La Hongrie n’a plus sa place dans l’Union Européenne

Prise d’otage de réfugiés, violences commises par les forces d’ordre, installation d’un barbelé à la frontière serbe, attaques sur la liberté de la presse - il faut revoir le statut de la Hongrie en Europe.

L'eurodéputée Rebecca Harms a documenté comment la Hongrie laisse les réfugiés à l'abandon à la gare de Budapest. Foto: Rebecca Harms, Wendland, Germany / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Il serait trop facile de réduire le problème hongrois à la seule personne de Viktor Orbán, le ministre-président hongrois, qui ne cesse de lancer des attaques sur les valeurs démocratiques et européennes. Mais après son dernier coup, la prise d’otages d’un train de réfugiés à 40 km au nord de Budapest, suivi par un chantage fait au gouvernement allemand («si vous n‘acceptez pas d‘accueillir ces réfugiés, nous les malmenons là où nous les détenons»), il faudra penser à réfléchir à des mesures contre la Hongrie. Qui ne consiste pas uniquement de son chef de gouvernement défendant ouvertement des idées antidémocratiques, mais également de tout un peuple qui le laisse faire. Sans broncher. Sans réagir. Sans s’opposer à une politique totalitaire qui contraste totalement avec les traditions politiques à Budapest.

Du temps du Bloc de Varsovie, la Hongrie et surtout la ville de Budapest constituaient une exception – à Budapest, un vent de liberté soufflait toujours, les cafés de Budapest étaient des centres de rencontre des intellectuels de l’est, qui y retrouvaient également, dans une relative liberté, leurs homologues occidentaux qui pouvaient librement voyager en Hongrie. Et que dire de l’action hongroise en 1989, lorsque le barbelé entre l’est et l’ouest fur ouvert pour permettre à de milliers de réfugiés de l’Allemagne de l’Est de passer à l’ouest ? Mais cette époque est bien révolue.

Aujourd’hui, il faut croire que la politique totalitaire et antidémocratique de Viktor Orbán trouve l’approbation de la population hongroise. Ses mises en grades répétées selon lesquelles l’Europe serait en train de se faire submerger par des musulmans, semblent fonctionner – les Hongrois se taisent et regardent Orbán maltraiter les réfugiés.

De plus, Orbán ne cache même pas ses positions antidémocratiques. Mais là, il est en train de dépasser les bornes européennes. Il faut le stopper avant que ses positions ne deviennent contagieuses dans les pays limitrophes – ce qui commence déjà. Ainsi, la République Tchèque commence également à faire du chantage au gouvernement allemand en sous-entendant que si l’Allemagne n’accepte pas les réfugiés transitant la République Tchèque, Prague pourrait les interner et maltraiter comme le font les Hongrois.

La Hongrie de Viktor Orbán n’a plus sa place en Europe et encore moins dans l’Union Européenne. Mais Orbán a de la chance. Si jamais il représentait un gouvernement de gauche comme la Syriza en Grèce, l’Europe aurait déjà réagi. Mais Orbán représente l’extrême-droite, une sensibilité considérée par ses pairs européens de «respectable».

Et on aimerait entre une opposition hongroise, une voix qui condamnerait cette politique extrémiste de Viktor Orbán, cette prise d’otage cynique de tout un train de réfugiés qui ont retrouvé la liberté uniquement parce que l’Allemagne a fini par céder au chantage du chef du gouvernement hongrois. Si on a pu suspendre la Russie au sein du Conseil de l’Europe, il devrait y avoir un moyen de suspendre les représentants hongrois à Bruxelles et à Strasbourg, du moins le temps que la Hongrie retrouve le chemin vers la démocratie. Actuellement, la Hongrie ne peut pas être un partenaire parmi les partenaires – l’UE n’est pas une organisation qui a de la place pour des antidémocrates, xénophobes et d’autres énergumènes aux idées proches de celles qui ont déclenché la catastrophe en Allemagne dans les années 30 du siècle dernier.

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