Le projet « #fairLand » veut fédérer la gauche allemande

Deux cadors de l'extrême-gauche allemande veulent fédérer toute la gauche. Une bonne idée, mais vu comme elle est présentée, elle fait plutôt peur.

Oskar Lafontaine et Sarah Wagenknecht vendent un drôle de mélange entre positions "gauches" et celles de l'extrême-droite. Foto: Maximilian Bühn / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(KL) – Sarah Wagenknecht et Oskar Lafontaine sont deux des figures de proue du parti d’extrême-gauche allemand « Die Linke ». Un peu comme Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, les deux martyrs de la gauche allemande du début du siècle dernier. Selon le magazine DER SPIEGEL, les deux veulent lancer un nouveau mouvement politique, « #fairLand », qui reprend quelques-unes des idées d’une gauche radicale, en les mélangeant de manière inquiétante avec des idées émanant des néo-nationalistes identitaires.

Fédérer les forces politiques de « gauche » (un jour, on sera obligés de définir ce que c’est exactement), est une idée intéressante, à un moment où dans différents pays, les partis de « gauche » totaliseraient ensemble environ 40% des votes, sans qu’un parti de la « gauche » n’arrive à dépasser les 20% dans les différents scrutins. Au lieu de s’unir contre la menace des populistes identitaires de l’extrême-droite, les partis de « gauche » poursuivent leur politique du nombrilisme et se disputent la légitimité d’être les seuls et vrais représentants de la « gauche ». Donc, l’idée de fédérer tout ce beau monde, n’est pas du tout mauvaise.

Les idées contenues dans un papier de position que cite DER SPIEGEL, seraient des idées que l’on attend effectivement « à gauche ». Un état social qui œuvre pour éradiquer la pauvreté, un système de taxation juste, le désarmement des états, l’arrêt des privatisations d’entreprises du service public – rien de vraiment nouveau, même s’il convient de continuer à se battre pour qu’un état social devienne enfin une réalité.

Mais en ce qui concerne l’Europe, les auteurs de ce papier de position déraillent complètement en démontrant que les extrêmes ont tendance à se rejoindre. Certains passages de ce papier se lisent comme le programme de l’extrême-droite. Davantage de personnel pour la police et la justice, réclame le papier. Empêcher l’afflux de réfugiés en intervenant dans leurs pays d’origine. Et, cerise sur le gâteau qui devrait trouver le soutien inconditionnel des crânes rasés de la « Pegida » : cette « super-gauche » demande le « maintien de l’indépendance culturelle et le respect des traditions et de l’identité en Europe ». Un joli signal aux électeurs et électrices de l’extrême-droite…

Ainsi, l’extrême-gauche et l’extrême-droite découvrent bon nombre de positions partagées. Les deux craignent donc pour « l’identité occidentale », veulent empêcher l’afflux de réfugiés et soulignent leur orientation sociale. Exit donc la belle idée d’une « gauche » fédérée. Personne ne pourra se ranger derrière un programme aussi confus, un mélange de positions extrêmes, qui ne permet même plus de distinguer entre extrême-droite et extrême-gauche.

Mais si l’extrême-gauche reprend maintenant les positions identitaires de l’extrême-droite pour les transformer en une sorte « d’euro-nationalisme » fermé et identitaire, où allons-nous ? Il vaudrait peut-être mieux si le couple Wagenknecht-Lafontaine prenait sa retraite…

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