Le maire de Gdansk poignardé à mort

Un acte politique commandé ?

Le maire de Gdansk, Pawel Adamowicz, l'un des meilleurs maires polonais, a été assassiné dimanche Foto: Rudolf H.Boettcher / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 4.0Int

(MC) – Le maire de Gdańsk, Paweł Adamowicz, a été poignardé dimanche soir vers 20 heures lors de la finale du Grand Orchestre de Charité (WOSP), le téléthon polonais, qui collecte des dons pour les redistribuer aux hôpitaux du pays. Un homme à l’air agité a asséné plusieurs coups de couteau à cet homme politique charismatique et très apprécié des ses administrés. Adamowicz est mort à l’hôpital lundi en début d’après-midi, a déclaré hier vers 15 heures le ministre de la Santé, Lukasz Szumowski.

L’agresseur, un homme de 27 ans, aurait été condamné voici quelques années à plus de 5 ans de prison pour 4 braquages de banques à main armée. A cause de l’inefficacité absolue du service d’ordre, il a eu le temps de hurler dans le micro, juste après son agression : « On ‘a envoyé en prison alors que je suis innocent ! La Plateforme civique m’a torturé, et Adamowicz va mourir ! » L’homme semblait psychiquement atteint : très fier de son acte, souriant largement, les bras cartés en signe de victoire… On n’en sait pas plus pour l’instant.

Adamowicz a succombé à ses blessures après une lutte contre la mort qui a duré 20 heures. Des milliers de messages de soutien sont parvenus de toute la Pologne et de l’étranger. Y compris, dès dimanche soir, un message du président national-populiste, Andrzej Duda, l’un des grands adversaires politiques du maire de la grande ville au bord de la Baltique…

D’adversaires, Paweł Adamowicz n’en manquait pas. Le 4 novembre dernier, il avait été réélu très facilement. Face au parti populiste au pouvoir, le PiS (Droit et justice) mais aussi, face au parti d’opposition de centre droit, la Plateforme civique (OP), dont Adamowicz est l’un des fondateurs et auquel il a appartenu jusqu’à une date très récente.

C’est que la Plateforme Civique avait commis une grave erreur lors des élections municipales des 21 octobre et 4 novembre derniers, dans cette ville d’un million d’habitants. Ces élections se présentaient sous le signe du jeunisme : le PiS comme l’OP avaient misé sur la jeunesse de leurs candidats – et sur leur prestige par procuration, en quelque sorte. Le candidat du PiS, en effet, était le fils de Maciej Płażyński, l’un des fondateurs… de la Plateforme Civique, mort lors du crash de Smolensk qui en 2010 , avait largement décimé la classe politique polonaise. Le candidat de la Plateforme (OP), lui, n’était autre que le fils de… Lech Wałęsa !

Au vu de sa popularité, Adamowicz avait donc décidé de quitter la Plateforme et de se présenter à Gdańsk sous ses propres couleurs. Résultat : il avait été réélu avec 2/3 des suffrages, mais au 2ème tour seulement…

Un calcul aberrant et absurdement démagogique,eu égard au prestige de Paweł Adamowicz. Né en octobre 1965, ancien de Solidarność, créateur à l’époque communiste d’un journal clandestin, organisateur avec d’autres de la grande grève de 1988, juriste et universitaire de formation, il était lui aussi l’un des fondateurs de la Plateforme Civique. Une ombre au tableau, que l’opposition polonaise a quelque peu tendance à occulter : en 2015-2016, certains journalistes (de la Gazeta Wyborcza, notamment) l’accusent d’avoir « oublié » de déclarer une parti de son patrimoine…

Quoi qu’ il en soit, Paweł Adamowicz était devenu depuis bien longtemps l’emblème de sa belle et grande ville. Un maire très populaire, actif et à l’écoute (ceci expliquant cela) qui semblait inamovible, réélu sans interruption depuis 1998.

S’agit-il d’un assassinat politique ? Apparemment non, mais n’en savons pas encore assez pour nous prononcer sur ce point. Cependant, ce meurtre pourrait entraîner de désagréables conséquences politiques.

Cet article s’appuie en grande partie sur des informations produites ou compilées par le Courrier d’Europe Centrale.Pour en savoir plus : https://courrierdeuropecentrale.fr

 

 

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