Quand les partenaires sociaux se comportent comme des partenaires…

Les 2,5 millions de salariés dans la fonction publique en Allemagne, obtiendront une augmentation salariale substantielle et ce, après quelques grèves très courtes. Patronat et syndicats ont cherché et trouvé une solution.

En Allemagne, les partenaires sociaux sont... des partenaires. Foto: Lucas / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Les 2,5 millions de salariés de la fonction publique en Allemagne peuvent afficher un grand sourire – ils obtiennent une augmentation salariale importante, en suivant la proposition des médiateurs Hans-Henning Lühr et Georg Milbradt, qui étaient intervenu après que les négociations entre syndicats et patronat avaient échouées. Si la Présidente de la Fédération du Patronat Communal Karin Welge estime qu’il s’agit de « l’accord salarial le plus cher de tous les temps », tout le monde se montre satisfait du résultat – du rétablissement de la paix sociale, une valeur très importante dans les relations entre les partenaires sociaux en Allemagne.

Cet accord salarial concerne les salariés non-fonctionnaires de la fonction publique, comme les éducateurs et éducatrices, les chauffeurs de bus, les personnels dans les piscines publiques, les sapeurs-pompiers, des personnels administratifs, les infirmières, les personnels dans les stations d’épuration, les gardes-forestiers, les médecins dans la fonction publique et d’autres. Généralement, ce genre d’accord salarial est ensuite repris par les fonctionnaires. Les 2,5 millions de salariés concernés, toucheront une « prime inflation » de 3000 €, dont la première tranche de 1240 € sera versée avec le salaire du mois de juin, et ensuite, à partir de juillet, cette prime sera versée mensuellement à hauteur de 220 € et ce, jusqu’au mois de février 2024. A partir de mars 2024, les salariés toucheront 200 € brut supplémentaires par mois et leurs salaires augmenteront de 5,5%, mais 340€ brut minimum. La durée de cet accord salarial sera de 24 mois, ce qui donne une plus grande stabilité budgétaire pour les communes, qui elles, devront débourser environ 17 milliards € pour financer cette augmentation. Une autre approche que l’aumône de 100 à 230€ que le président français accorde dans sa générosité aux instituteurs…

Le but de cette plus forte augmentation salariale depuis des décennies est simple – il s’agit d’équilibrer (dans la mesure du possible) l’inflation et les prix d’énergie qui ont explosé. Ceux qui pourront en profiter, sont en grande partie ceux qui avaient porté l’Allemagne à bout de bras pendant les confinements de la pandémie, ceux que la population avait applaudi et cette augmentation constitue une belle reconnaissance pour la contribution de ces métiers au vivre-ensemble dans la société.

Pour les salaires les plus faibles, cette combinaison de « prime inflation » et augmentation salariale, peut se traduire par une augmentation totale pouvant atteindre 13,4% pour certains métiers notoirement mal rémunérés – un vrai progrès social pour ceux qui se trouvent en bas de l’échelle salariale.

Bien sûr, il y a plein de choses qui ne fonctionnent pas bien en Allemagne non plus. Mais le rapport entre les partenaires sociaux y est exemplaire. Patronat, syndicats, administrations et le monde politique ne se considèrent pas comme des « adversaires », mais réellement comme des partenaires animés par un objectif partagé – le fonctionnement du monde du travail et de la société.

Le chef du puissant syndicat Ver.di, Frank Werneke, explique comment cette augmentation se traduira concrètement : « Une aide-soignante touchera, dans le cadre de cet accord salarial, une augmentation durable de 400€ par mois, un éboueur verra son salaire augmenter de 357€ par mois, ce qui correspond à une augmentation effective de 13,4% ! » Voilà le résultat lorsqu’une politique salariale n’est pas uniquement menée dans l’intérêt du patronat.

Si la paix sociale a son prix en Allemagne, qui se chiffre donc à 17 milliards d’euros, on constate que cette paix sociale est chère à la politique allemande qui est prête à investir beaucoup d’argent pour la paix et l’équilibre social. Cet accord salarial n’a rien à voir avec l’aumône que le président français accorde généreusement sous la pression de la rue à un corps de métier qui est, en comparaison avec les salaires des enseignants dans les autres pays européens, dramatiquement sous-payé.

Une fois de plus, on constate des différences de taille entre le fonctionnement français et allemand. Et il est positif de constater qu’en Allemagne, « ceux qui ne sont rien », ne soient pas considérés comme des citoyens 2e classe – cette augmentation améliorera sensiblement la condition de vie de ceux qui généralement, ne gagnent pas beaucoup d’argent. Un exemple à suivre ?

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