La reprise (50) – Bilan intermédiaire tripartite

A l’occasion du 50e numéro de notre série « La reprise » qui documente la relance économique à Strasbourg, interview avec les responsables des trois enseignes que nous suivons depuis Mai 2020.

Jean-Marc Mura, Yannick Garzennec et Jacques Zucker - trois qui ne baissent pas les bras... Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Depuis le mois de Mai 2020, Eurojournalist(e) suit trois enseignes du centre-ville strasbourgeois dans leurs efforts de relancer l’économie de la ville. Jamais nous ne pensions que cette série allait jusqu’au numéro 50… Pour marquer ce triste jubilée, nous avons interviewé les trois responsables du « Muensterstuewel » (Yannick Garzennec), de l’Hôtel Cathédrale (Jean-Marc Mura) et de la boutique « Blanc du Nil » (Jacques Zucker). Mais malheureusement, il ne s’agit que d’un bilan intermédiaire… Interview.

15 mois depuis le premier confinement, 15 mois de notre série « La reprise ». Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?

Yannick Garzennec : Nous sommes en vie ! Tous nos établissements existent encore et en vue des circonstances, c’est énorme !

Jean-Marc Mura : Je ressens une certaine fierté, une certaine satisfaction. Avec les moyens de bord, nous avons réussi à garder la tête hors de l’eau.

Jacques Zucker : Je ne suis pas découragé. Nous nous battons comme d’habitude et heureusement que ma femme et moi-même, nous ne baissons pas les bras et ce, malgré une baisse de notre chiffre d’affaires de -70%.

Comment est-ce que ça se passe au niveau de vos équipes après cette phase interminable ?

JMM : 80% de nos salariés sont de retour et 20% sont toujours au chômage partiel. Pour pouvoir nous adapter aux consignes qui changent en permanence, il sera crucial de pouvoir compter le plus longtemps possible sur cet instrument qui est le chômage partiel.

YG : Nos équipes sont au complet, oui ! Jusqu’à l’annonce de la mise en œuvre du pass sanitaire, nous étions même en recherche de personnel ! Pendant les confinements, nous avions mis le temps à profit pour proposer à nos salariés, tout un programme de formation et de qualifications professionnelles. Aujourd’hui, tous nos salariés sont heureux de retrouver leurs métiers et ils sont très motivés !

JZ : En vue de la baisse de notre chiffre d’affaires, nous n’avons pas pu engager une vendeuse comme les autres années, donc, avec ma femme, on doit compenser à notre niveau et on le fait avec le même engagement que depuis un an et demi…

Et comment gérez-vous, à titre personnel, tous ces hauts et bas que nous traversons depuis si longtemps ?

JMM : Il faut relativiser. Nous avons eu de la chance, car nous n’avions pas un seul cas de Covid chez nous. Le plus important actuellement, c’est que la famille et les proches aillent bien, que nous soyons en bonne santé. Bien sûr, nous connaissons des jours sans et des jours où le moral va mieux, mais soyons honnêtes, nos problèmes sont des « problèmes de riches ». Mais dans une situation où les problèmes viennent de l’extérieur et que nous n’avons aucune influence sur ce qu’il se passe, il faut gérer. Mais évidemment, nous connaissons, comme tout le monde, des jours où on se lève le matin et le sourire nous fait défaut.

YG : C’est l’incertitude qui est difficile à vivre. Mais dans la vie, il y a des choses essentielles et des choses importantes. Comme le dit Jean-Marc, l’essentiel, c’est la famille, les proches, la santé et le travail. Pour l’instant, nous avons assuré l’essentiel, on a pris soin de ce qui compte vraiment et maintenant, nous espérons pouvoir repartir vers une vie normale.

JZ : En 12 ans d’exploitation de notre boutique, nous n’avons jamais du faire appel aux banques. Nous n’avons jamais rien demandé à personne. Cette année, c’est la première fois que nous avons du demander un crédit pour pouvoir payer notre loyer et les charges. C’est regrettable que notre marque n’a pas fait le moindre geste pour nous soutenir dans cette situation, mais on fera avec.

Et comment voyez-vous la suite, en particulier les mois qui viennent ?

YG : Si tout ça pouvait s’arrêter avant qu’on n’arrive au numéro 100 de votre série, ce ne serait pas du refus… mais je m’interdis toute spéculation. Nous devons continuer à travailler sur notre adaptabilité et nous arrivons à une situation où le plus grand danger n’est même plus ce virus, mais notre capacité de réagir et de nous adapter rapidement à un environnement changeant.

JMM : Beaucoup dépendra du moment où nous retrouverons tous une certaine insouciance, une envie de bouger, de voyager. Actuellement, nous avons besoin de signes positifs. On devra attendre 2022 ou même 2023 avant que les gens reprennent l’habitude de voyager. En plus, il y a aussi la question de l’offre et de la demande à Strasbourg. Je suis assez surpris de voir le nombre d’hôtels qui ouvrent actuellement à Strasbourg et qui créent une « suroffre » à un moment où il n’y a que très peu de demande. Comme Yannick, j’espère que nous ne devons pas aller jusqu’au numéro 100 – et à ce moment-là, on se retrouvera autour de sujets bien plus plaisants !

JZ : La situation risque de s’empirer encore davantage. Ce n’est pas demain que les touristes reviendront, tout comme le Parlement Européen. Les professionnels du tourisme doivent maintenant intensifier leurs efforts, surtout dans les pays voisins qui sont l’Allemagne, la Suisse, la Belgique ou l’Italie. J’espère que des structures comme l’Office de Tourisme ou le Comité Régional de Tourisme intensifient leur coopération et surtout, leurs actions, pour que la vie puisse reprendre dans une ville aussi touristique que Strasbourg.

Messieurs, merci pour cet entretien et bonne chance pour la suite ! De notre côté, nous continuerons à documenter vos efforts – jusqu’à ce que la normalité revient !

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