« Les Droits de l’Homme sont une cause fascinante… »

« et je n’aurai jamais fini de les défendre ». Entretien avec Pierre-Yves Le Borgn', ancien député des Français à l'étranger et militant pour les Droits de l'Homme.

Pierre-Yves Le Borgn', un Européen convaincu à l'Ïle Tudy dans le Finistère. Foto: privée

(Réd) – Dans quelques semaines, le 23 janvier prochain, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe élira le successeur ou la successeure de la Bosnienne Dunja Mijatovic au mandat de Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe. C’est une élection importante pour un mandat essentiel pour l’Europe, les droits et les libertés.

Trois candidats sont en lice : l’ancienne ministre et commissaire européenne bulgare Meglena Kuneva, l’avocat autrichien Manfred Nowak et le directeur irlandais de l’Agence des Droits Fondamentaux de l’Union européenne Michael O’Flaherty.

Le scrutin précédent en janvier 2018 avait été disputé. Dunja Mijatovic s’était imposée de 4 voix au tour final, bénéficiant de l’appel du candidat slovène Goran Klemencic, arrivé troisième, à voter pour elle. Le candidat battu par Dunja Mijatovic était l’ancien député français Pierre-Yves Le Borgn’.

Le temps a passé depuis lors. Nous avons demandé à Pierre-Yves Le Borgn’ de nous raconter l’histoire de cette élection, forcément un peu douloureuse pour lui. Voici cet entretien, avec des anecdotes, une part d’émotion et des leçons aussi, un récit précis et circonstancié depuis l’envers du décor.

Pierre-Yves Le Borgn’, il y a 6 ans, vous étiez le candidat de la France au mandat de Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe. Comment votre candidature est-elle née ?

Pierre-Yves Le Borgn’ : Je faisais partie de la délégation du Parlement français à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe depuis mon élection à l’Assemblée nationale en 2012. Je m’y étais beaucoup investi, siégeant notamment à la Commission des affaires juridiques et des Droits de l’Homme. J’avais plaisir à travailler à l’APCE, à me plonger dans les sujets complexes et passionnants touchant aux valeurs et principes communs aux Etats européens. Je m’y sentais à mon aise, loin du théâtre de la vie parlementaire parisienne. Formé au droit européen, avec une attention particulière à l’exercice des droits fondamentaux, j’étais dans mon élément. De loin en loin, je me fis une place dans l’Hémicycle du Palais de l’Europe, reprenant en 2014 le mandat de rapporteur de l’Assemblée parlementaire sur la mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme. Cette mission de rapporteur fut pour moi une aventure passionnante et aussi un réel tournant dans ma vie publique. J’intervenais très régulièrement à Strasbourg et au-delà. Je fis des déplacements dans plusieurs pays récalcitrants, croisant le fer avec des gouvernements eurosceptiques. Je suivais aussi les travaux du Commissaire aux droits de l’homme Nils Muiznieks. Il m’arrivait d’aller échanger avec lui à bâtons rompus dans son bureau, solliciter son avis, parler librement et en toute sincérité. Et, surtout, je m’étais fait, lors d’une réunion de l’Assemblée parlementaire à Madrid, un ami cher en la personne d’Alvaro Gil-Robles, le tout premier Commissaire aux Droits de l’Homme et ancien Défenseur du Peuple en Espagne. J’allais le voir chez lui à Ségovie, il vint aussi à Paris. J’admire immensément Alvaro, son courage, son action, son bilan. C’est ainsi que l’idée me vint peu à peu d’envisager une candidature à ce mandat qui me passionnait.

Il fallait que le gouvernement français présente formellement votre candidature. Jamais un Français n’avait été candidat à ce mandat. Pourquoi vous ?

P-Y L : En vérité, jusqu’au mois de juin 2017, je ne m’étais ouvert à personne de mon intérêt pour le mandat de Commissaire aux Droits de l’Homme. J’étais certes tenté par la candidature, mais je pensais aussi que ma qualité de membre de l’Assemblée parlementaire serait peut-être incomprise, l’Assemblée parlementaire formant le collège électoral qui élit le Commissaire. Et aucun membre de l’Assemblée parlementaire n’avait jamais été candidat dans la shortlist de 3 noms élaborée par le Comité des Ministres depuis la création du poste de Commissaire en 1999. Pour cette raison, si j’avais été réélu à l’Assemblée nationale en juin 2017, je ne crois pas que j’aurais osé solliciter le gouvernement pour une candidature. Mais voilà, à la fin juin 2017, je n’étais plus député et cette prévention que j’avais, peut-être à l’excès, ne tenait plus. Je rencontrai en juillet le directeur de cabinet du Ministre des Affaires étrangères et échangeai aussi avec le Ministre. Rien n’était sûr, pourtant. Comme vous le dîtes, la France n’avait jamais présenté de candidat à cette fonction et je ne pense pas qu’elle envisageait de le faire pour cette élection de 2018. Mais j’étais là, libre, avec mon bilan à Strasbourg et mon rapport avec ses recommandations au Comité des Ministres voté à une très large majorité par l’Assemblée parlementaire au moment où ma vie publique prenait fin. J’avais acquis une reconnaissance qui rendait ma candidature plausible. J’avais très envie d’y aller et j’en fis part. Je sentais l’intérêt de mes interlocuteurs à Paris, mais leur prudence aussi. Une candidature allemande aurait peut-être écarté la mienne. L’été passa, sans signe de Berlin, sans retour immédiat du gouvernement non plus, jusqu’à la bonne nouvelle à la mi-septembre : la France présenterait ma candidature.

