Olaf Scholz ne veut pas livrer les missiles « Taurus » à l’Ukraine

Le refus du chancelier allemand de fournir des missiles « Taurus » à l'Ukraine, irrite beaucoup les partenaires européens et l'opposition en Allemagne.

Le missile "Taurus" - l'Ukraine le veut, Olaf Scholz ne veut pas le livrer. Foto: axesofevil2000 / Wikimedia Commons / PD

(KL) – L’Allemagne dispose de missiles de croisière « Taurus » que l’Ukraine voudrait bien avoir. Mais le chancelier Olaf Scholz est intraitable sur la question, au point où il ne prononce même pas le mot « Taurus », même pas dans le débat houleux sur la question qui avait lieu hier au Bundestag, le parlement allemand. La question a le potentiel de rendre la suite très compliquée pour la coalition au pouvoir à Berlin, car le plus petit partenaire de cette coalition, les libéraux du FDP, sont totalement favorables à la livraison de ces missiles.

Mais en quoi le « Taurus » est si particulier ? Ce missile pouvant porter de grandes quantités d’explosifs (jusqu’à 113 kilos d’un explosif spécial), peut atteindre Moscou depuis une base de lancement à proximité du front. Si Olaf Scholz ne le dit pas clairement, on l’entend entre les lignes : il veut tout faire pour que l’Allemagne ne devient pas partie prenante de cette guerre, et en vue des attaques ukrainiennes désormais quotidiennes sur des villes russes comme, justement, Moscou ou Saint Petersburg et ailleurs, Olaf Scholz ne veut pas être celui qui aura fourni le prétexte à la Russie de sortir son arsenal nucléaire. Car avec les attaques sur Moscou, la réaction russe pourrait constituer le prochain palier de l’escalade de cette guerre. Et c’est exactement ce qu’Olaf Scholz veut empêcher.

Les explications de Scholz sont pourtant énigmatiques. Il parle d’un système tellement sophistiqué qu’il faille envoyer des soldats allemands en Ukraine pour programmer ces missiles. Un représentant de l’opposition a fait savoir que les missiles britanniques et français peuvent soit être programmés avant d’être envoyés en Ukraine, soit être programmés par les Ukrainiens sur place. Si c’est possible pour les missiles britanniques et français, pourquoi alors ce ne serait pas possible pour les missiles allemands ? Réponse (non donnée, mais pensée très fort…) : Olaf Scholz ne veut pas fournir à Selenskyi une arme offensive permettant d’attaquer Moscou.

La position du chancelier ne correspond ni à la position des Européens qui ne savent pas s’ils veulent mener une guerre contre la Russie ou bien, aider l’Ukraine à se défendre, ni à celle des Américains qui eux, attendent la réélection de Donald Trump pour pouvoir se retirer de la guerre en Europe. Mais qui a raison ? Ceux qui voudraient envoyer des troupes occidentales en Ukraine pour y combattre l’armée russe, risquant par ce biais une escalade incontrôlable de cette guerre ou ceux qui prônent, comme Scholz, plutôt des négociations, de la retenue ? Dans l’Histoire des derniers siècles, s’attaquer à Moscou ne s’est jamais bien terminé pour ceux qui ont tenté le coup. Il n’y a que peu de chances à ce que des attaques sur la capitale russe puissent apaiser la situation et ainsi, améliorer la position ukrainienne.

Lorsque l’on écoute des experts militaires comme le Colonel Reiser à Vienne, l’Ukraine ne tiendra plus très longtemps sur ce large front où la Russie ne cesse d’envoyer des soldats, du matériel et ce, pendant que la défense ukrainienne est de plus en plus sous pression. Dans une telle situation où la défense ukrainienne est sérieusement menacée, que ferait Selenskyi avec des « Taurus » ? Les lancerait-il comme il le fait actuellement avec des drones ? Est-ce qu’une attaque sur Moscou serait la ultima ratio au moment où Selenskyi se rend compte que son pays ne peut plus arrêter les troupes russes ? Est-ce qu’une telle attaque déclencherait la doctrine militaire russe qui prévoit l’utilisation de l’arme nucléaire en cas d’attaque sur son territoire ?

L’Occident aimerait bien faire peur à Poutine, l’impressionner. Mais ni les déclarations belliqueuses du président français, ni l’OTAN à ses frontières, n’impressionneront le patron du Kremlin. Poutine compte ses propres ressources, il compte le soutien de ses partenaires qui sont, entre autres, la Chine, l’Iran ou la Corée du Nord et ensuite, il fait ce qu’il veut. Les aboiements venant de l’Ouest, Poutine n’en a cure. Il se laissera d’abord confirmer lors des prochaines « élections » et ensuite, il passera la vitesse supérieure.

Finalement, le Pape François n’avait pas tort en invitant les parties belligérantes à se mettre à la table des négociations. Et nous autres Européens, on devrait faire pareil. Le monde et en particulier l’Europe, est sur le chemin de la IIIe Guerre mondiale et cette guerre ne sera pas stoppée par des slogans digne d’une cour de récréation.

Et que fera Olaf Scholz ? Est-ce qu’il maintiendra sa position ? Est-ce qu’il craquera sous la pression de Paris, de Londres et de ses propres partenaires politiques ? Cette guerre en Ukraine, il faudra tout mettre en œuvre pour trouver des voies vers un rapprochement diplomatique. Pour ce faire, il faudra probablement suspendre les versements de sommes pharaoniques à la Russie et à l’Ukraine, jusqu’à ce que tout le monde se retrouve autour d’une table, pourquoi pas en Turquie qui a déjà organisé des négociations entre l’Ukraine et la Russie en Mars 2022. Mais cette guerre doit être stoppée et non pas étendue !

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