Là où l’amitié franco-allemande n’est pas qu’un vain mot…

Les célébrations du 60e anniversaire du Traité d'Elysée à Paris et chez nous, n'auraient pas pu être plus différentes. La cérémonie entre Strasbourg et Kehl était très authentique.

Une belle petite cérémonie a marqué les 60 ans du Traité d'Elysée entre Strasbourg et Kehl. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – C’est le maire de la ville de Kehl, Wolfram Britz, qui avait trouvé la formule du jour. Sur la passerelle du tram Beatus Rhenanus, haut sur le Rhin, Britz disait: « Sommes nous ici du côté allemand ou du côté français ? A vrai dire, je m’en fiche… ». Et pendant que l’on parlait à Paris de « Zeitenwende » (changement d’époque), tout en soulignant que les relations entre la France et l’Allemagne seraient au beau fixe, les intervenants de la simple cérémonie entre Strasbourg et Kehl, trouvaient des mots plus justes.

Il faisait froid, quelques flocons de neige dansaient sur le Rhin, et cette cérémonie était de celles auxquelles on aime bien assister. Personne n’abusait de cette occasion pour se mettre en avant, on parlait des projets franco-allemands dans la région, des 1200 projets inscrits dans le « Schéma transfrontalier » de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) et plusieurs des intervenants invitaient les instances du transfrontalier à utiliser le Traité d’Aix-la-Chapelle, cette extension du Traité d’Elysée qui permet, du moins théoriquement, de développer la coopération transfrontalière. Qui elle, lorsqu’elle est bien menée, conduit à l’amitié franco-allemande, qui est quelque chose que nous vivons quotidiennement dans la région du Rhin Supérieur.

Les courtes interventions (courtes, parce qu’il faisait vraiment froid…) de Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg, Wolfram Britz, Maire de Kehl, Josianne Chevalier, Préfette de l’Alsace et du Grand Est, Frank Scherer, Landrat de l’Ortenau, Bärbel Schäfer, Regierungspräsidentin de Freiburg et Frédéric Bierry, Président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), ne montraient pas seulement l’engagement pour cette coopération franco-allemande, mais on entendait aussi la volonté d’être plus performant, plus engagé dans cette coopération qui deviendra un élément-clé dans le futur développement de la région.

La dimension européenne de cette coopération locale se manifestait également dans la présence des deux eurodéputées Anne Sander et Fabienne Keller, mais aussi par celle de plusieurs élus strasbourgeois comme Jean-Philippe Maurer ou encore celle de la Consule Générale d’Allemagne à Strasbourg, Jutta Gisela Frasch.

Il n’y a pas de doute qu’au niveau local, il y a une vraie envie de travailler ensemble. Mais contrairement au conseil des ministres qui se tenait en simultané à Paris, les acteurs politiques dans la région savent de quoi ils parlent. La coopération franco-allemande n’a pas besoin de discours de dimanche et du luxe des palais parisiens et berlinois, mais de gens sur place qui retroussent les manches et qui se mettent à l’œuvre. Ce ne sont pas les belles déclarations qui peuvent relancer le « moteur européen », mais le travail concret, l’implication de la société civile et la volonté de faire avancer cette coopération dont la région a un besoin vital.

Si l’amitié franco-allemande existe bel et bien dans la région du Rhin Supérieur, les décideurs parisiens et berlinois n’affichent que peu d’enthousiasme pour la cause transfrontalière.

Mais, force est de constater que le Traité d’Elysée a changé notre vie quotidienne dans la région. Là où à l’époque, un contrôle de la frontière avait lieu, circule aujourd’hui un tram et les Strasbourgeois et les Kehlois vivent ensemble dans un espace de vie partagé. Les floralies en 2004 ont changé la physionomie de cette ancienne frontière pour donner naissance à une dynamique urbanistique de part et d’autre du Rhin.

Et c’est encourageant de voir les élus allemands et français développer de vraies amitiés – ils se côtoient depuis des années dans les différentes structures, se connaissent et pour beaucoup, s’apprécient. Ce qui n’est pas tout à fait le cas à Paris où Emmanuel Macron et Olaf Scholz avaient du mal à communiquer autre chose que de l’hypocrisie. A un moment, ou le « franco-allemand » bat de l’aile à Paris et Berlin, il est inutile de faire semblant que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Dans notre région frontalière, on peut s’attendre à un grand nombre de projets franco-allemands pour cette nouvelle année et on ne peut que souhaiter du courage aux acteurs. Pour mieux ancrer cette coopération dans la perception des gens, réitérons une proposition faite depuis des années – il serait judicieux d’offrir deux ou trois sièges d’observateur à des représentants de la société civile dans les instances des Eurodistricts. Transparence, écoute, coopération entre les instances et la société civile – voilà les maître-mots pour les décennies à venir ! Vive l’amitié franco-allemande !

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