Comment fait-on campagne pour une telle élection ?

P-Y L : L’élection du Commissaire aux Droits de l’Homme est un long processus, qui passe par le vote du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, puis celui de la Commission des affaires juridiques et des Droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire, et enfin le vote final en séance plénière de l’Assemblée parlementaire. Les candidatures devaient être déposées au début octobre et le vote par l’Assemblée parlementaire était prévu à la fin janvier. Cela faisait près de quatre mois de campagne. Je décidai d’aller voir chaque Ambassadeur des Etats membres du Conseil de l’Europe pour me présenter, développer mon projet, convaincre. L’Ambassade de France m’était d’un concours précieux. Je vivais dans un petit hôtel de Strasbourg. J’arpentais les rues du quartier européen pour mes 46 rendez-vous. Aucun ne m’a été refusé et j’ai vu tout le monde. Pour les Ambassadeurs, j’allais devenir le candidat qui marche. Le Comité des Ministres, où siègent les Ambassadeurs, serait la première haie à franchir : pour que l’aventure aille au bout, il fallait en effet qu’il me range dans sa shortlist de 3 noms. Et nous étions 7 candidats sur la ligne de départ, 3 femmes et 4 hommes : ministres, représentants de l’OSCE, ombudsman national, professeur de droit et ancien parlementaire.

Quelles étaient les éléments essentiels de votre projet de candidat ?

P-Y L : Je défendais l’idée que le mandat de Commissaire aux Droits de l’Homme doit être central au sein du Conseil de l’Europe, que son indépendance lui permet d’agir concrètement et efficacement à la recherche de solutions, non pas sur une logique prescriptive, mais par le dialogue. Je suis un négociateur et un crapahuteur dans l’âme. La lutte contre les discriminations était au cœur de mon projet : discriminations à l’égard des étrangers, des minorités, des personnes LGBT. L’égalité de genre était importante pour moi aussi. Je voulais également mettre l’accent sur les droits économiques et sociaux, convaincu que la lutte contre la pauvreté et l’injustice sociale est un élément fondateur du système européen des droits et libertés, une condition de son acceptabilité. Et j’avais envie de porter mon action aussi sur les droits et l’intelligence artificielle, les droits et le changement climatique, les droits et l’entreprise, en bref les droits et les défis de notre temps. Institutionnellement, sans rien sacrifier de l’indépendance du mandat de Commissaire, j’entendais le rapprocher par l’échange, outre du Comité des Ministres et donc des Etats membres par les missions de terrain, de l’Assemblée parlementaire et de la Cour européenne des droits de l’homme. Je m’étais engagé par exemple à être présent à Strasbourg à la disposition des membres de l’Assemblée parlementaire à chacune de ses sessions plénières. Je trouvais la pratique du mandat de Commissaire trop distante de l’Assemblée et je voulais changer cela progressivement. Avec la Cour européenne des droits de l’homme, j’entendais faire davantage usage de la procédure de tierce intervention et m’exprimer devant la Cour pour les affaires majeures dont elle aurait à connaître.

Comment étiez-vous reçu par les Ambassadeurs ?

P-Y L : L’accueil était toujours très déférent. Il m’était difficile de lire une approbation ou un soutien à l’issue de ces réunions, qui excédaient souvent une heure. Au demeurant, la décision de me soutenir ou non serait prise dans la capitale nationale et pas par le seul Ambassadeur. Mais ce moment passé à défendre ma candidature jouerait malgré tout un rôle important dans le choix, aux côtés d’autres préoccupations plus géopolitiques. Je garde un souvenir fort de ces rencontres. Il y avait des ambassadeurs volubiles et d’autres plus réservés. Je présentais mon projet, mon parcours, mes idées. Je répondais à toutes les questions. Je me souviens de l’Ambassadeur du Liechtenstein, qui était le doyen des Ambassadeurs par la durée de son temps à Strasbourg. Il m’avait demandé d’introduire mon propos en allemand, de développer en anglais et de conclure en français. Son visage était impassible. J’avais l’impression de passer un examen d’embauche. Il me raccompagna à la porte, sans sourire. Sa sévérité m’avait mis le moral à zéro. Le lendemain, le croisant dans les couloirs du Palais de l’Europe, il me prit dans un coin pour me dire : « bravo, c’était génial ». Je me nourrissais de ces moments-là, entre espoir et crainte. L’Ambassadeur du Danemark avait allumé une très grande bougie au début de l’entretien, pour m’inspirer disait-il, et il souffla sur la bougie à l’issue de celui-ci. J’avais passé l’entretien à essayer de le voir de l’autre côté de la bougie. A l’Ambassade de Géorgie m’attendait une carafe emplie d’un liquide rouge sombre, à déguster avec l’Ambassadeur durant la réunion. Pour moi qui ne bois pas, c’était inquiétant. J’avais crainte de terminer pompette, pour découvrir finalement avec soulagement que c’était un délicieux jus de fruit géorgien. J’ai aussi le souvenir de l’Ambassadeur andorran s’excusant que la photo du co-Prince français, le Président Macron, ait été « photoshopée » avec un collier trop grand, et que manque la photo du co-Prince espagnol, l’évêque de Urgel, partie à l’encadrement.

