La nouvelle précarité allemande

Avant même que les conséquences économiques de la Covid-crise ne se soient présentées, la pauvreté s’aggrave en Allemagne. Les retraités vivant seul sont particulièrement menacés.

C'est ça, la "dignité" garantie par la Consitution ? Foto: blu-news.org / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Vivre seul comporte un risque croissant en Allemagne – selon des informations du gouvernement allemand, fin 2019, 26,5% des personnes vivant seules étaient menacées par la pauvreté et ça, c’était avant la crise sanitaire. Dans le contexte de la corona-crise, ce chiffre risque encore d’augmenter de manière inquiétante ces prochains mois. Ce sont les retraités qui sont le groupe le plus menacé – depuis 2006, le taux des retraités qui peuvent être concernés par la pauvreté, a augmenté de 15 à 24%. Un retraité vivant seul sur quatre. Pourtant, l’article 1 de la Constitution allemande, du « Grundgesetz » stipule que « la dignité de l’Homme est intouchable ». Mais quelle est cette dignité si un retraité sur quatre est exposé au risque de la pauvreté et ce, dans l’un des pays les plus riches du monde ?

Pour Sabine Zimmermann, députée de « Die Linke », le gouvernement doit agit immédiatement. « La corona-pandémie risque d’empirer la situation pour les personnes vivant seules ; le gouvernement doit mettre un accent particulier sur ce problème en 2021 et mettre en œuvre un programme ambitieux ». Pour changer cet état des choses, elle propose de mieux encadrer les emplois précaires, d’augmenter le salaire minimum à 12€/h et d’augmenter les indemnités du chômage partiel à 90% du dernier salaire net. La députée Sabine Zimmermann a raison – même si ces mesures coûtent de l’argent, il est plus onéreux de gérer et d’administrer la « nouvelle précarité » dans des franges de la population qui hier encore, pouvait assurer sa survie matérielle sans trop de difficultés.

La pandémie nous oblige à revoir nos priorités et, par conséquent, l’organisation même de nos sociétés. Dans quasiment toutes les civilisations, on s’occupait des « vieux » qui étaient respectés, intégrés dans la vie sociale, et matériellement sécurisés. Et aujourd’hui ? A un moment où nos sociétés génèrent des richesses comme jamais avant, on laisse un retraité sur quatre sur le seuil de la pauvreté ?

Suite à la pandémie, les questions sociales nous occuperont comme jamais avant et en vue de l’évolution, des réponses devront être apportées rapidement. Les inégalités sociétales s’accentueront et les conflits sociaux qui depuis 2018, se traduisent de plus en plus souvent par des affrontements violents entre ceux qui pensent n’avoir plus rien à perdre et l’état, risquent de s’enflammer à nouveau dès que cette crise sanitaire touchera à sa fin.

Etre actuellement au gouvernement, n’est pas un cadeau. Crise sanitaire, crise sociale, crise environnementale, crise de sécurité, crise économique – et aucun de ces sujets ne peut souffrir un report vers un futur incertain. Dans ce contexte, un « retour vers le monde d’avant » semble exclu. A force des choses, nous devrions développer de nouveaux modèles sociétaux qui doivent apporter des réponses à toutes ces crises et dans ce processus, nous ne somme pas en droit de laisser les « vieux » en rade. La justice sociale ne peut pas rester en vain mot à un moment où un nombre croissant de personnes ne peut se nourrir que grâce aux œuvres charitables.

Qui sait, peut-être cette pandémie aura aussi des aspects positifs. Si cette crise multiple nous oblige à réorganiser nos sociétés de manière plus juste, plus humaine, ce serait une bonne chose. Si cela semble compliqué dans un monde corrompu et dirigé par les grands capitaux internationaux, il n’y aura que peu d’alternatives. Quand un retraité sur quatre sombre dans la précarité, c’est que nous sommes sur le mauvais chemin. Espérons que la pandémie nous permet de retrouver une meilleure orientation.

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