Les regards se tournent vers la Transnistrie

La Transnistrie, petite république moldave séparatiste, située entre la Roumanie et l'Ukraine, dangereusement proche d'Odessa, ville ukrainienne convoitée par la Russie, connaît de grandes tensions.

La présence russe en Transnistrie n'est pas très discrète. Foto: Guttorm Flatabø from Sogndal, Norway / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – La Transnistrie, ce « petit pays qui n’existe pas » qu’Alexandre Binder avait présenté dans le cadre d’une excellente série qui avait commencé quelques jours avant le début de la guerre en Ukraine, est principalement peuplée par des russophones qui ont crée une sorte d’état dans l’état sur le territoire de la Moldavie. Emettant ses propres passeports, une propre monnaie, avec environ 1500 soldats russes stationnés en Transnistrie, l’Assemblée des Séparatistes vient de demander « de la protection » à la Russie, contre une prétendue « ghettoïsation » de la Transnistrie par le gouvernement moldave. Lorsque des pro-russes demandent « de la protection » à Moscou, cela se termine généralement par des interventions militaires.

Est-ce une stratégie pour forcer l’armée ukrainienne de renforcer la protection de sa frontière avec la Transnistrie, qui se situe à un jet de pierre d’Odessa, ville portuaire que la Russie n’a pas réussi à prendre ? Si le gouvernement moldave souligne que la Transnistrie ne subit aucune pression de sa part, et que les « tensions » soient purement imaginaires, il faut attendre si aujourd’hui, Vladimir Poutine mentionnera dans son discours à la nation russe, la situation en Transnistrie que le Kremlin a qualifié de « prioritaire ».

Toutefois, une intervention militaire en Transnistrie semble compliquée pour la Russie. Les 1500 soldats russes stationnés depuis des décennies en Transnistrie, ne suffiraient pas pour mener une opération militaire ou même pour ériger une frontière avec la Moldavie, qui serait tout de même longue d’environ 80 km. En l’absence d’une connexion terrestre avec la Russie, le seul moyen pour renforcer ses troupes en Transnistrie, serait le transport aérien au-dessus du territoire ukrainien qui évidemment, fera tout pour que des transports militaires russes ne puissent pas arriver à destination.

Même si l’armée moldave n’impressionne certainement pas la Russie, la logistique pour une intervention en Transnistrie serait très compliquée, mais éventuellement, un tel investissement vaudrait la peine pour Vladimir Poutine, en vue de la proximité d’Odessa, port tant convoitée par la Russie.

La Moldavie, depuis juin 2022 candidate à l’adhésion à l’Union Européenne, mais aussi la Roumanie et surtout l’Ukraine, doivent suivre cette évolution attentivement. Visiblement, la Russie veut embraser toute la région et étendre sa guerre en Ukraine aux pays limitrophes. Le discours de Poutine à la nation russe aujourd’hui, donnera des indication sur la suite concernant cette petite région moldave qui en 2006, avait voté à 97,1% pour un rattachement à la Russie, qui n’a jamais été réalisé et qui étonnamment, ne figure pas sur la demande de « protection » que les séparatistes pro-russes ont adressée à Moscou cette semaine.

Moscou réagira, d’une façon ou d’une autre. Depuis la fin de l’Union Soviétique, la Russie s’est toujours comporté comme « protectrice » des populations russophones dans les anciennes républiques de l’URSS. Aujourd’hui, en pleine guerre avec l’Ukraine, Moscou ne pourra pas se permettre de laisser l’appel des séparatistes transnistriens lettre morte. Il faut espérer que cette guerre ne s’étend pas davantage.

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