Ces anecdotes renvoient une belle dimension d’humanité. N’y a-t-il pas eu des moments difficiles aussi ?

P-Y L : Oui, bien sûr, il y en a eu. Comme rapporteur de l’Assemblée parlementaire sur la mise en œuvre des arrêts de la Cour, je n’avais pas ménagé certains Etats membres. Je n’étais pas à l’évidence le candidat préféré de la Russie, de la Pologne, de la Turquie, de la Hongrie et de l’Azerbaïdjan. A l’Ambassade azérie, la réception fut glaciale : pas même un verre d’eau à boire. A l’Ambassade de Russie, je n’avais pas voulu laisser mon portable dans mon manteau à la réception, par crainte de je ne sais quoi… Le thé était bouillant et l’Ambassadeur me lançait parfois un « buvez ! » péremptoire qui n’incitait pas à l’optimisme. Il voulut me faire dire que les droits LGBT étaient des « valeurs occidentales ». Je m’y opposai vivement, ce qui scella certainement son opinion et celle du gouvernement russe. L’Ambassadeur de Pologne, quant à lui, me conseilla entre les lignes de ne pas aller loin sur les droits reproductifs des femmes et l’avortement si je voulais le soutien de son pays. Je refusai fermement. L’entretien prenait une fâcheuse tournure quand il s’aperçut que son joueur de football préféré en Pologne, Wlodzimierz Lubanski, avait achevé sa carrière au Stade Quimpérois, mon club d’enfance. Nous finîmes la réunion comme les meilleurs amis du monde. L’Ambassadeur d’Espagne me demanda de prendre position par écrit sur la tentative de sécession en Catalogne, requérant l’engagement que je ne remettrais pas en cause l’ordre constitutionnel espagnol. Le fait d’avoir une épouse espagnole me rendait sympathique à ses yeux, mais mes origines bretonnes et mon attachement aux langues régionales l’inquiétaient aussi. Enfin, j’ai le souvenir très ému de rencontrer le chargé d’affaires de San Marin dans le bureau de l’Ambassadeur, décédé subitement quelques jours de notre rendez-vous. Il y avait devant nous le fauteuil vide de l’Ambassadeur.

Rendiez-vous compte de votre campagne au gouvernement français ?

P-Y L : J’échangeais avec l’Ambassadeur de France Jean-Baptiste Mattei tous les soirs. Je le sentais réservé au début. A la fin de l’aventure, il m’avoua qu’il n’avait pas été très favorable à une candidature française, puis qu’il s’était pris au jeu peu à peu au point d’y croire beaucoup pour finir. Les conseils de l’Ambassadeur Mattei m’étaient vraiment précieux, sa connaissance de ses collègues Ambassadeurs m’aidait pour préparer mes entretiens. Je pouvais aussi compter sur le soutien de la direction des affaires juridiques du Quai d’Orsay et celui d’un jeune rédacteur nommé Aurel Treizenem, auquel je dois beaucoup. Je parlais régulièrement à Clément Beaune, qui était alors le conseiller du Président Emmanuel Macron pour les affaires européennes. Et le Président de la République m’associa à sa visite à la Cour européenne des droits de l’homme à la toute fin octobre, à l’occasion de laquelle, s’exprimant devant les juges et les Ambassadeurs de tous les Etats membres, il mentionna ma candidature et l’espoir qu’elle puisse convaincre. Je me sentais soutenu et j’en mesurais l’honneur. Dans les capitales nationales, nos Ambassadeurs bilatéraux portaient ma candidature. Le gouvernement ne se mêlait pas de ce que je disais ou défendais. Je partageais tous mes textes, mais j’étais moi-même, libre de mes thèmes et de mes mots. Une fois seulement, mon expression sur la liberté de religion fit tiquer, parce qu’elle n’était pas calée classiquement sur les messages et termes français relatifs à la laïcité. Mon usage de l’anglais préoccupait un peu aussi. C’est vrai que je faisais campagne plus souvent en anglais qu’en français. Je voulais gagner et m’exprimer en anglais me permettait de convaincre plus directement des interlocuteurs pas toujours à l’aise en français, et ceux-là étaient une majorité.

