Le nucléaire dévoile son vrai visage et son véritable coût

Le géant énergétique allemand E.on fait ses adieux au nucléaire, au charbon et au gaz naturel pour se concentrer sur les énergies renouvelables. Et devient ainsi plus vert que vert.

Le groupe énergétique E.on voudrait se séparer au plus vite du nucléaire, comme de sa centrale à Würgassen. Foto: Presse03 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le ministre fédéral de la justice Heiko Maas (SPD) était formel : «Nous ne laisserons pas les groupes énergétiques s‘échapper de leur responsabilité concernant le coût du stockage des déchets nucléaires», a-t-il déclaré, au grand dam des Vattenfall, RWE, E.on et EnBW qui se partagent à quatre, le marché énergétique en Allemagne. Pour cause. Car juste avant, le groupe E.on avait surpris tout le monde en annonçant son retrait des secteurs nucléaire, charbon et gaz naturel. Non pas parce que E.on aurait découvert son âme vert, mais pour des raisons économiques et probablement aussi politiques, considérant, à juste titre, que la fourniture du gaz naturel russe pourrait s’arrêter. Mais plus important que cela, c’est le coût du nucléaire qui avait inquiété E.on.

«Les secteurs cités ne génèrent plus de bénéfices dans un contexte économique difficile», a expliqué E.on et ils ont raison. Si les réserves en pétrole seront globalement épuisées d’ici 15 à 20 ans, si le gaz naturel du plus grand producteur mondial, la Russie, sera désormais mis à disposition de la Chine et des partenaires BRICS de la Russie, si le charbon est également en voie de disparition, il ne resterait que le nucléaire. Mais du coup, on constate que non seulement, le nucléaire ne peut être générateur de bénéfices financiers qu’à condition d’être massivement subventionné, on commence à comprendre que le coût du stockage des déchets nucléaires constitue un trou noir.

Car les groupes énergétiques aiment bien le nucléaire, tant qu’ils peuvent espérer que le coût du stockage de leurs déchets soit assumé par le contribuable. Selon le vieux système qui marche si bien dans le monde de la finance, «privatiser les bénéfices, socialiser les pertes», ils pensaient pouvoir exploiter les centrales construites avec des subventions énormes, encaisser les bénéfices et ensuite, laisser la société avec le problème du stockage. Mais cela ne fonctionnera pas.

L’un des problèmes, c’est que nous ne disposons pas encore de technologie permettant de stocker des déchets nucléaires pendant des laps de temps allant jusqu’à 25000 ans, le temps qu’il faut pour que des éléments tels que l’uranium 235 n’irradient plus. 25000 ans ! Si dans tous les pays adeptes du nucléaire, on essaye de se débarrasser du problème en stockant les déchets ailleurs, cela ne peut en aucun cas résoudre le problème.

Comme à Gorleben en Basse-Saxe, où on aimerait bien stocker le nombre incroyable de tonneaux contenant ces déchets nucléaires dans une installation souterraine, dans un rocher de sel, mais personne ne sait comment ce rocher se comportera dans le temps, comment il réagira aux tremblements de terre, aux inondations et d’autres problèmes. De plus, on cherche encore une technologie pour transporter ces containeurs sous terre, de manière hautement sécurisé pour ne pas endommager ces tonneaux. Résultat : dans l’entrepôt de Gorleben, les containeurs sont entreposés dans un hangar de fortune, irradiant les environs, en attendant de trouver mieux.

Maintenant que le ministre Maas a annoncé que ce ne sera pas la société qui assumera l’ardoise du stockage final des déchets nucléaires, les géants énergétiques se mettent à faire leurs calculs. Et surprise – un seul secteur semble être viable à long terme – les énergies renouvelables.

C’est ainsi que se termine le rêve du nucléaire. Non seulement il s’agit d’une technologie mal maitrisée par l’homme (Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima…), mais en fin de compte, il s’agit de la source d’énergie la plus onéreuses dans l’histoire de l’homme. Les tarifs avantageux dont ont profité les habitants de pays adeptes du nucléaires, n’étaient possible que sur fond de subventions massives et en omettant de calculer les coûts réels du service après-vente.

Le groupe E.on, lui, souhaite externaliser ses secteurs nucléaire, charbon et gaz naturel dans une société qui devrait être créée uniquement à cet effet et qui devrait être cotée en Bourse. Pour E.on, il s’agit de la seule possibilité d’échapper à la note finale de son aventure nucléaire. Mais qui voudrait bien des actions d’une nouvelle entreprise dont le seul but sera d’assumer des coûts pharaoniques, sans aucune possibilité de gagner de l’argent ?

Le réveil sera dur, surtout pour des pays qui ont totalement misé sur le nucléaire, comme la France. Le stockage final des déchets nucléaires produits par les 57 centrales françaises dépasse l’imagination, mais les générations futures devront bien gérer cela. Elles nous maudiront d’avoir joué aux apprentis sorciers, pensant que nous puissions maitriser une technologie qui nous dépasse malheureusement.

Tiens, et la centrale nucléaire de Fessenheim ? Est-ce que le Président Hollande n’avait pas annoncé une transition énergétique en France ? Pour finalement se rendre compte qu’il n’arriverait même pas une seule petite centrale ?

Il est inconcevable que l’approvisionnement en énergie, l’eau ou les transports fassent l’objet des spéculations financières – il faudra que les états prennent leur courage entre les deux mains pour reprendre le contrôle de ces entreprises. Même si cela signifie la fin du libéralisme économique – qui s’avère actuellement autant comme une erreur que le socialisme d`état tel qu’il a été vécu dans les pays du bloc de Varsovie.

Vivement les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, l’hydraulique, la géothermie et d’autres énergies renouvelables – qui constituent le seul et unique moyen d’assurer aux générations suivantes la disponibilité des ressources énergétiques nécessaires.

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