chaines de télévision qui ont accepté de s’investir dans le film.

Spectateurs ne vous leurrez pas ce dit-documentaire est un vrai film passionnant.

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Demain Mars Distribution Affiche

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