Le premier vote fut celui du Comité des Ministres. Comment se déroula ce vote ?

P-Y L : Ce fut certainement le moment le plus solennel et intimidant de la campagne. La salle du Comité des Ministres, qui est toute ronde, était bondée. J’avais tous les Etats membres face à moi, ces Ambassadeurs que j’avais rencontrés dans les semaines précédentes, mais aussi bien d’autres personnes dont je ne connaissais pas l’identité et que je pressentais très importantes. Nous étions 7 candidates et candidats : albanais, bosnienne, finlandaise, grec, polonaise, slovène et français. Il n’en resterait que 3 après les auditions. Chaque candidat était auditionné par le Comité des Ministres selon un format précis : 15 minutes d’exposé et 30 minutes de questions et réponses. J’étais le quatrième à passer. Je m’étais installé dans le bureau de la représentation française au sein du Palais de l’Europe, lisant et relisant mon texte tellement que je finis par le connaître par cœur. Je l’avais divisé en deux parties, l’une en français, l’autre en anglais. Et j’avais décidé de répondre aux questions des Ambassadeurs dans la langue qu’ils choisiraient pour m’interroger. J’étais concentré, tendu comme un arc, totalement entré dans mon discours. J’étais impressionné et motivé en même temps. 45 minutes plus tard, j’étais heureux et même fier de ma prestation. J’avais tout donné. J’étais vidé aussi, comme si j’avais perdu 2 ou 3 kilos en une heure. J’avais l’impression d’avoir livré mon unité d’homme. Il restait à attendre le vote du Comité des Ministres, qui interviendrait le lendemain après-midi. Peu d’informations filtraient sur les intentions des Etats membres. L’Ambassadeur Mattei m’invita à déjeuner avant le vote, me disant sa confiance, mais aussi la crainte que des jeux diplomatiques jouent peut-être contre moi.

Quels jeux diplomatiques ?

P-Y L : Il y avait d’abord l’idée que le mandat de Commissaire aux Droits de l’Homme ne devait pas aller à un ressortissant d’un grand pays, a fortiori à l’Etat hôte du Conseil de l’Europe. C’est quelque chose que j’avais ressenti parfois au détour de certains entretiens, sans en prendre cependant toute la dimension. Je trouvais cela injuste et infondé, les Etats membres étant égaux les uns des autres et le candidat étant l’individu, non son pays, mais c’était une perception ancrée et je devais l’entendre. Elle pouvait conduire certains pays à ne pas me glisser dans leur shortlist de 3 noms. Et il y avait aussi, par une coïncidence de candidatures françaises à des fonctions internationales cet automne-là, celle de l’ancienne Ministre de la Culture Audrey Azoulay au poste de Directrice-Générale de l’UNESCO, pour laquelle le gouvernement français avait ardemment sollicité le soutien de chacun des Etats membres. Il risquait donc d’y avoir une lassitude des candidatures françaises à répétition desservant in fine la mienne au Conseil de l’Europe. J’avais cela en tête au moment d’attendre le résultat du vote. Mais j’avais malgré tout confiance, nourri par le travail en amont fait auprès des Ambassadeurs individuellement, ces quelque 60 heures de réunions en tête à tête et la cinquantaine de kilomètres à pied parcourus dans Strasbourg d’une Ambassade à l’autre depuis le début octobre jusqu’à ce jour du 23 novembre. Je calmais ma crainte en allant voir « Au revoir, là-haut » au cinéma. Puis vint l’appel de l’Ambassadeur : « vous êtes dans la shortlist, et vous êtes arrivé premier ».

Quelle fut votre réaction ?

P-Y L : J’étais ravi, bien sûr. Soulagé, bouleversé aussi. Je ne m’étais pas trompé en me lançant dans ce travail de proximité, que n’avait effectué aucun autre candidat. Il avait payé. Le vote acquis, certains Ambassadeurs se lâchèrent, parlant plus librement avec moi. Je compris que je n’étais pas du tout le favori à l’origine, que ma candidature avait été accueillie avec politesse, mais une forme de scepticisme aussi, et que c’était ma présence en campagne, mes thèmes, mon engagement et sans doute ma personnalité également qui avaient retourné peu à peu la perception initiale. Ainsi que mon grand oral devant le Comité des Ministres. Une étape était franchie. Les autres candidats shortlistés étaient le ministre de la Justice slovène Goran Klemencic et la représentante bosnienne de l’OSCE pour la liberté des médias Dunja Mijatovic. Nous ne nous étions pas encore croisés. Ceci viendrait vite, car l’étape d’après serait une autre audition, suivie d’un vote important, quoiqu’indicatif, devant la Commission des affaires juridiques et des Droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire au début du mois de décembre. Du Comité des Ministres, la balle passait désormais chez les parlementaires. De lointain outsider, j’étais devenu un candidat sérieux. J’étais le premier ancien membre de l’Assemblée parlementaire shortlisté pour le mandat de Commissaire aux Droits de l’Homme et j’allais être auditionné par la Commission dont j’avais été membre des années durant. La réunion de la Commission se tint au siège parisien du Conseil de l’Europe. Ce fut ma première rencontre, agréable, avec mes deux concurrents. Quand vint le vote, j’obtins la majorité absolue. J’étais heureux et je commençais à caresser prudemment la perspective de la victoire en séance plénière au mois de janvier. Rétrospectivement cependant, ce vote favorable eut un impact contrasté.

