Entre l’ultra-droite et l’extrême-droite

L’Autriche aussi vire à droite – le populisme xénophobe a le vent en poupe. En Autriche comme ailleurs. Inquiétant.

L'élection de Sebastian Kurz n'a rien de rassurant pour la suite en Europe. Foto: Dragan Tatic / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Oui, on assiste actuellement à un changement de génération dans la politique. Après les Trudeau, Macron et autres, maintenant, Sebastian Kurz (31 ans) devient le nouveau chef du gouvernement autrichien. Et l’extrême-droite se positionne comme le deuxième parti en Autriche – on voit approcher une coalition de l’ultra-droite avec l’extrême-droite.

La tendance européenne se confirme. L’extrême-droite européenne a le vent en poupe. AfD en Allemagne, PVV aux Pays-Bas, Front National en France et maintenant, le FPÖ en Autriche. Avec 27,4% des votes (+6,9), le FPÖ devient la deuxième force politique en Autriche, juste battu par les conservateurs de l’ÖVP de Sebastian Kurz (31,4%, +7,4). Le SPÖ, lui, obtient 26,7% (-0,1) et le jeune chancelier aura un choix à faire – soit la reconduction d’une coalition ÖVP-SPÖ, soit une coalition avec l’extrême-droite du FPÖ. En vue de la proximité des idées entre l’ÖVP et le FPÖ, il y a de fortes chances à ce que l’Autriche soit gouvernée désormais par une coalition très, très à droite.

Le repli nationaliste suit les mêmes mécanismes que les mouvements séparatistes que l’on observe actuellement un peu partout en Europe. Face à une mondialisation que personne ne comprend, mais qui est perçue comme une menace, le repli national et régional se concrétise dans les urnes.

La xénophobie comme programme politique, c’est une recette qui fonctionne en 2017. Ainsi, le nouveau chancelier s’était félicité pendant sa campagne de la fermeture de la « route des Balkans » qui avait effectivement empêché l’arrivée de réfugiés, mais qui avait en même temps causé la mort de milliers de réfugiés sur la Méditerranée car en l’absence d’une route terrestre, les réfugiés reprenaient la route par la mer où d’innombrables réfugiés ont péri, périssent et continueront à périr. Vraiment de quoi être fier.

Pour l’Europe et le développement européen, cette montée du néonationalisme constitue un véritable danger. Les populistes invalident les principes les plus sacrés de l’Union Européenne et sacrifient l’idée d’une Europe solidaire, sociale et humaniste sur l’autel des xénophobes et des marchés.

L’égoïsme national est le contraire d’une Union forte et solidaire et le résultat de ces élections en Autriche ne fait qu’augmenter l’inquiétude. Que les Merkel, Macron et autres se le disent – il est temps de livrer et d’apporter de vraies réformes à cette Europe qui, à défaut de se positionner rapidement sur ses valeurs de toujours, risque de se transformer en berceau pour un nationalisme bête et méchant qui pourrait prendre la même tournure qu’au siècle dernier. La vigilance ne suffira plus, il est temps que les Européens et Européennes se rebiffent contre cette évolution qui nous conduit tout droit vers un remake des catastrophes que l’Europe a déjà vécu le siècle dernier.

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