L’Autriche opte pour un président écologiste

Les votes par correspondance ont fait la différence lors du 2e tour des élections présidentielles – l’écologiste Alexander Van der Bellen devance le populiste Norbert Hofer d’une courte tête.

Le nouveau président autrichien Alexander Van der Bellen a du pain sur la planche... Foto: Franz-Johann Morgenbesser, Vienna, Austria / Wikimedia Commons / CC-SA 2.0

(KL) – Soulagement parmi tous ceux qui craignaient que l’Autriche puisse élire un président d’extrême-droite – au 2e tour des élections présidentielles en Autriche, l’écologiste Alexander Van der Bellen devance le populiste Norbert Hofer de 31.026 votes. Avec 50,35%, il devient ainsi le nouveau président autrichien – son concurrent Hofer doit se contenter de 49,64%. Les Autrichiens ont donc stoppé de justesse le déferlement de l’extrême-droite sur le pays. Mais pour combien de temps ?

Si ce résultat constitue une lueur d’espoir, même si actuellement, on doit se réjouir de chaque élection qui ne voit pas l’extrême-doite gagner, la joie risque d’être de courte durée. L’Autriche, comme d’autres pays européens, est divisée entre des ultranationalistes et les autres qui les regardent avec stupéfaction. Actuellement, ceux qui craignent cette vague d’extrême-droite, comptent encore 31026 électeurs et électrices de plus dans leurs rangs que les néonationalistes et eurohostiles. Dans deux ans, l’Autriche élira son nouveau parlement et en vue de la dégringolade des partis traditionnels, le SPÖ et l’ÖVP, on imagine déjà le scénario.

Que peut donc faire le nouveau président autrichien pour renverser cette tendance ? En Autriche, le rôle du président est surtout représentatif, même s’il dispose dans certains cas d’un droit de véto et qu’il a la possibilité de limoger le chancelier ou l’ensemble du conseil des ministres. Toutefois, ces cas sont réglés très précisément dans la constitution autrichienne qui limite les possibilités d’une intervention politique de la part du président. Par conséquent, Alexander Van der Bellen devra interpréter son rôle surtout en tant que «sur-père de la nation», comme gardien des valeurs humanistes et européennes et ce ne sera pas facile. Van der Bellen devra mobiliser les têtes bien pensantes, fédérer ceux qui luttent contre la prise du pouvoir à Vienne par l’extrême-droite qui se dessine pour 2018.

Deux ans, c’est court. Alexander Van der Bellen le sait. Il sera impératif qu’il présente ces prochaines semaines, un plan d’action politique, qu’il opère une sorte de repositionnement politique de l’Autriche dont le gouvernement SPÖ/ÖVP souffre actuellement du manque de légitimation démocratique, puisque les deux partis n’avaient totalisé que 22% des votes lors du premier tour des présidentielles.

En Autriche comme dans d’autres pays européens, nous assistons actuellement au crépuscule des dieux des partis traditionnels. Un cycle touche à sa fin et il est fort à craindre que le cycle qui commence, nous ramène vers un passé nationaliste en Europe. Ce nationalisme a toujours été la base de guerres, de conflits, de souffrances, d’injustices. Il serait temps que les pro-européens, les humanistes et ceux qui défendent les valeurs européennes, se réveillent et qu’ils fassent bloc contre ce «remake» de l’Histoire. Alexander Van der Bellen peut et doit y contribuer. C’est la mission que 50,35% des électeurs autrichiens lui ont conféré.

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