Les Pays-Bas prennent la présidence du Conseil Européen. Pour une mission impossible ?

Après le Luxembourg et avant la Slovaquie (!), c’est au tour des Pays-Bas d’assumer la présidence du Conseil Européen. Pendant les six mois de leur présidence, les Néerlandais veulent sauver l’Europe.

C'est ici que les Néerlandais ont inventé leurs propositions pour l'Europe pour les 6 mois à venir ? Foto: Bachrach / Wikimedia Commons / PD

(KL) – On comprend que les «pères fondateurs» des institutions européennes ne voulaient pas attribuer la présidence des institutions à un seul pays – alors, on a opté pour le principe «à chacun son tour». Ce qui constituait un bon principe aux débuts de l’Europe Constitutionnelle, est devenu une mauvaise plaisanterie dans une Union Européenne qui compte actuellement 28 états-membres qui tous, à tour de rôle, assument la présidence du Conseil Européen et ce, pour six mois. Quand on connaît la lenteur des administrations bruxelloises, on est en droit de se demander ce que cette présidence peut réellement bouger en six mois. Ou si cette présidence ne sert pas surtout à permettre au pays qui assure la présidence, de faire une formidable publicité partout en Europe et dans le monde. Toujours est-il que le 1er Janvier 2016, les Pays-Bas ont repris le flambeau de cette présidence du Luxembourg, avant de le passer début juillet aux anti-européens slovaques dont on se demande ce qu’ils font au sein de l’Union. Mais les Pays-Bas affichent des ambitions surprenantes pour les six mois à venir – ils veulent sauver l’Europe.

Dans la mesure où les Pays-Bas aient préparé leur programme conjointement avec les deux pays qui assumeront la présidence après, donc la Slovaquie (été 2016) et Malte (début 2017), il est clair que LE grand sujet de cette présidence sera la question des réfugiés. Mais il est fort à craindre que les mesures que ces pays entendent prendre, en première ligne le développement d’un «système européen d’asile» seront marquées par la xénophobie profonde en Slovaquie qui a conduit le gouvernement slovaque à porter plainte contre l’Union Européenne, estimant que la décision de distribution de 160000 réfugiés syriens sur les états-membres constituait une ingérence dans les affaires slovaques. Pour rappel – la Slovaquie s’estime lésée car elle était censée accueillir 802 réfugiés, tandis que le nombre de réfugiés accueillis par l’Allemagne, dépasse largement 1 million. Laisser le soin à des pays comme la Slovaquie de développer un «système européen d’asile» semble, pour le moins, osé.

Pour les Pays-Bas, qui assurent donc actuellement la présidence du Conseil Européen, la question de l’évolution de l’espace Schengen fait partie des priorités. Pour cause, car partout en Europe, les frontières, juste abolies, ont été réactivées et le système Schengen est actuellement menacé. Mais les propositions néerlandaises ne sont pas vraiment de nature à sauver Schengen – les Pays-Bas réfléchissent à voix haute quant à la mise en œuvre d’un «mini-espace Schengen», comprenant l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et l’Autriche. Surprise – la France ne devrait pas faire partie de ce «mini-espace Schengen». Et aux Pays-Bas, on pense réellement qu’une telle idée puisse sauver «Schengen» ou l’Europe ? Il est clair que cette proposition est totalement inacceptable et risque même de semer encore davantage de discorde au sein d’une Union Européenne qui bat déjà de l’aile.

L’Europe risque d’échouer sur ses propres principes. Face aux énormes crises dont l’Europe fait face, dont le dossier des réfugiés, mais aussi celui de la Grèce, de l’Ukraine, de l’Euro et de bien d’autres, les institutions européennes auraient besoin d’une gouvernance forte, déterminée et puissante – que seul le couple franco-allemand peut actuellement représenter.  Les idées néerlandaises font penser qu’elles aient été développées dans un «coffeeshop» à Amsterdam et ses successeurs à la présidence du Conseil Européen, la Slovaquie et Malte, n’auront aucun pouvoir pour vraiment mener une politique digne de ce nom. Si le concept de laisser chaque membre jouer au président pendant six mois est sympathique, elle explique aussi l’inefficacité des institutions face aux multiples crises.

Au mois de juillet, on prend les paris, il n’y aura pas de «système européen d’asile», il n’y aura pas de «mini-espace Schengen», il n’y aura pas eu de distribution des réfugiés syriens sur les états-membres, la crise en Grèce ne sera pas maîtrisée et on aura perdu encore une fois six mois. Avant que la Slovaquie pourra achever ce qui reste encore de l’idée européenne. Tout cela devient dramatique – les institutions européennes semblent penser que, de toute manière, elles survivront toutes les crises. Mais elles ne se rendent pas compte qu’elles sont en train de perdre ce qu’elles ont de plus précieux : la confiance et le soutien des 500 millions d’européens qui eux, n’ont plus envie de financer ce ballet des vanités bruxellois. 2016 sera une année beaucoup plus décisive qu’on le pense à Bruxelles, à La Haye ou à Bratislava.

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