Pourquoi ?

P-Y L : Parce que j’apparaissais tout d’un coup comme le grandissime favori. Et mes concurrents utilisèrent cela contre moi. Etait-il juste que l’Assemblée parlementaire élise un ancien membre, par réflexe de solidarité entre parlementaires ? L’élection en séance plénière à la fin janvier était-elle jouée d’avance ? J’entendais cela dans les retours que me transmettaient nos Ambassades bilatérales. Il restait un mois avant le vote final et la campagne devait se transporter dans chaque Parlement national. Je pris la décision de contacter chaque Parlement et de proposer une intervention en visioconférence ou in situ. Mon flyer de campagne, écrit initialement en français, anglais, allemand, italien, espagnol et russe, fut traduit en près de 20 langues par mes copains d’études au Collège d’Europe et à l’Académie de droit européen. Il y avait dans mon cercle d’amis un enthousiasme formidable, une énergie incroyablement touchante qui m’a fait toucher du doigt les ressorts les plus profonds de l’amitié. C’était un truc de fou. Entre autres, je me retrouvai avec un flyer en islandais, en serbo-croate et en finlandais. Je me souviens d’un copain, ancien Ministre islandais, sur le pont à Reykjavik pour m’aider. Et d’un autre ami, à l’œuvre auprès des parlementaires portugais. Mes posts sur les réseaux sociaux entraînaient des likes par centaines. Je fus invité à m’adresser in situ aux Parlements allemand, britannique, ukrainien, belge, néerlandais, luxembourgeois, espagnol et portugais. En Allemagne et en Espagne, je croisais mes concurrents. Je mis un point d’honneur à m’exprimer en portugais à Lisbonne et en espagnol à Madrid. Je sais que cette attention touchait. Et j’y tenais. Mon message, alors que se profilaient les derniers jours de campagne, étaient : le candidat que je suis ne sera aucunement différent du Commissaire si vous m’élisez. J’espérais convaincre, je ne cherchais pas à plaire en esquivant certains thèmes.

Fallait-il esquiver, pour reprendre votre mot, éviter certains sujets qui fâchent ou qui clivent ?

P-Y L : Non, je ne le voulais pas. Je ne sais si mes concurrents le faisaient. Je remarquais simplement que certains thèmes revenaient régulièrement dans les questions qui m’étaient adressées, en particulier l’avortement en relation au droit à la vie et les droits LGBT. Sur l’avortement, le fait que je sois français et que j’ai exprimé tôt en campagne mon vif attachement à la loi Veil, m’avait aliéné certains parlementaires, notamment en Europe de l’est. C’est aussi dans la même géographie que mon soutien aux droits des personnes LGBT irritait. J’avais dit ma fierté comme parlementaire français d’avoir voté en faveur du mariage des couples de même sexe dans mon pays et mon espoir qu’une prochaine étape législative soit l’accès des couples de femmes à la procréation médicalement assistée. J’avais été interrogé aussi sur mes convictions religieuses et, plutôt que de répondre que c’était une question personnelle et intime, ce que j’aurais probablement fait dans le cadre français, j’avais expliqué mon agnosticisme et ma relation personnelle au doute. Ces prises de position étaient plutôt clivantes et cash, mais je ne les regrette pas. Je m’exprimais en toute sincérité. La veille du premier tour devant l’Assemblée parlementaire, les parlementaires irlandais m’invitèrent à venir m’exprimer devant eux sur le droit à la vie et sur l’avortement. Je le fis de bonne grâce, quoi qu’agacé que la même demande ne fut pas adressée à mes concurrents. Pendant une heure, je m’expliquai et pris toutes les questions, parfois dures. J’étais persuadé de les avoir perdus, jusqu’à la conclusion finale du président de la délégation irlandaise me disant que celle-ci voterait majoritairement pour moi en raison du courage montré dans la défense de mes convictions.

Nous étions alors la veille du vote final. Qu’avez-vous fait dans les dernières heures ?

