Allemagne – résilience contre le néo-fascisme

Après un début de l'année marqué par des tensions sociales, l'Allemagne prend conscience du danger du néo-fascisme grandissant.

"Le brun est la couleur de la m...." et "Tout le monde déteste les nazis" - à Berlin et partout en Allemagne. Il était temps... Foto: Leonhard Lenz / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Il fait froid ces jours-ci en Allemagne. Pas vraiment une météo pour aller manifester pendant des heures. Pourtant, c’est ce qu’il se passe actuellement partout en Allemagne : des grandes, des très grandes manifestations contre les néo-fascistes ont lieu partout en Allemagne et il y a comme un réveil que l’essor de l’AfD représente un véritable danger pour le pays. Des dizaines, des centaines de milliers de personnes s’expriment et ce qui est surprenant, c’est que ce soit la « majorité silencieuse » qui se fait entendre.

Ces manifestations avaient un élément déclencheur. C’est le média investigatif « Correctiv » qui avait rapporté une conférence qui avait lieu à Postdam où un néo-fasciste autrichien, des membres de l’AfD, de la CDU et des industriels avaient discuté de la « réimigration », un terme fasciste qui veut dire l’expulsion en masse de personnes qui ne sont pas de pure souche allemande, si nécessaire, avec de la force et à ce moment-là, on ne parle plus de « rémigration », mais de « déportation » et là, on se trouve carrément dans la dialectique nazie.

Heureusement, la publication de cette conférence scandaleuse (ayant au moins des conséquences pour les membres de la CDU qui participaient et qui risquent l’exclusion du parti), a eu un effet d’électro-choc en Allemagne. Depuis, et tous les jours, des manifestations sont organisées partout en Allemagne et les gens crient haut et fort qu’ils ne veulent pas des néo-fascistes. Il y a comme un mouvement citoyen qui se crée pour stopper cet essor de l’ultra-extrême-droite, des sportifs et des artistes s’y mêlent et le bruit que fait cette vague anti-fasciste, est impressionnant.

Hier, à Hambourg, 80 000 personnes avaient bravé le froid et l’affluence à cette manifestations était telle que les gens étaient collés les uns contre les autres jusqu’à ce que les premiers perdaient conscience par manque d’air. C’était le moment où pour des raisons de sécurité, la manifestation était dissoute. Mais seulement pour reprendre aujourd’hui et ce, dans une centaine de ville allemandes, y compris dans les villes du Rhin Supérieur comme Freiburg, Karlsruhe, Baden-Baden ou Offenburg. Et ces manifestations ne s’arrêteront pas après ce week-end. La prise de conscience que la bête n’est pas morte, a choqué l’Allemagne.

Cette résilience anti-fasciste arrive au bon moment, dans une année où l’Allemagne vivra 3 élections régionales et l’élection européenne.

Il est vrai que cette conférence néo-fasciste à Potsdam, à un jet de pierre du Wannsee où avait lieu en 1942 la conférence pendant laquelle les nazis avaient décidé l’extermination des Juifs, rappelle des références historiques qui ont fait comprendre la gravité et le danger de la montée des néo-fascistes à de nombreux Allemands. Pas trop tôt…

Ces manifestations à des températures négatives risquent de continuer pendant un bon moment et c’est le coach du SC Freiburg, Christian Streich, qui a trouvé la bonne formule : « Ceux qui ne comprennent pas qu’il est midi moins cinq, se rendront également coupables ». A noter : la Ligue de Football Allemande (DFL) appelle également à manifester, tout comme de nombreux clubs professionnels, des artistes, des associations, des ONGs, des politiques. Le rejet du néo-fascisme sur un front aussi large pourrait effectivement changer la donne pour l’AfD qui se voit déjà sur les traces brunes du passé allemand.

Soutien total à ce nouveau mouvement anti-fasciste populaire qui nous enseigne quelque chose d’important : le néo-fascisme n’est pas un phénomène contre lequel on ne peut rien, il faut s’organiser, dire « non ! » et voter de façon à ce que cette peste brune n’aille pas plus loin. Dommage que cet élan citoyen se limite actuellement à l’Allemagne, mais il serait beau si l’étincelle anti-fasciste allemande pouvait traverser les frontières. Ce serait comme une victoire sur l’Histoire allemande. Avant qu’il ne soit trop tard.

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