Le FPÖ, un supermarché libre service pour ses dirigeants

Elections législatives dimanche en Autriche et scandale aux prébendes

La candidate du SPÖ, le parti social-démocrate : Pamela Rendi-Wagner Foto: SPÖ Presse u.Kommunikation/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Si le score du FPÖ demeure plutôt constant malgré toutes ses scandaleuses vicissitudes, les élections ne réussissent décidément guère à ce parti d’extrême-droite autrichien et à ses dirigeants. Juste avant les élections européennes du 26 mai, l’ex-leader et ex-chancelier FPÖ, Heinz-Christian Strache, s’était fait surprendre en train de vendre la moitié de l’Autriche à la Russie. Hier, 3 jours avant les législatives, on apprend que Strache s’est paisiblement servi dans la caisse, à raison d’au moins 12 500 euros… par mois ! Curieuses occurrences – mais les faits n’en sont pas moins réels, à chaque fois.

Voici le second scandale Strache… Trois jours avant les élections législatives, anticipées précisément par suite de l’« Ibizagate », c’est-à-dire la première Affaire Strache, l’ancien dirigeant du parti d’extrême-droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, est accusé d’avoir détourné des sommes considérables provenant du budget de son Parti. Et d’avoir généreusement arrosé son responsable de la sécurité avec l’argent dudit parti. Et… Et… Et !

Le garde du corps de Strache, Oliver R. (qui bénéficie de la présomption d’innocence) a été arrêté au beau milieu de la nuit de lundi à mardi. Il était accusé d’avoir facturé et siphonné plus de 5000 euros de dépenses privées de Strache, sans que l’on sache si l’ex-dirigeant a touché quelque chose de cette somme. Mais la “confession” d’Oliver R. a été fort intéressante pour les policiers : il les a informés que, comme d’ailleurs des gens bien placés au FPÖ l’en soupçonnaient, Heinz-Christian Strache aspirait 10 000 euros par mois de « frais » dans les caisses du parti, et 2 500 euros de loyer… De telles pratiques rappellent fort l’existence de nabab que menait le célèbre Jörg Haider, autre sangsue du FPÖ, avec sa famille, ses voitures et son amant voici une dizaine d’années en Carinthie.

Bien entendu, Strache crie au complot. Il y a peut-être eu complot pour lui nuire, en effet. Mais la version de l’ex-vice-chancelier n’est pas convaincante : il affirme que depuis plusieurs années, une bande de criminels s’active contre lui, et que le chef de ce réseau ne serait autre que son garde du corps…

A l’intérieur même du parti, on n’y croit guère ; des rumeurs semblaient d’ailleurs courir depuis au moins un an sur les dépenses somptuaires de Strache. Certes, au sein du FPÖ comme dans la plupart des partis politiques, Homo homini lupus, mais l’importance de ces racontars paraît dépasser le cadre de la malveillance et du ressentiment traditionnels à l’égard de celui qui, un temps, réussit au sommet.

Même si l’origine et les instigateurs des opérations qui ont violemment éclairé la main de Strache plongée dans le grand sac du parti… et des contribuables restent mystérieux, on ne peut que se féliciter de bénéficier d’une telle amorce d’assainissement de la politique. On aimerait voir cette tornade blanche balayer certains autres pays proches, tout proches.

Pour ce qui est des législatives anticipées de dimanche, au fait, quels sont les pronostics ? En somme, les sondages donnent gagnant le grand parti conservateur « populaire », l’ÖVP : 34 ou 35 %. Le s Verts atteindraient 10 ou 11 %. Quant au FPÖ, son score restera bon, sans guère de changement depuis le précédent scrutin de mai : au moins 20 %. L’ « Ibizagate » du printemps dernier et le scandale actuel ne jouent donc guère de rôle dans le choix des électeurs habituels du parti d’extrême-droite : ils demeurent fidèles, ainsi qu’on peut s’en assurer en écoutant indiscrètement les conversations dans les rues des villes et des campagnes autrichiennes, à leur hostilité envers l’islam et les migrants. Et donc au parti.

Reste le vieux et solide SPÖ, le parti social démocrate qui dirige la mairie de Vienne depuis le début du 20ème siècle ! Certes, il n’est crédité que de 20 ou 21 % des voix. Mais il bénéficiera d’une excellent candidate : Pamela Rendi-Wagner, médecin de formation, est pugnace, acérée, proche des préoccupations des gens et exempte, au contraire des deux partis para-facsisto-catholiques, de toute démagogie mensongère et dangereuse. Elle est même élégante, c’est vous dire…

Bonne chance aux Verts et au SPÖ !

 

 

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