Lamarque-Littmann : la grève aussi en Allemagne

Le « Micro européen » de José Manuel Lamarque sur « france:info » vous entraîne chez les voisins allemands. Des grèves ont commencé sous la houlette de deux syndicats, notamment le plus grand syndicat des cheminots qui demande une augmentation de 12%, minimum, soit 650 euros par mois.

Dans son "Micro européen", José Manuel Lamarque explique l'Europe aux auditeurs de france:info. Foto: NASA / Wikimedia Commons / PD

(JML) – Le syndicat allemand des cheminots EVG en grève réclame 12% d’augmentation des salaires. Le syndicat Ver.di, est un peu moins gourmand, et demande 10,5% minimum, soit 500 € par mois. Le patronat a du mal à suivre. Focus sur l’Allemagne avec Kai Littmann, directeur d’Eurojournalist.eu, depuis les locaux d’Eurojournalist.eu à Strasbourg. La situation sociale est très tendue également en Allemagne avec des grèves qui risquent de durer.

On se demande si l’Allemagne suit l’exemple de la France, les grèves commencent ?

Kai Littmann : Les grèves commencent effectivement sous la houlette de deux syndicats qui sont Ver.di, le syndicat du service public, et le EVG, qui est le plus grand syndicat des cheminots et qui ont des postulats salariaux assez importants.

Ver.di en Allemagne, c’est la fédération de plusieurs syndicats, c’est un énorme syndicat ?

KL : Une puissance absolue, et on l’a vu le 27 mars dernier, quand l’Allemagne était vraiment à l’arrêt quand Ver.di avait appelé à la grève, pas d’avions, pas de trains, les jardins d’enfants fermés. Quand ces deux syndicats se mettent ensemble pour organiser une grève, ça fait mal. Et ça va certainement continuer, même si pour les fêtes de Pâques, les syndicats ont appelé à ne pas faire grève pour ne pas pénaliser les usagers. Néanmoins, le troisième tour de négociations s’est soldé par un échec. Et effectivement, tout de suite après Pâques, il faut compter sur d’autres grèves.

Il faut dire que les revendications sont très lourdes ?

KL : Elles sont franchement assez salées, les cheminots demandent une augmentation de 12%, minimum, 650 € par mois, Ver.di est un peu moins gourmand, et demande 10,5% minimum, 500 € de plus par mois. Et effectivement, le patronat a du mal à suivre. Je pense à l’exemple de la Deutsche Bahn qui est une entreprise qui a été soutenue à coup de milliards d’euros pendant les crises des trois dernières années. Et effectivement, ils ont plus du mal à faire ce geste-là.

La Deutsche Bahn, ce sont les chemins de fer allemands. Qu’en est-il de cette fameuse « sozialpartnerschaft » allemande, puisque avant, c’était toujours le patronat et les syndicats qui se réunissaient régulièrement pour éviter les conflits sociaux ?

KL : Effectivement, il y a beaucoup plus de discussions entre les partenaires sociaux en Allemagne qu’en France. Donc oui, il y a un autre type de communication entre les syndicats et le patronat. Mais ça ne règle pas tout.

Et là, le bât blesse pour la coalition, pour le gouvernement de Monsieur Scholz ?

KL : Ils essaient de sauver cette coalition, mais avec trois partis qui ont des fondamentaux radicalement opposés, on se demande si cette coalition peut aller jusqu’au bout. Tout le monde au niveau politique se tient actuellement à l’écart de ce conflit social entre les syndicats et le patronat. Mais à un moment donné, il faut aussi que la politique prenne position.

Vous nous rappelez la coalition…

KL : Il s’agit du SPD, donc les sociaux-démocrates et le FDP, les libéraux, qui sont déjà très différents du SPD, et les Verts, qui ont encore d’autres idées, et les trois partis ont vraiment énormément de problèmes pour trouver des accords.

Les salariés allemands regardent-ils toujours vers la France ?

KL : Oui, tout à fait, le mouvement social en France a carrément déclenché des discussions sur le sens de la vie, sur le sens du travail. Est-ce qu’il faut réellement travailler de plus en plus longtemps ? Quid de la productivité qui, avec l’espérance de vie, a explosé ? Ce qui fait qu’en principe, les gens sont en droit de demander une retraite plus tôt. Mais c’est la même situation en Belgique, en Allemagne, dans d’autres pays. Ce mouvement en France a déclenché beaucoup, beaucoup de réflexion.

Et pour les salariés allemands aussi, une réalité relativement grave, c’est que beaucoup d’entreprises allemandes sont en train de délocaliser aux Etats-Unis ?

KL : Oui, c’est la nouvelle mode de délocaliser aux USA. Aujourd’hui, la Chine n’est plus le partenaire fiable que tout le monde avait souhaité. Effectivement, on se tourne de plus en plus vers les Etats-Unis, ce qui pourrait être à nouveau une erreur, parce qu’il faut peut-être aussi quitter cet ordre de pensée, que les Américains sont nos amis. Les Américains roulent pour les États-Unis, comme l’Europe roule pour l’Europe. Elle n’a pas d’amis outre-Atlantique, on a des partenaires et avec ces partenaires, il faut peut-être aussi travailler autrement, que de se soumettre, sans aucune nécessité, aux réalités américaines.

Ce qui n’a strictement rien à voir avec la survie de la coalition ?

KL : Non, rien du tout. Là, on parle vraiment d’une question salariale, syndicale. La politique se tient actuellement à l’écart de ce débat, même si un moment donné, on va certainement nommer un médiateur qui serait issu d’un mouvement politique. Et du coup, il y aura une couleur politique aussi dans ce débat. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas.

Vous pouvez réécouter toute l’interview en replay en cliquant ici !

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