Napoléon, sauce à la menthe…

L'oncle Léopold écrit une des ses célèbres lettres à ses neveux et nièces. Mais les autres lecteurs et lectrices d'Eurojournalist(e) peuvent également la lire...

Napoléon en train d'étudier le scénario de Ridley Scott... Foto: Engraving by Alexandre Vincent Sixdeniers (1795 - 1846) / Wikimedia Commons / PD

Mes chers neveux et nièces,

Venant de voir le film de Ridley Scott, Napoléon, je ne peux m’empêcher de vous écrire. Oserai-je vous conseiller de ne point perdre votre temps  ; ce sera à vous de décider. Sincèrement, je me demande encore pourquoi avoir mis la main à une aussi mauvaise pâte. En somme, le réalisateur britannique nous livre une vision globale de Napoléon Bonaparte en sauce à la menthe.

Tout d’abord, Joséphine est associée à une femme tarifée, donc une péripatéticienne de luxe, sans état d’âme et sans scrupules, c’est ainsi dans le film. Cette intrigante met le grappin sur un faible militaire français, capitaine de son état que Barras ferait assez rapidement général. Barras, vicomte, homme politique etc., etc., cherchez, vous trouverez, Scott n’en dit rien. Et Napoléon alors  ?…

Un capitaine mal à l’aise dans ses actions guerrières. Disons-le tout net, Napoléon a la trouille dès qu’il doit se mouiller. Et face à Joséphine, c’est encore pire, gamin quand sa libido le prend et hussard quand il s’agit de copuler. Donc un Napoléon bien loin de ce que l’on imagine. Mais le gaillard est aussi fleur bleue, en Egypte, apprenant que sa Joséphine le trompe, il fait appareiller une frégate direction la France, sauf que depuis l’Egypte, la France en frégate, c’est loin et long. Qui plus est, avant de quitter les pyramides, il tire au canon sur l’une d’entre elles, comme s’il avait cassé le nez du Sphynx, mais là, c’était Obélix.

Donc, on navigue dans le n’importe quoi. D’ailleurs, dans ce n’importe quoi, Scott se trompe physiquement entre Danton et Robespierre. Et je ne parle pas du sacre, avec un religieux qui se trouve devant Napoléon, qui sait qu’il est le pape  ?… Le saint Père  ?… Rien n’est dit dans le film, ce pape aurait-t-il existé pour Monsieur Scott  ?… Et encore, quand il s’agit de présenter l’entourage de Napoléon, un général porte des lunettes et l’autre est noir, rien ne nous dit qu’il s’agit des généraux Davout et Dumas, Dumas le père d’Alexandre.

Et même quand il attaque, Napoléon a la trouille, il transpire. Regardant ce Napoléon, j’ai pensé à celui interprété par Christian Clavier ou Monsieur N d’Antoine de Caunes. Ces films avaient du corps, de la tripe, des scénarii bien ficelés, donc, on restait accroché jusqu’à la fin. Mais ici, rien de tout cela. Le film est long, fade, seules les scènes de bataille valent le détour, quant à Wellington, on ne sait rien du lien entre lui et Napoléon, on nous sert un Wellington vengeur. Heureusement, Nelson n’est pas apparu, il était déjà tué à Trafalgar, mais bon, pourquoi pas quand la mayonnaise ne prend pas.

Quant à Waterloo, pas un mot de Grouchy, Blucher oui, pas Grouchy, mais Napoléon a perdu parce que Grouchy était en retard. Et pendant ce temps, le Tsar contait fleurette à Joséphine. Enfin, et à la fin, enfin… Napoléon discutant avec Hortense de Beauharnais, Joséphine étant décédée, nul ne saura jamais dans ce film qu’Hortense, fille de Joséphine, était la mère du futur Napoléon III. Voilà mes chers neveux et nièces, à la sauce à la menthe vous dis-je…

                                            Votre Oncle Léopold

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