L’Allemagne durcit le ton vis-à-vis des demandeurs d’asile
Sous la pression de la rue, le parlement allemand a voté une nouvelle loi sur l’asile qui rend la vie difficile à ceux qui sont déjà malmenés par la vie.
(KL) – Le gouvernement CDU/SPD à Berlin est content, l’opposition crie au scandale – la nouvelle loi sur l’asile divise l’Allemagne. «Inhumaine», ainsi qualifie l’opposition au Bundestag cette nouvelle loi, qui a été votée par l’écrasante majorité CDU/SPD au parlement allemand : 429 députés ont voté en faveur du nouveau texte, 147 ont voté contre. Pour les premiers concernés, les demandeurs d’asile, le froid s’installe en Allemagne.
Le but avoué de cette loi est la réduction du nombre de réfugiés qui arrivent en Allemagne. Pourtant, la chancelière Angela Merkel avait parfaitement raison la semaine dernière, lorsqu’elle avait dit que si l’on souhaite réduire le nombre de réfugiés, il convient en premier lieu de régler les causes qui motivent les réfugiés à quitter leur pays. Comprendre : tant que la guerre sévit en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, le nombre de réfugiés ne baissera pas, ce qui est assez logique. La nouvelle loi ne pourra donc pas contribuer à baisser le nombre de réfugiés, mais seulement rendre la vie plus difficile pour ceux qui ont réussi à venir jusqu’ici.
C’est la deuxième fois en quatre mois que le parlement allemand vote une nouvelle loi sur l’asile et à chaque fois, ces textes deviennent plus restrictifs. Voici les points principaux de cette nouvelle loi :
• Procédure d’asile accélérée. Désormais, les demandeurs arrivant de «pays d’origine sûrs», seront accueillis dans des centres d’accueil spéciaux où leurs requêtes seront traitées dans le cadre d’une procédure accélérée. De plus, les réfugiés dans cette catégorie auront l’obligation de ne pas quitter la commune où se trouve le centre d’accueil auquel ils sont assignés – le tout pour pouvoir les expulser plus rapidement dès que leur requête a été refusée. Seul problème – l’Allemagne considère de nombreux pays comme «pays d’origine sûr» qui sont tout sauf sûrs.
• Suspension temporaire du droit de faire venir les membres de sa famille. Les demandeurs d’asile auxquels on n’accorde pas l’asile, mais qui ne sont pas expulsés parce qu’ils risquent de la torture ou pire dans leur pays, se voient retirer le droit de faire venir leurs familles et ce, pendant deux ans. Pour les familles déplacées et déchirées, cette règle est particulièrement cruelle. Exception : Les demandeurs d’asile dans cette catégorie pourront faire venir leurs familles si les membres de la famille se trouvent dans des camps de réfugiés en Turquie, en Jordanie ou au Liban. Toutefois, pour que cette exception puisse fonctionner, il faudra d’abord conclure un accord avec les partenaires européens. Et un tel accord est tout sauf probable.
• Participation au coût de l’intégration. Les demandeurs d’asile à qui on accorde le droit de suivre des cours d’intégration (donc, les demandeurs d’asile desquels on pense qu’ils aient de bonnes chances d’être acceptés) devront désormais participer au coût de ces cours et ce, à hauteur de 10 € par mois. Cette mesure se veut symbolique, ne risque pas de générer de fortes entrées d’argent, mais affecte ceux qui doivent calculer au cent près.
• Expulsions facilitées. Tout sera mis en œuvre pour expulser plus rapidement les demandeurs d’asile refusés. Ces expulsions seront désormais également possible en cas de maladies légères, seulement des maladies graves constitueraient une raison pour reporter une expulsion. Il manque seulement la définition de «maladies légères» et de «maladies graves».
L’opposition allemande ne comprend pas la rapidité avec laquelle cette nouvelle loi a été votée. Une députée des Die Linke, Ulla Jelpke, a vivement critiqué la procédure au Bundestag. «En cinq jours, vous faites passer une loi en référé», a-t-elle reproché au gouvernement, «l’unique but de la Grande Coalition étant de pouvoir expulser rapidement des gens dont elle veut se débarrasser. C’est insupportable et écœurant». Il y a de fortes chances à ce que bon nombre de demandeurs d’asile partage cette opinion.
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