« L’Atlas secret du renseignement » par Bruno Fuligni

« Les services de renseignement ont connu une expansion de leurs effectifs et de leurs moyens financiers et de leur budget absolument sans précédent », souligne Bruno Fuligni dans ce vade-mecum réactualisé du parfait espion.

L'Hôtel de la Païva, 25 Champs-Elysées, point de rencontre des espions de tous pays... Foto: Fred Romero from Paris, France / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0int

(José-Manuel Lamarque / France Info) – Focus sur le monde du renseignement avec Bruno Fuligni pour son ouvrage, « l’Atlas secret du renseignement », édition 2024, 130 cartes et infographies pour découvrir la face cachée du monde du renseignement, en partenariat avec le Bureau des Légendes.

Bruno Fuligni, cet atlas édition 2024, a évolué depuis l’année dernière.

Bruno Fuligni : Oui, disons que l’année dernière, tous les exemplaires ont disparu en trois semaines. Alors je veux y voir évidemment l’action de services de renseignement étrangers. Mais du coup, avec les éditions Gründ, nous avons décidé de faire une nouvelle édition, revue et augmentée, de façon à ce que le grand public ait accès au B-A-BA du renseignement, avec toutes les bases, le vocabulaire, les éléments clés.

L’idée, c’est de les rassembler, et comme l’a dit un vieux briscard du renseignement, « Monsieur, rassembler des sources ouvertes dans un même document, c’est déjà faire du renseignement. » C’est l’objet du livre.

Vous qui avez fréquenté ces milieux du renseignement pour ce gros ouvrage, où en sont les services de renseignement des pays européens dans une actualité très chaude pour l’Europe ?

Bruno Fuligni : Alors il y a un mouvement général qui est mondial, qui n’est pas strictement européen, d’une augmentation des moyens de l’ensemble des services de renseignement, services de renseignement intérieur, par le biais évidemment de l’antiterrorisme. Et puis bien sûr, un besoin de renseignement extérieur.

Donc, les services de renseignement ont connu dans toute l’Europe, et dans tout le monde, non seulement le monde occidental, mais bien sûr en Russie et en Chine, une expansion de leurs effectifs et de leurs moyens financiers, de leur budget, absolument sans précédent. Et il faut bien voir qu’il n’y a jamais eu autant d’officiers de renseignement, d’agents et d’espions qu’aujourd’hui.

Quel est le meilleur service de renseignement en Europe ?

Bruno Fuligni : En fait, on pense souvent aux Britanniques, mais du coup, on a tendance à oublier les Allemands. Le service allemand, le BND (Bundesnachrichtendienst), est une vraie puissance, et, là où l’on voit que le BND est très bon, c’est qu’on n’en parle quasiment jamais. Et ils sont très bons, parce que déjà historiquement, au départ, ce sont des services qui ont été constitués par les Américains, dans la zone occidentale, à partir des débris des services de renseignement du Reich, l’Abwehr.

Alors d’abord sous l’égide des Etats-Unis, et puis ensuite devenant véritablement le BND, services d’un État allemand, je dirais normalisés avec trois branches très bien organisées. Et évidemment, ce qui se passe à l’est de l’Europe les a en quelque sorte dopés. Mais ce que je remarque surtout, c’est leur fabuleuse discrétion, qui est vraiment la vertu cardinale dans le monde de l’espionnage.

Page 164, vous nous faites découvrir les Suites secrètes, les palaces préférés des espions en Europe, l’hôtel Sacher à Vienne, le Métropole à Moscou, le Stafford de Londres, et puis à Paris, l’Hôtel de la Païva, 25 Champs-Elysées. Aujourd’hui, c’est un club privé, le Travellers Club…

Bruno Fuligni : Déjà, il y a une histoire célèbre, la Païva, grande courtisane née en Russie, et qui a beaucoup sévi en France, qui a fait véritablement fortune, et donc, c’est pour elle qu’a été bâti cet hôtel. Magnifique hôtel particulier, que les Goncourt avaient surnommé «  Le Louvre du cul  », puisque la Païva est mise en scène partout, avec des statues assez dénudées. Et dans cet hôtel, étaient invitées un certain nombre de personnalités politiques, de diplomates, et on sait par des rapports de police, que la Païva faisait ensuite des rapports à l’empereur d’Allemagne, dans les années 1870.

Et puis plus tard, cet hôtel est devenu le siège parisien de ce club assez huppé, avec des diplomates, des avocats, des responsables politiques britanniques. Et par exemple, dans ce club, vous avez des chambres qui peuvent être louées, mais la numérotation n’est pas continue. C’est-à-dire qu’il y a plusieurs chambres qui ne sont jamais proposées à la location, même aux membres.

Et on sait également, qu’il y a une chambre qui est réservée de droit au ministre britannique des Affaires étrangères. Le Foreign Office a de toute façon toujours une suite complète à disposition, quoi qu’il arrive, à cet endroit-là, sur les Champs-Élysées.

Et on peut déjeuner Boulevard Victor, au « Point de chute »…

Bruno Fuligni : Un restaurant qui est très bien situé, juste en face du nouveau ministère des Armées, tenu par un ancien des forces spéciales…

Ce « Micro Européen » est passé sur France Info samedi 9 décembre. Vous pouvez l’écouter en replay en cliquant sur CE LIEN

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