P-Y L : J’avais retrouvé mon petit hôtel strasbourgeois. Le vote devait avoir lieu le dernier mardi de janvier de 9 heures à 18 heures dans une petite pièce située derrière l’Hémicycle du Palais de l’Europe. Je ne pouvais bien sûr pas y accéder. J’avais rejoint Strasbourg le dimanche soir. L’Ambassadeur Mattei avait organisé un dîner pour rallier tous les parlementaires français autour de ma candidature. Le lundi, j’arrivai vers 8 heures au Palais et je tentai de rencontrer le plus de parlementaires possibles devant les salles de commission et dans les couloirs. Mes concurrents en faisaient de même. J’avais des rendez-vous avec certaines délégations nationales et surtout, les trois candidats devaient être reçus tour à tour par les groupes parlementaires. C’était comme un marathon. J’avais pour moi une bonne part du groupe socialiste, où j’avais siégé, mais je savais aussi le souhait de certains parlementaires du groupe de voir une femme devenir Commissaire. Chez les libéraux, dont je partageais les causes sur les droits civils et politiques, j’avais une petite base de soutien, sans doute pas majoritaire. C’était moins vrai chez les démocrates-chrétiens, même si je savais pouvoir compter sur les députés de la CDU en Allemagne, du PP en Espagne et du PSD au Portugal. Un député géorgien avec lequel je suis ami, se battait à droite pour m’aider. Les conservateurs, en particulier les Britanniques et les Turcs, ne voulaient pas de moi. Et la gauche communiste encore moins, parce que j’avais un itinéraire social-démocrate assumé et que mon soutien au Président Macron était connu. Curieusement, mes concurrents n’étaient pas très éloignés politiquement de moi. Nous étions tous les trois dans l’épure du centre-gauche européen, même si mon parcours parlementaire et plus ouvertement politique que le leur faisait davantage de moi un livre ouvert.

Le mardi, que se passa-t-il ?

P-Y L : J’étais au Palais de l’Europe à l’ouverture, concentré et angoissé aussi. A 9 heures, le vote s’ouvrit. J’étais dans les tribunes de l’Hémicycle. J’allais dans le bar des députés, rebouclais avec les parlementaires français, passais devant l’Hémicycle, appelais l’Ambassadeur Mattei, communiquais avec Clément Beaune à l’Elysée. Je voyais mes concurrents faire la même chose. Nous étions tous les trois très tendus. Les journalistes tentaient de m’arracher un mot. Je parlais à mon épouse, qui avait géré à distance notre famille durant ces mois de campagne, quand j’étais loin de la maison. Je pensais à mes enfants, encore petits. La campagne les avait passionnés. Je me souviens de mon fils Marcos, qui apprenait à lire et essayait de déchiffrer les mots très longs de mon flyer en finlandais. Je me disais que leur vie changerait si je gagnais cette élection. Ils m’avaient souhaité la victoire au téléphone avec leurs mots d’enfants. En fin de journée, le résultat tomba : j’étais en tête nettement, mais à 20 voix de la majorité absolue. Je devançais Dunja Mijatovic d’une trentaine de voix et Goran Klemencic, arrivé troisième, d’une quarantaine de voix. L’écart entre mes deux concurrents était réduit. J’étais devant, mais je n’avais pas plié le match. Il faudrait un second tour, final en tout état de cause, le candidat arrivant en tête l’emportant. Et au Conseil de l’Europe, le candidat arrivé troisième au premier tour ne peut se retirer. J’espérais dès lors m’imposer le lendemain à la majorité relative.

Ce ne fut pas ce qui se produisit. Pourquoi ?

P-Y L : Je n’étais pas tranquille. Je sentais la victoire proche et quelque chose en moi me disait qu’un coup pourrait venir. Je n’avais pas envisagé l’hypothèse d’un désistement d’un de mes concurrents vers l’autre parce que je m’en étais tenu à la lecture littérale des règles de vote qualifiant automatiquement pour le tour final le candidat arrivé troisième. Mais rien n’empêchait ce concurrent, quand bien même son nom resterait sur le bulletin de vote, d’appeler à voter pour l’un ou l’autre des candidats. C’est ce que fit Goran Klemencic et cela me prit par totale surprise. J’avais été naïf. A 8 heures le matin du tour final, les représentants de l’Ambassade de Slovénie distribuaient à l’entrée des salles de commission et devant l’Hémicycle un texte de Goran Klemencic appelant ses électeurs de la veille à reporter leurs voix sur Dunja Mijatovic. La solidarité des Balkans occidentaux était mise en avant. Le texte était remarquablement écrit et traduit. Sa lecture me convainquit immédiatement que mes deux concurrents, que je n’avais pas ressentis comme proches, avaient scellé un accord entre eux depuis des semaines, sans doute depuis mon succès devant la Commission des affaires juridiques et des Droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire en décembre, pour que celle ou celui arrivant en troisième position devant l’Assemblée parlementaire en janvier appelle à voter pour l’autre dans l’hypothèse d’une majorité relative. J’étais anéanti. Je m’en voulais de ne pas y avoir pensé. J’appelai l’Ambassadeur Mattei, qui arriva toute séance tenante au Palais de l’Europe. J’appelai aussi Clément Beaune, qui contacta son homologue au cabinet du Premier ministre slovène. A 9 heures, le vote s’ouvrit. De la tribune, j’apercevais l’Ambassadrice de Slovénie, accompagnée de l’Ambassadeur de Bosnie, qui distribuait elle-même le texte de Goran Klemencic aux parlementaires dans l’Hémicycle. J’étais ulcéré et je ne pouvais rien faire, l’entrée de l’Hémicycle m’étant refusée.

