Ne laissez pas Wolfgang Schäuble sauver l’Europe…

Même en Allemagne, on entend de plus en plus de voix qui considèrent que la génération du ministre des finances allemand ne soit pas en mesure de sauver l’unité européenne. Pour cause.

Deux qui font partie du problème de l'Europe et non pas de la solution. Foto: Tobias Koch / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – A 73 ans, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a depuis longtemps atteint l’âge de la retraite. Il est issu de la génération d’après-guerre et ne semble pas vraiment comprendre comment le monde d’aujourd’hui a changé. Sa nouvelle proposition, à savoir de soumettre l’ensemble des états-membres de l’Union Européenne à un contrôle encore plus strict de leurs budgets, si possible en créant une nouvelle administration à cet effet qui serait autorisée à prononcer des sanctions contre les pays qui ne réussissent pas à remplir les exigences bruxelloises en matière de budget, est le fruit d’un manque d’imagination et d’une insensibilité absolue par rapport à ce qu’expriment aujourd’hui les Européens et Européennes.

Au lieu de renforcer cette politique d’austérité ayant déjà causé de nombreuses victimes, surtout dans le sud de l’Europe, mais également ailleurs, y compris en Allemagne où le taux de la population vivant en-dessous du seuil de la pauvreté est particulièrement élevé, Schäuble devrait se rendre à l’évidence – il ne fera plus partie des « solutions », mais il compte parmi les « problèmes » auxquels l’Europe doit faire face. Ceci est du moins l’avis du chef du SPD en Hesse, Thorsten Schäfer-Gümbel, qui a vivement critiqué Wolfgang Schäuble dans une interview accordée aux collègues de la Badische Zeitung. Et effectivement, à un moment où toute l’Europe se pose la question du véritable sens de cette Union Européenne, Schäuble ne fait qu’enfoncer le clou.

Actuellement et suite au vote sur le « Brexit » le 23 juin dernier, les débats quant à l’avenir européen battent de leur plein. Les Européens et Européennes se posent la question quant à l’orientation de la « nouvelle Europe », on parle de valeurs, de justice, de solidarité et d’une Europe fédérale. Et pendant que les idées fusent (de bonnes comme de mauvaises idées…), Wolfgang Schäuble continue exactement sur la voie qui a mené cette Europe dans sa plus grande crise depuis la création des institutions européennes. Psychorigidité ? Souhait de « germaniser » l’Europe ? Simple manque de compréhension de la situation ? Dans tous les cas de figure, Wolfgang Schäuble a tout faux.

Depuis des décennies, l’Europe se comporte en fidèle agent des marchés financier, des banques, des spéculateurs et des entreprises multinationales. Le vote sur le « Brexit » et le néonationalisme qui se répand actuellement un peu partout en Europe le montrent clairement – il est temps de réinventer l’Europe et de lui donner une toute autre orientation. Or, cette nouvelle orientation ne sera pas mise en œuvre par la génération des Schäuble – il est grand temps qu’il parte à la retraite avant de causer encore davantage de dégâts à une Europe qui se cherche.

Faudra-t-il réellement attendre 2019 et les prochaines élections européennes avant de pouvoir changer le personnel des institutions européennes ? En Allemagne, nous avons des élections législatives en 2017 et il nous appartiendra de renvoyer cette génération de « has-beens » à la maison. Toutefois, comme en France, il manque les alternatives intéressantes. Les partis traditionnels avec leurs appareils lourds et inefficaces, n’arrivent plus à se positionner en « porteur d’espoir » – eux aussi font partie du problème et non pas de la solution.

Les partis qui se disent « de gauche » ne disposent plus de beaucoup de temps pour s’allier et combattre le vrai ennemi de la démocratie et de la paix sociale – l’extrême-droite nationaliste, populiste et xénophobe. Il est temps que les partis qui se disent « de gauche » surmontent les clivages des sensibilités et des « courants », qu’ils copient l’approche internationaliste de l’extrême-droite en s’associant à d’autres partis « de gauche » dans d’autres pays européens et ce, pour présenter de vraies alternatives en cette année électorale 2017.

La vraie reconstruction européenne ne pourra commencer qu’après les élections 2017 en France et en Allemagne. A nous tous de réfléchir et de ne pas opérer des « votes sanction », mais des votes clairs en faveur de partis qui défendent les vraies valeurs européennes. En espérant que Wolfgang Schäuble aura trouvé la porte de sortie bien avant. Si possible, demain…

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