La révolution n’aura pas eu lieu

Pendant que les médias internationaux parlent d’une révolution en Allemagne avec une présumée réduction du temps de travail hebdomadaire, les réalités sont autres.

Malgré tout ce que l'on peut lire ces jours-ci, la semaine à 35 heures restera en vigueur en Allemagne, aussi dans la métallurgie. Foto: IG Metall / Wilhelm Zimmermann / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La grève des salariés de la métallurgie et de l’électrotechnique, lancée par le puissant syndicat IG Metall, n’aura duré que quelques jours – syndicat et patronat se sont mis d’accord sur une nouvelle convention collective. Si celle-ci prévoit effectivement des améliorations substantielles pour les salariés, elle ne représente pas la révolution du monde du travail. Il convient de regarder de près.

Pour une fois, les négociations entre syndicat et patronat ne concernaient pas uniquement les salaires, mais cette fois-ci, aussi le cadre du travail proprement dit. Côté salaires, IG Metall a obtenu plus ou moins ce que le syndicat avait demandé. Initialement, IG Metall avait demandé une augmentation de 6% plus quelques primes, à la sortie, le syndicat obtient 4,3% plus les primes et – le patronat était même prêt à accepter les 6%, mais puisque IG Metall a insisté que la durée de validité ne dépasse pas 2020, on s’est mis d’accord sur 4,3% plus les primes, ce qui constitue une augmentation intéressante.

Mais le sujet principal lors de ces négociations, c’était la possibilité de réduire le temps de travail hebdomadaire à 28 heures. Ah, l’Allemagne introduit la semaine de 28 heures, donc de 4 jours ouvrables ? Même si la plupart des médias relatent exactement cette information (« Allemagne : la semaine à 28 heures validée dans la métallurgie »), elle est tout simplement fausse.

Il est vrai qu’IG Metall voulait créer cette possibilité de réduire le temps de travail hebdomadaire. Mais à la sortie, le syndicat se retrouve avec une innovation qui dans la pratique, n’en est pas une, le patronat ayant réussi au dernier moment à diluer cette nouvelle option pour les salariés.

Initialement, IG Metall voulait créer cette possibilité de travailler seulement 4 jours par semaine avec une compensation salariale, comprendre : on travaille moins, mais on touche quand même (presque) le salaire normal. Mais ça, le patronat l’a refusé et du coup, la révolution n’a pas eu lieu. Car cette possibilité de réduire le temps de travail hebdomadaire se présente comme suit :

Les salariés sous le régime de la convention collective, auront, sous certaines conditions, la possibilité de réduire le temps de travail hebdomadaire à 28 heures et ce, pour une durée comprise entre 6 mois et 24 mois. Pendant cette période, le salarié sera rémunéré en fonction du nombre d’heures, ce qui transforme cette « révolution » en un temps partiel avec une paie partielle. Il s’agit donc simplement d’un nouveau format du temps partiel, permettant une gestion plus flexible des salariés. De plus, cette option est limitée à deux fois par salarié. En échange, il est vrai, le salarié concerné aura la garantie de retrouver son poste à temps plein après cette période.

Les conditions dans lesquelles un salarié peut bénéficier de cette nouvelle possibilité, sont par exemple l’arrivée d’un bébé ou les soins pour un membre de la famille. L’option des 28h peut effectivement arranger la situation de vie du salarié concerné, donc, c’est plutôt une bonne chose, mais puisqu’il ne s’agit que d’un temps partiel avec une perte salariale équivalent au nombre d’heures travaillées de moins, ce système ne risque pas de connaître un grand succès.

Donc, résultat des négociations – une belle augmentation salariale et un nouveau format du travail à temps partiel. La révolution, annoncée partout, n’a malheureusement pas eu lieu…

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