Micro européen – avant l’élection européenne…

José Manuel Lamarque continue son tour des pays d'Europe en ce début d'année, avec aujourd'hui le Portugal - une économie entre miracle et rigueur au quotidien. Décryptage avec la journaliste portugaise, Ana Navarro Pedro.

Se loger au Portugal, comme ici à Sintra, constitue un vrai casse-tête pour les Portugais. Foto: Bingar1234 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(JML) – Comment les pays du continent européen abordent-ils l’année 2024 ? Après l’Espagne et l’Allemagne, la Suisse, et l’Italie, voici le Portugal et les précisions de la journaliste portugaise, Ana Navarro Pedro.

Le miracle portugais, quelque part, continue, avec une zone d’ombre et un côté soleil ?

Ana Navarro Pedro : Prenons le côté soleil. Le gouvernement socialiste de Monsieur Antonio Costa. Il est toujours Premier ministre par intérim, il a donné sa démission en novembre 2023 avec son gouvernement, lors de soupçons de corruption dans l’entourage de ses ministres. Il est arrivé au pouvoir il y a huit ans, et en huit ans, le salaire minimum a augmenté de 50% au Portugal, la dette est passée de 130% du PIB à presque 100%.

Cette année 2024, elle passera probablement en dessous des 100% du PIB, un remboursement de la dette par anticipation de plusieurs années à l’Europe – Le FMI, fonds monétaire international, est payé déjà – donc le pays est un paradis des start-up qui viennent s’installer au Portugal, le pays a d’ailleurs plus de licornes aujourd’hui, (ces entreprises start-up qui font plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires) que la Grèce, l’Italie et l’Espagne additionnées. Et tout ceci en maintenant, selon le Premier ministre, les « bons comptes », c’est-à-dire la rigueur fiscale.

On va passer au côté ombre…

ANP : Le côté ombre est celui sur lequel s’appuie l’opposition de droite pour évidemment, c’est de bonne guerre, dans cette campagne électorale pour les élections anticipées du 10 mars, elle s’appuie sur les deux aspects les plus sombres, c’est la santé et l’éducation.

Vous le savez, en France et en Europe, problèmes assez identiques : manque d’investissements, fermetures de lit, pas assez de personnels dans l’hôpital, même problème pour l’école, pas assez de professeurs, problèmes parfois de sécurité aussi, beaucoup moindres qu’en France. Des problèmes qui sont très mal vécus par les Portugais, l’éducation, parce que c’est l’avenir des enfants, des familles, et du pays, et la santé, c’est notre quotidien évidemment.

Autre immense problème, le logement au Portugal ?

ANP : C’est ça vraiment LE nuage noir au-dessus de la tête des jeunes, surtout des jeunes mais pas seulement, parce que c’est devenu tellement cher au Portugal de se loger. L’achat est quasiment inaccessible, la location est quasiment impossible. Et pour vous donner un exemple, les jeunes qui sont partis dans la vie active il y a 10 ans, en pensant fonder une famille, une maison, etc., 10 ans après, ils se retrouvent toujours à louer une chambre chez l’habitant, ou à partager un studio ou un petit appartement avec d’autres, parce que c’est impossible pour eux. Et donc, il y a tout le côté rêve, vie de famille, qui est mis de côté aussi.

Par exemple, une chambre à Lisbonne, à louer par mois coûte 600 euros ?

ANP : 600 à 800 euros, c’est possible, et les salaires ne sont pas ceux de la France non plus.

Pour les élections anticipées du 10 mars, où va-t-on ? Il y a les conservateurs, la gauche avec le Parti socialiste, mais aussi les ultras de « Chega », l’extrême-droite ?

ANP : Exactement, on remarque dans ces élections, d’après les sondages, qu’on revient à quelque chose d’un vrai clivage, qui n’est jamais très prononcé au Portugal, entre la gauche et la droite ; ces deux gouvernements, c’est un tout petit peu plus de politique libérale avec la droite, un peu plus de politique sociale avec la gauche, mais on reste toujours assez au centre de la République.

Pour exemple, le président est de droite et le Premier ministre est socialiste…

ANP : Le président ne gouverne pas. Actuellement, les sondages indiquent que le Parti socialiste, qui revendique l’héritage de Costa, est toujours en tête. Mais il ne peut pas avoir la majorité absolue ni une majorité relative importante, tout seul. L’Alliance des partis conservateurs, PSD et CDS, le talonne d’assez près. Et puis on a effectivement le parti d’extrême-droite donnée à 17% d’intentions de vote.

Et évidemment, si la droite veut arriver au pouvoir et gouverner, il va falloir faire une alliance avec lui, et une alliance de gouvernement, pas une alliance exclusivement parlementaire, comme nous pouvons en faire au Portugal…

Pour écouter cette émission « Micro Européen » sur FranceInfo, cliquez ICI ! 

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