L‘Europe après le sommet de Bratislava

Avant le sommet de Bratislava, l’Europe se trouvait au milieu d’une crise de sens. Après Bratislava, cette crise de sens s’est encore accentuée. Avec les acteurs actuels, l’UE n’a aucune chance de survie.

Responsables politiques ou "association de malfaiteurs" ? Foto: EU2016 SK / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Est-ce qu’un jour, nos enfants et petits-enfants liront dans leurs livres d’histoire que le grand projet d’une Europe unie et solidaire ait été détruit par des Merkel, Tusk, Cameron, Juncker, Fico, Orban & Cie. ? Bien sûr, nul ne sait ce que l’Histoire retiendra de l’époque actuelle, mais l’esprit européen souffre à chaque sommet un peu plus. A Bratislava, les Britanniques étaient absents et les autres 27 états-membres n’ont toujours pas trouvé la touche « Reset » sur leur clavier politique. L’Europe se présente de manière peu solidaire, peu inspirée, peu prête à des réformes et après, on se demande pourquoi cette Europe ne fasse pas rêver les 500 millions Européens et Européennes…

La seule chose qui fonctionne, c’est la « communication politique ». Ainsi, la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande ont parlé d’un « esprit de Bratislava qui est l’esprit de la coopération », mais cela sonne tellement creux et dépourvu de contenus concrets qu’on comprend ceux qui se détournent de cette Europe-là.

Unité européenne ? Le premier ministre Mattéo Renzi déclarait directement après ce sommet de Bratislava qu’il ne partageait pas les conclusions de Paris et de Berlin – unité européenne ? Pour Renzi, ce sommet n’aura été guère plus qu’une « balade en bateau sympathique sur le Danube », comme il l’a confié au « Corriere della Sera », tout en rajoutant en direction d’Angela Merkel et de François Hollande « si nous devons passer l’après-midi à rédiger des documents sans âme ou perspective, ils peuvent le faire sans moi ». Unité européenne ? A Renzi de tirer une conclusion fracassante : « Si les choses devaient continuer comme maintenant, nous ne parlerons plus de l’esprit de Bratislava, mais du fantôme de Bratislava ».

Les ruptures dans l’Union Européenne ne peuvent plus être cachées par cette « communication politique » – les 27 n’arrivent pas à s’accorder sur les dossiers brûlants, ils n’arrivent même pas à trouver des objectifs communs. Sur les questions économiques, la politique d’austérité est opposée au souhait des pays du sud de l’Europe de relancer la conjoncture par des investissements publics ; concernant la question des réfugiés, les 27 états-membres représentent autant d’approches différentes ; concernant l’attitude « post-Brexcit », les 27 n’ont pas de position commune. Comment gérer les négociations avec la Turquie d’Erdogan ? Pas de position commune.

Pas de langage commun. – Pire – malgré la qualité des traducteurs, les 27 n’ont même plus de langage commun. Lorsque les « états de Viségrad » (Slovaquie, Hongrie, République Tchèque et Pologne) parlent de « solidarité flexible », en demandant à ce que les états-membres qui ferment hermétiquement leurs frontières (comme c’est le cas pour la Hongrie) soient exempts de l’accueil de réfugiés, ils utilisent le terme « solidarité » en parlant de son contraire.

Les plans de renforcer la coopération militaire au niveau européen – ne fonctionnera pas. Les Britanniques s’y opposent. Eh oui, ils font encore partie de l’Union, sans en faire partie, et peuvent encore bloquer des décisions…

La fin du rêve européen ? – L’Union Européenne arrive au bout de son chemin dans le format intergouvernemental. Force est de constater que ce format ne fonctionne pas, le principe de l’unanimité paralyse ce qui devrait être la plateforme de réalisation du rêve européen. Mais est-ce que cela veut dire pour autant que ce rêve européen s’évapore à cause de l’incapacité des responsables actuels de réinventer une Europe pour laquelle on a envie de s’engager ?

Non, le rêve européen est plus fort que l’incapacité de la génération des Merkel, Juncker, Barroso ou Nellie Kroes – et le moment pour donner une nouvelle impulsion européenne seront les élections européennes en 2019. De plus en plus d’initiatives, mouvements politiques, mouvements citoyens et même représentants de l’establishment politique demandent une Europe fédérale. Ce serait pourtant simple – il suffit que les Européens élisent un parlement qui lui, élit un gouvernement européen qui lui, définirait les grandes lignes de la politique européenne, la mise en œuvre étant, selon le principe de la subsidiarité, la mission des gouvernements nationaux. Un parlement qui, comme dans d’autres parlements, prendrait des décisions à la majorité démocratique, sans ce fichu principe de l’unanimité. En 2019, il faudra voter pour ceux qui présenteront un véritable projet européen et non pas le maintien du statut quo avec quelques embellissements. 2019 sera soit l’année du retour de la démocratie en Europe, soit la fin des institutions telles qu’on les connaît. Et, rêvons un peu, 2019 sera l’année où cette génération des bourreaux de l’Europe disparaîtra de la scène politique. Merkel, Juncker et les autres ne nous manqueront pas…

1 Kommentar zu L‘Europe après le sommet de Bratislava

  1. Les élections de 2019 verront l’arrivée sur la scène politique européenne du Parti des citoyens européens (PACE), qui proposera un Etat fédéral européen, comme il le fait déjà avec son candidat à l’élection présidentielle française de 2017, par la voix de son président Philippe Mazuel !

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