Les faucons s’abattent sur les réfugiés

Le commissaire européen Günther Oettinger souhaite modifier la constitution allemande en s'attaquant au droit d'asile. C'est facile de s'en prendre aux plus vulnérables.

Le commissaire européen Günther Oettinger fait partie de ceux qui tentent de profiter personnellement des drames actuels. Dégoûtant. Foto: DerFalkVonFreyburg / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Il n’y a pas très longtemps, Günther Oettinger (CDU), à l’époque ministre-président du Bade-Wurtemberg, était considéré comme un challenger potentiel d’Angela Merkel. Alors, la chancelière l’avais complimenté à Bruxelles, sur un poste de commissaire où il ne pouvait plus intervenir dans la politique allemande. Maintenant, toujours commissaire (pour le marché numérique, sujet où il se distingue par sa «vue non barrée», comprendre, un manque de connaissances parfait), il n’a pas pu résister – dans une déclaration, il a attaqué Angela Merkel et demandé à ce que le droit d’asile allemand soit remis en question.

«C’est la politique d’Angela Merkel qui attire les réfugiés», estime Günther Oettinger, qui, comme beaucoup d’autres, ne semble pas comprendre que les réfugiés ne viennent pas parce que la chancelière les aurait «invités», mais parce que le dictateur syrien al-Assad, les américains, les russes, les français et le Daesh et d’autres groupes bombardent leur pays – les réfugiés n’ont pas décidé de quitter leur pays en mal interprétant les propos d’Angela Merkel, mais parce qu’il y a la guerre chez eux. Ce sont des gens qui tentent de sauver la vie de leurs enfants et familles.

C’est une erreur de penser que plus nous bombardons la Syrie et d’autres pays, moins il y aurait de réfugiés. Et il est totalement indécent d’abuser des drames actuels pour faire de la politique intérieure, pour se positionner pour les échéances électorales à venir. Günther Oettinger, écarté de la «vraie politique» sur son fauteuil à Bruxelles, rêve de revenir dans la politique allemande. Il croit certainement pouvoir imiter François Hollande qui remonte grâce à sa réaction militaire contre le Daesh dans l’estime des Français de «totalement incompétent» (19% dans les sondages avant les attentats de Paris) à «assez incompétent» (32% après les attentats) – mais les problèmes mondiaux sont trop sérieux pour servir pour les vanités des uns et des autres.

C’est notre devoir légal (du moins pour ceux ayant signé la Convention de Genève de 1951) de secourir les réfugiés qui viennent de zones de guerre et c’est notre devoir moral de les soutenir. Surtout dans la mesure où ces réfugiés sont victimes d’une guerre qui génère d’énormes bénéfices à nos industries d’armement. Le droit d’asile allemand se base sur les principes de cette Convention de Genève et il est complètement exclu d’y changer quoi que ce soit.

Le fond pour ce durcissement de ton est que deux des terroristes de Paris seraient entrés dans l’Union Européenne prétextant être des réfugiés. Deux sur plus d’un million de réfugiés. Est-ce vraiment suffisant pour remettre en cause tous les acquis depuis la IIe Guerre Mondiale ? Dans plusieurs pays européen, on note une nette augmentation des actes de violence vis-à-vis de réfugiés depuis les attentats de Paris, comme en Grande Bretagne où ce type de crime de haine a augmenté de 300% en deux semaines. Ce sont des «responsables» politiques qui stimulent ces éruptions de violences, qui donnent les justifications aux imbéciles criminels qui pensent maintenant devoir s’attaquer aux étrangers en général.

Que Günther Oettinger garde son fauteuil à Bruxelles où on ne le remarque jamais. Ce qui vaudrait mieux pour tout le monde.

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