Qu’était-il possible de faire ?

P-Y L : Rien, malheureusement. Figurez-vous que le Conseil de l’Europe, qui fait un travail formidable pour le monitoring électoral dans un grand nombre d’Etats, n’a pas de juge des élections pour ses propres scrutins. L’esprit de l’élection du Commissaire aux Droits de l’Homme était largement galvaudé par l’initiative du candidat slovène, mais rien n’était pourtant possible. Et personne n’était compétent pour prendre la moindre décision. Je demandais à voir le Secrétaire-Général de l’Assemblée parlementaire, qui consentit à faire retirer les exemplaires du texte du candidat slovène des tables d’entrée dans l’Hémicycle. Mais ce qui se passait dans l’Hémicycle, la campagne des Ambassadeurs en direct auprès des parlementaires qui allaient voter, rien de cela ne put être stoppé. En fin de matinée, je reçus un appel de Clément Beaune m’informant que son collègue slovène l’avait assuré que l’initiative de Goran Klemencic était personnelle et n’avait pas été concertée avec le gouvernement dont il était membre cependant. Le mal était fait malgré tout et j’eus en fin de matinée un moment d’immense lassitude. L’élection m’échappait. Si j’additionnais les voix de premier tour de Dunja Mijatovic et de Goran Klemencic, Dunja Mijatovic me battrait avec une quarantaine de voix d’avance. Puis je repris de l’énergie, poussé par mon épouse au téléphone depuis Bruxelles, par quelques amis que j’avais appelés, par quelques parlementaires qui me pressaient de ne pas renoncer, d’aller chercher les voix, d’y croire jusqu’au bout. Et c’est ce que je fis, campant littéralement devant l’Hémicycle jusqu’au soir, parlant à tous les parlementaires qui passaient. Sans doute était-ce l’énergie du désespoir, mais c’était le dernier sprint et je ne voulais pas le perdre.

Comment avez-vous appris le résultat ?

P-Y L : J’avais regagné les tribunes de l’Hémicycle. Je m’étais assis dans un petit coin sombre où personne, et surtout pas une caméra, ne pourrait me voir. Le résultat tomba peu après 20 heures. Dunja Mijatovic était élue avec 4 voix d’avance sur moi : 107 pour elle et 103 pour moi. Goran Klemencic avait reçu 19 voix, sans doute de ses électeurs du premier tour qui n’avaient pas lu son appel à reporter leurs voix. 4 voix, c’est peu. J’avais eu raison de reprendre espoir dans l’après-midi, de me battre, d’y croire malgré tout jusqu’au bout. Mais j’avais perdu et mon rêve s’écroulait. En descendant de la tribune, à travers la cage d’escalier vitrée, je distinguai les diplomates bosniens et slovènes se congratulant dans le bar des députés. Et les parlementaires accourant pour célébrer le résultat de l’élection. Je voulais remonter discrètement prendre mes affaires dans le bureau de la délégation française et filer avec ma peine. Malheureusement, je croisai dans l’escalier du Palais de l’Europe Dunja Mijatovic qui arrivait, entourée d’une nuée de photographes et de caméras. Elle vint vers moi et me dit : « Can I hug you ? ». Je lui tendis la main, en lui souhaitant le meilleur, ajoutant aussi un mot pour regretter cette opération qui avait mis à mal l’esprit des élections. Les photographes bosniens nous photographiaient sans cesse. J’étais excédé et lui demandai que ces photos ne soient pas utilisées. Elle accepta. Ce fut notre dernier échange, que je concluais en l’assurant, par-delà la déception que je pouvais ressentir, que j’étais certain – et je le pensais – qu’elle serait une grande Commissaire aux Droits de l’Homme. Puis je pris mes petites affaires et quittai le Palais de l’Europe dans la nuit, sous la pluie et seul.

C’est un dénouement cruel. Comment l’avez-vous géré ?

