Non, ce n’est pas de la « légitime auto-défense »

L’utilisation d’un faux pass sanitaires n’est pas un acte citoyen « de résistance », mais un délit passible de jusqu’à 5 ans de prison et entre 45 000 et 150 000 € d’amende.

L'utilisation d'un faux pass sanitaire n'est pas un jeu, mais un délit sérieux... Foto: European Union / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – « On peut discuter de tout », dit un spot publicitaire du gouvernement visant à convaincre des personnes non vaccinées à se faire vacciner, pour poursuivre « sauf des chiffres ». Hormis le fait que ce spot est aussi malheureux que bien d’autres spots du gouvernement qui incitent carrément à des comportements dangereux, il y a des sujets dont on ne peut pas discuter – comme l’utilisation de faux pass sanitaires. Si le pass sanitaire constitue en lui-même une mesure qui elle, pourra évidemment être discutée (car dans les faits, ce pass ne sert pas à grande chose…), l’utilisation de faux pass n’est pas un geste anodin, mais un délit. Qui peut être lourd de conséquences.

Actuellement, les autorités françaises examinent environ 36.000 cas où l’utilisation et la fabrication de faux pass sanitaire sont suspectées. En vue de la gravité de la pandémie, force est de constater que les faux pass sont considérés par certains comme un jeu, un peu comme à l’époque où on tentait d’entrer dans des concerts en utilisant des fausses cartes presse (ce qui n’a jamais vraiment fonctionné…). Mais là, il s’agit d’un sujet bien plus grave et cette fraude, constitue aussi un non-respect du reste de la société.

Il est vrai que le pass sanitaire n’est autre qu’une tentative maladroite de gagner le contrôle sur cette pandémie. Mais il ne fonctionne pas. Les gens qui l’utilisent, peuvent autant être en bonne santé ou porteur du virus et personne ne vérifie cela. Le pass sanitaire ne fait qu’indiquer que son porteur s’est fait vacciner un jour, a eu la maladie en la surmontant ou qu’il vient d’effectuer un test (désormais payant). Pour les deux premiers, les personnes vaccinées ou guéries, le pass sanitaire n’indique en rien si le détenteur est actuellement porteur du virus ou non. Donc, on peut et on doit discuter de cette mesure qui entre davantage dans le sujet de la surveillance numérique que dans celui du combat contre la pandémie. Mais en attendant, le pass sanitaire est une réalité.

En utilisant un faux pass, les utilisateurs invalident le dernier recours des personnes qui, au lieu de se faire vacciner, préfèrent se faire tester. Environ un tiers des Français (et des Allemands) ne veut pas se faire vacciner et demande du respect pour cette attitude. Mais à ce moment-là, ces personnes ont la possibilité de se faire tester pour bénéficier des mêmes libertés que les personnes vaccinées et guéries. C’est la gratuité des tests qu’il convient de réclamer, et si on n’est pas d’accord avec la politique sanitaire du gouvernement (chose qui se comprend facilement), il faudra peut-être bouger en 2022 et participer aux élections pour élire un gouvernement qui mènerait une autre politique.

Mais utiliser un faux pass, cela revient à réclamer pour soi, le droit de ne pas se faire vacciner, tout en refusant d’effectuer un test et là, on dépasse une ligne rouge. Et les deux groupes, les vaccinés et les non vaccinés, s’éloignent ainsi de plus en plus. C’est dangereux et contreproductif – la bonne démarche n’est pas la fraude, mais la solidarité démocratique.

Beaucoup de personnes vaccinées sont également contre le pass sanitaire. L’abolition de ce pass dont on est en droit de questionner l’efficacité, est une décision politique et dans une démocratie, c’est à ce niveau-là qu’il faut intervenir. En allant voter. Et non pas en fraudant pour mener sa propre politique sanitaire.

Les gouvernements européens ont commis une erreur monumentale en rendant les tests payants. - Car ces tests constituaient la seule possibilité pour déterminer si une personne est infectée ou non. Quelque part, avec cette mesure qui vise logiquement à mettre les réfractaires sous pression pour qu’ils se fassent vacciner, les gouvernements ont ouvert la voie à la fraude.

Même s’il y a deux catégories de délinquants dans ce domaine, à savoir les personnes qui délivrent de faux pass sanitaires par conviction et gratuitement et les autres, qui sautent sur l’occasion en vendant ces faux pass sanitaires pour s’enrichir, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un délit anti-solidaire. Pourtant, il faut continuer à maintenir l’état de droit et la démocratie le plus longtemps possible.

Ceux qui sont contre le pass sanitaire, et ils sont nombreux, même parmi les vaccinés, peuvent chercher en 2022 une majorité politique. Après, on verra. En attendant, il faudra revenir sur cette décision de l’abolition de la gratuité des tests (comme la ville de Berlin qui vient de réinstaurer cette gratuité pour les personnes démunies) et les personnes vaccinées et non vaccinées devraient profiter à nouveau de cette possibilité. La fraude ne peut, en aucun cas, constituer une « alternative » au respect des règles établies. L’utilisation de ces faux pass ne pourra qu’approfondir le fossé qui traverse déjà aujourd’hui, toute la société. Pour rappel – jusqu’à 5 ans de prison et entre 45 000 et 150 000 € d’amende…

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