Est-ce que la grève des cheminots allemands était légale ?

Selon une prise de position du juriste Manfred Löwisch, ancien recteur de l’Université de Freiburg, la grève des cheminots du GDL n’aurait pas du avoir lieu.

Est-ce que la grève du GDL a été basée sur un comptage des votes des membres correct ? Foto: © Eurojournalist(e)

(KL) – Pour pouvoir déclarer une grève, 75% des adhérents d’un syndicat doivent s’exprimer en faveur de cette mesure de lutte sociale. Mais lors du vote du GDL, le syndicat des conducteurs de locomotives allemand, seuls les bulletins renvoyés au siège du GDL auraient été comptés, relatent plusieurs grands médias allemands. Ce qui expliquerait les 91% de votes en faveur de la grève ayant motivé le patron du GDL Claus Weselsky à lancer une série de grèves, dont celle de ce week-end, paralysant le pays pendant un week-end où les vacances d’automne en Allemagne commençaient dans sept Länder et se terminaient dans deux autres.

Si les abstentionnistes avaient été comptabilisés, le taux des adhérents s’exprimant en faveur de cette grève aurait été de 74%, insuffisant pour lancer la grève. Or, les protestations du syndicat sont molles. «Selon le règlement des grèves et selon les statuts du GDL, la vote a été correct et tient donc la route. Si tel n’était pas le cas, nous serions déjà devant les tribunaux.» Venant de la part du GDL, plutôt éloquent à d’autres occasions, cette réponse est faible – pas un mot sur le reproche que le comptage n’ait pas été correct.

Pour l’expert en droit de travail Löwisch, la grève actuelle n’aurait pas du avoir lieu, ce qui risque d’engendrer une situation délicate pour Claus Weselsky – le GDL risque de se retrouver avec une ardoise salée. Car la Deutsche Bahn a déjà perdu des millions pendant les dernières grèves et de millions de voyageurs auraient droit à un dédommagement. Car une grève illégale ne peut pas être considérée comme un «cas de force majeure».

Claus Weselsky, dont le but principal ne sont pas les 5% d’augmentation (la Deutsche Bahn a déjà proposé 5% étalés sur trois ans plus une prime de 330 € par cheminot organisé dans le GDL – ce qui devrait constituer une bonne base de négociation), mais la prise du contrôle de l’autre syndicat de cheminots EVG, largement plus grand que le GDL, risque gros sur ce coup. La grève de ce week-end a été particulièrement mal vécue en Allemagne, intervenant pendant un week-end de «chassé-croisé» en Allemagne. Si jamais il devait s’avérer que le vote menant à cette grève n’a pas été correct, le GDL risque tout simplement de disparaître.

Claus Weselsky aura porté un sacré coup au monde syndicaliste. Ses déclarations arrogantes («Bien entendu, nous allons nous mettre en grève [pendant ce week-end sensible] – à la Deutsche Bahn, c’est la période de pointe tous les jours de la semaine») ont remonté l’opinion public estimant que ce petit syndicat (16 000 adhérents) occasionne trop de problèmes pour les familles, enfants et jeunes dont le départ en vacances est tombé à l’eau. Ayant déjà perdu le soutien dans la population, personne ne bougera le moindre doigt pour Weselsky si le reproche d’un faux comptage devait se confirmer. A suivre.

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