P-Y L : A l’arrivée à l’hôtel, je parlai avec mon épouse. A Bruxelles, mon petit Marcos pleurait. J’échangeai brièvement avec le Président Macron. Je me souviens qu’il était à Davos. Il était très remonté contre la Slovénie. J’étais épuisé. Je crois que je n’avais plus mangé depuis une journée entière. Les messages d’amis arrivaient, désolés et réconfortants. Je me réveillai au milieu de la nuit, allongé en costume sur le lit, les lentilles toutes sèches dans les yeux. Le lendemain, j’avais prévu de rester à Strasbourg. Si j’avais gagné, c’était pour parler à deux personnes et leur proposer de me rejoindre à la tête de l’équipe du Commissaire. Dans l’hypothèse de la défaite, c’était pour dire au revoir à mes années au Conseil de l’Europe, à tous les amis et connaissances que je m’y étais faits. Je passai la journée à dire au revoir. J’avais le moral bien bas, mais j’essayai de garder la contenance nécessaire. Je savais que je quittais le Conseil de l’Europe et Strasbourg pour longtemps. J’avais envie de saluer et remercier le Secrétaire-Général Thorbjorn Jagland avant de partir. Je savais qu’il m’appréciait. Il n’était pas disponible, mais il me fit recevoir par la Secrétaire-Générale adjointe Gabriella Battaini-Dragoni, que je connaissais bien également. Ce moment, le dernier pour moi au Palais de l’Europe, reste ancré dans ma mémoire. « Ne renoncez pas, prenez le temps, pensez à l’Europe et revenez », me dit-elle avec une immense bienveillance. J’étais très touché. Elle était très émue. Sans doute la détresse et la fatigue se lisaient-elles sur mon visage. Sur le sien, je vis rouler une larme. Il était temps que je m’en aille.

N’avez-vous pas eu envie de contester cette élection ?

P-Y L : Non, comme je vous l’ai dit, il n’y a pas de juge des élections au Conseil de l’Europe. Une contestation aurait été vaine, malgré le sentiment d’injustice. Et je ne voulais pas apparaître comme un mauvais perdant, parce que ce n’est pas moi tout simplement, et parce que je respecte trop le Conseil de l’Europe pour entreprendre quoi que ce soit qui puisse le desservir. Je souhaitais sincèrement tourner la page, me reposer, m’écrouler sans doute un peu aussi, mais loin. L’élection m’avait échappé dans des circonstances à tout le moins discutables, mais j’aurais pu la gagner si j’avais sécurisé une dizaine de voix de plus. C’était possible. Je n’avais pas fait le plein des voix allemandes à l’Assemblée parlementaire. Et quatre parlementaires qui avaient voté pour moi au premier tour avaient dû regagner leur capitale le jour du tour final, sans pouvoir voter. Quatre parlementaires, quatre voix, comme l’écart qui me séparait de Dunja Mijatovic. Peut-être était-ce aussi le cas pour elle, sûrement même, car elle aurait dû me devancer beaucoup plus nettement par l’alliance avec Goran Klemencic. Je ne voulais pas que ce dénouement me torture, moi et ma famille, qui avait vécu cette campagne à mes côtés comme sur des montagnes russes. J’étais prêt à être Commissaire, sincèrement, mais j’avais perdu. C’est la vie. Et surtout, par-delà la confrontation avec mes deux concurrents, j’estimais leurs qualités de défenseur des droits. Dunja Mijatovic aura été une Commissaire solide et engagée, affrontant la difficulté de la crise sanitaire pour ses missions de terrain, puis l’invasion russe en Ukraine et l’ébranlement de l’Europe. J’ai voulu tourner la page, me projeter vers de nouveaux défis. J’ai pris une année sabbatique pour m’occuper des miens, pour lire et écrire, pour me retrouver. J’en avais besoin. J’ai ouvert un autre chapitre plus personnel, plus privé de ma vie, moins exposé. Sans jamais toutefois oublier Strasbourg et le Conseil de l’Europe. Ce souvenir-là restera et il conservera sa part de regrets.

Reviendrez-vous ?

P-Y L : A l’ambition d’être Commissaire aux Droits de l’Homme, non. 2018 était ma chance et l’histoire, comme on dit, ne repasse pas les plats. Peut-être en effet que la perspective d’élire un Commissaire français était dérangeante, parce que le Conseil de l’Europe relativise la place des grands Etats et met davantage en avant les autres. A la vie parlementaire, je reviendrai peut-être. A la pratique et à la défense des droits, sûrement. Cela reste une passion. Les Droits de l’Homme, c’est tous les jours qu’il faut les porter. Pas seulement quand l’économie va bien et que le continent est en paix. J’ai animé un atelier juridique à l’Ecole de droit de Sciences-Po à Paris sur les droits fondamentaux et le climat. Je l’ai élargi plus tard aux droits fondamentaux et à la pandémie. J’ai envie de porter cette cause sur le terrain, par les convictions, les écrits et les conférences, par le dialogue. Il reste bien du chemin à parcourir et tant à faire. Les Droits de l’Homme sont une cause fascinante. Je n’aurai jamais fini de les défendre.

Pierre-Yves Le Borgn’, merci pour cet entretien !

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