La CSU bavaroise s’éloigne de plus en plus de la CDU

La CSU, parti-sœur de la CDU depuis toujours, commence à mener une vie propre. A droite de la CDU et en mettant en péril la position jusqu’alors incontestée de la chancelière Angela Merkel.

Deux qui s'entendent de moins en moins bien - Horst Seehofer et Angela Merkel. Foto: Michael Lucan, Munich / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Des différences entre les deux parti-sœurs CDU et CSU ne représentent pas une révolution. Depuis des décennies, les deux partis jumelés se sont souvent chamaillés, à commencer à l’époque des années 70 et 80 avec le virulent chef de la CSU Franz-Josef Strauss qui menait la vie dure à ces collègues de la CDU. Mais ces différends n’avaient jamais réellement mis en cause la coopération de ces deux partis jumelés qui en fait, ne formaient qu’un seul. Car si la CSU ne participe pas aux élections en dehors de la Bavière, la CDU, elle, ne participe pas aux élections en Bavière. La CSU est donc considérée comme la « CDU bavaroise ». Mais cela pourrait changer.

C’est le chef de la CSU, Horst Seehofer, qui met actuellement tout en œuvre pour provoquer une scission entre les deux partis. Le dossier des réfugiés constitue de la dynamite entre les deux partis, Horst Seehofer menant une politique qui va à l’encontre de celle d’Angela Merkel. Après ses visites chez le ministre-président hongrois Viktor Orban, le faucon européen lorsqu’il s’agit de l’accueil de réfugiés, Horst Seehofer demande maintenant l’introduction du référendum comme ultime moyen de décision politique, à l’instar de ce qui se pratique en Suisse. Pour ouvrir la voie aux populistes ?

Les exemples du référendum sur le Traité sur une Constitution Européenne, le vote sur le « Brexit » ou celui sur l’indépendance écossaise ou encore celui sur l’accueil de réfugiés en Hongrie, n’a visiblement pas suffi. La CSU veut maintenant organiser un vote parmi ses adhérents qui eux, devront décider si le parti bavarois démarre une initiative législative en ce sens à Berlin.

Pourtant, les dernières évolutions montrent clairement que le référendum n’est pas le moyen de décision politique idéal, qu’il ouvre la porte à des décisions prises sous le coup de l’émotion, sous l’influence de populistes. Il suffit de regarder certains votes en Suisse, comme celui qui finalement interdisait la construction de minarets en Suisse – lors de la campagne, les Suisses avaient l’impression que le pays alpin était rempli de minarets, mais au moment du vote, la Suisse comptait exactement 4 minarets – assez pour permettre aux populistes de créer le sentiment que la Suisse était menacée par des mosquées à tout coin de rue.

Mais cette démarche de la CSU ne vise pas que la question du référendum, le parti vise surtout à se démarquer d’Angela Merkel qui elle, ne cesse de baisser dans les sondages et la CSU craint d’être entraîné dans ce mouvement vers le bas. Si l’extrême-droite de l’AfD ne risque pas de jouer un grand rôle en Bavière où la CSU défend depuis des décennies des position aussi conservatrices que celle de l’AfD, Horst Seehofer craint toutefois cette baisse générale de la CDU qui pourrait aussi avoir un impact sur la CSU. Et, peut-être encore plus important, Horst Seehofer rêve depuis longtemps de la chancellerie à Berlin – en démontant la chancelière, il se propose comme un successeur potentiel, l’homme fort venu de la Bavière.

Puisque le « Grundgesetz », la constitution allemande, ne prévoit pas le référendum comme moyen de décision politique, des ténors de la CDU se sont dépêchés à déclarer qu’ils ne soutiendraient en aucun cas cette initiative de la CSU, ce qui pourrait effectivement entraîner une scission entre ces deux partis qui jusqu’alors, ne formaient qu’un seul.

Comme tous les populistes, le chef de la CSU Horst Seehofer, se présente comme un défenseur des droits des citoyens : « Je cherche la coalition avec les citoyens », a-t-il dit, « on ne peut pas décider de la participation citoyenne en fonction d’un résultat positif ou négatif de tels votes ». Si des référendums peuvent être organisés au niveau des Länder (on se souvient du référendum concernant la construction de la gare souterraine à Stuttgart, « S21 »), ce type de vote n’est pas prévu au niveau national. Si jamais la CSU devait démarrer une telle initiative, le paysage politique en Allemagne risque de se fractionner encore un peu plus. Les populistes et extrémistes se frottent déjà les mains…

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