Le champion du jonglage financier

Monsieur B devrait être ministre des finances français. Acculé par les dettes, il jongle avec des finances d'autres et ce faisant, comme le relève, la commission rogatoire, diligenté par Madame Lemaître-Fréour, juge d'instruction, « il mène un train de vie soutenu et dépense toujours plus qu'il ne gagne. »

Monsieur B. a autant de chance que Gontran Duck. Un peu trop, peut-être ? Foto: (c) sbd-film.de

(KL) – On vous a présenté le cas des époux C. qui sont sur le point de perdre leur patrimoine honnêtement gagné par leur travail. Mais dans ce dossier, le personnage de Monsieur B. pose de nombreuses questions. Il jongle avec les crédits (dont, selon la Police Judiciaire, les remboursements sont systématiquement en souffrance), il vit (toujours selon la même source) au-dessus de ces moyens et pire, il a fait preuve de la « volonté de tromper la juridiction ». Mais malgré le fait qu’il soit dans une situation de « déconfiture financière », Monsieur B. bénéficie d’un statut « d’expert » auprès de la Cour d’Appel de Rennes où, comme par hasard, se déroule le plus claire de la procédure qui oppose Monsieur B aux époux C.

C’est cocasse : la Cour d’Appel de Rennes fait appel à « l’expertise », dans des procédures qui déterminent la future vie des personnes concernées, de Monsieur B. et ce, pour les sujets suivants : Analyse de gestion, Finance de l’Entreprise (!), Opérations de banque et de crédit (pas mal pour un « expert » notoirement surendetté, interdit bancaire, qui ne rembourse pas ses crédits…), Opérations d’assurance et de Gestion de risques, Opérations financières internationales, Stratégie et Politique générale d’entreprise et Diagnostic d’entreprise.

L’idée qu’un tribunal puisse prendre des décisions dans des procédures financières sur la base de « l’expertise » d’une personne qui a échoué dans la gestion de ses propres entreprises, n’est guère rassurante pour tous ceux qui doivent passer devant ce tribunal. On peut se poser la question pourquoi une personne qui se trouve en « déconfiture financière », et dont il est acté par les autorités qu’elle touchait le RSA juste après les liquidations de ces sociétés, ait pu être nommée comme « expert financier » auprès de la Cour d’Appel de Rennes…

Mais, comme dit, Monsieur B est un champion de jonglage financier. Etre aux abois, ne l’empêche pas d’acquérir des biens immobiliers d’une valeur de plusieurs millions d’euros, car heureusement, cet aficionado de bolide allemand (immatriculé au nom d’une société radiée depuis douze ans) se sert du compte de sa fille pour encaisser des sommes dont on ignore l’origine.

Et Monsieur B. fait aussi penser à Gontran Duck, le veinard qui est toujours au bon endroit au bon moment. Le plus clair de la procédure se déroulant devant la Cour où Monsieur B. est considéré comme un « expert financier », où il se trouve entouré de ses collègues, le tribunal estime qu’effectivement que les époux C. subissent un tort sans nom, sans se sentir obligé de rectifier les jugements qui, malgré « la volonté de monsieur B de tromper la juridiction », vont dans le sens de Monsieur B. Quelle chance ! Quelle chance que son avocat entretient une belle amitié d’hommes avec l’un des présidents de la Cour d’Appel de Rennes, quelle chance que le tribunal prend des décisions sur la base de « faits » dont le contraire a déjà été acté par les autorités et d’autres juridictions, quelle chance que la « haute société » de la région fréquente les mêmes cercles que Monsieur B. !

Mais ce n’est pas tout. Quelle chance pour Monsieur B. d’avoir trouvé une banque qui lui avait prêté plus de 850.000 € et ce, malgré le fait que, selon sa déclaration de revenus, ses revenus mensuels s’élevaient à ce moment-là à 3.172,25€ !

Il y a un peu trop de « chance » pour Monsieur B. dans le dossier des époux C. qui risquent de se voir privés du fruit de toute une vie de travail honnête. On peut se poser la question, si un moment donné, la Cour d’Appel de Rennes n’aurait pas du se déclarer incompétente pour traiter cette affaire et la délocaliser devant une autre cour où Monsieur B. n’était pas en lien avec tous ceux qui y prennent des décisions.

A un moment où le Sénat débat d’un projet de loi visant à réinstaurer « la confiance en la justice », cette affaire est incroyable. Si plusieurs instances juridiques, dont la Cour Suprême, ont déjà acté que les époux C. n’aient ni commis d’erreur, ni agit de manière délictuelle, mais étaient les victimes, il est surprenant que cette Cour maintienne les jugements en faveur d’une personne qui a soit une « chance comme Gontran Duck », ou qui est, comme le qualifient certains de ses anciens contacts professionnels, comme « escroc ».

Nous allons, pour le prochain article de cette série, demander à tous les acteurs de ce dossier pourquoi ils ont agi et continuent à agir ainsi. Ce ne sont pas les questions qui manquent…

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